Même pour un touriste ordinaire, l’idée de faire un aller-retour éclair Canada-Japon en une semaine est difficilement envisageable. Les longs vols, le décalage et la fatigue ne valent probablement pas même le meilleur bol de ramens au monde. Alors, imaginez disputer des matchs de soccer professionnel de haut niveau avec tout ça.

C’est dans ce contexte que Samuel Piette et Mathieu Choinière doivent organiser leur préparation pour le match le plus important de la saison du CF Montréal, samedi prochain.

Les deux Québécois sont revenus dimanche de leur périple nippon avec l’équipe canadienne. Ils ont disputé un match amical au nord de Tokyo contre les Samouraïs bleus, l’équipe de l’heure dans le soccer international, vendredi. Puis, mardi, avec le décalage de 13 heures encore dans le corps, ils étaient de retour à l’entraînement du CFM.

Avec un sommeil perturbé, dans le cas de Piette. Mardi midi, après l’entraînement des siens, il a expliqué s’être réveillé à 4 h 30 du matin lundi, puis à 3 h 30 le lendemain. Mais le capitaine estime que lui et Choinière ont « encore du temps » pour se remettre d’ici samedi.

« Normalement, on dit qu’on rattrape une heure de décalage par jour. Nous, c’est 13 heures. J’espère que ça ne sera pas 13 jours, parce que le match s’en vient, quand même !

« Moi, j’ai joué une heure [contre le Japon], Mathieu a joué 30 minutes. Ce n’est pas la fatigue du match en soi, c’est beaucoup plus le voyagement, etc. On va tout faire pour être en forme. Il y a aussi l’adrénaline qui va embarquer, les émotions. »

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Mathieu Choinière

« Un truc assez bizarre »

Ce sera quelque chose comme un grand match, samedi soir, à Columbus. Montréal affrontera le Crew de Wilfried Nancy lors du dernier match de la saison de la MLS, et il y jouera sa participation aux éliminatoires.

Le dernier match du CFM lui avait redonné de l’élan en cette fin de calendrier. La victoire de 4-1 contre Portland au stade Saputo était sa première en huit matchs. Ensuite, la pause internationale est venue mettre un frein à ce regain d’énergie.

Même un gars comme Nathan Saliba, qui est resté à Montréal avec l’équipe, est d’avis que c’est « un truc assez bizarre ».

« Tu prends un rythme, surtout après un match que tu gagnes 4-1, souligne le jeune milieu de terrain québécois. Et là, ça casse un peu ce rythme. C’est là que c’est important de continuer à s’entraîner fort pour garder ce momentum, et d’arriver au match frais. »

« C’est sûr que c’est particulier », ajoute Piette, qui se réjouit quand même d’avoir ce match de haute importance à disputer, comparant la situation du CFM à un Toronto FC déjà éliminé et qui n’a plus rien à jouer samedi.

« On a cette chance-là, dit le capitaine, mais c’est à nous de rester assidus sur les plans physique et technique. »

« Ça faisait du bien d’être là »

Piette le dit ouvertement : c’était « loin d’être des conditions idéales » pour les joueurs canadiens en visite au Japon. Mais malgré le contexte et le résultat, il retient beaucoup de positif de l’expérience.

« C’était une première fois pour moi au Japon. Il y a une culture différente, les gens sont super respectueux. Au moins, on a eu la chance d’être ensemble pour la première fois depuis un petit bout. »

C’était le premier rassemblement canadien depuis la Gold Cup, en juillet dernier. Et le tout premier auquel Mauro Biello a pu participer en tant qu’entraîneur-chef par intérim.

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Mauro Biello, entraîneur-chef par intérim de l’équipe canadienne

Qu’a pensé Piette du travail de Biello en terres nipponnes, lui qui se retrouve en audition pour le poste permanent de sélectionneur canadien ?

« Le camp a été très court », souligne-t-il d’emblée, expliquant qu’ils n’ont eu environ qu’une séance et demie d’entraînement avant le match.

« Je pense que Mauro a bien préparé ce match-là. Je pense que la tactique était bonne. »

Le Canada a accordé un but après 90 secondes après un cafouillage défensif, a raté un penalty, a marqué dans son propre but, et a commis une erreur en défense : c’était 3-0 après la première mi-temps. Le match s’est terminé 4-1.

« Honnêtement, [le résultat], ce n’est pas à cause de la tactique. »

J’ai l’impression que les Japonais ont mis les buts qu’on leur a donnés, et n’ont pas mis les buts qu’ils se sont créés.

Samuel Piette

Piette trouve « dommage » que Biello n’ait pas eu les 10 jours de préparation qui viennent généralement avec une trêve internationale.

« Mais son approche a été très bonne, très positive. C’est toujours un plaisir. […] Pour moi, c’était un premier retour depuis la Coupe du monde, donc ça faisait du bien d’être là.

Bon repos, qu’on lui dit, lorsque Samuel Piette quitte son rendez-vous avec les médias, ses crampons frappant le ciment à sa sortie des terrains du Centre Nutrilait.

« Vous direz ça à mon gars ! », rétorque-t-il.