Il est passé du statut de réserviste à celui de candidat au titre de joueur par excellence. La première année de Jonathan Sirois avec le CF Montréal pouvait-elle mieux se passer ?

« Moi, je suis juste heureux d’être nommé », a relativisé le gardien québécois de l’Impact, jeudi après-midi, au Centre Nutrilait. Il a des brins d’herbe au visage et le maillot taché vert gazon après une séance d’entraînement légère, plus d’une semaine avant le match décisif contre Columbus.

Le club a annoncé mercredi que Sirois, Mathieu Choinière et Kwadwo Opoku étaient les trois candidats au titre de joueur par excellence du club en 2023. Le lauréat du trophée Giuseppe-Saputo est élu par les partisans.

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Kwadwo Opoku et Romell Quioto après un but contre les Timbers de Portland

« Je crois que c’est la même chose pour tout le monde, ajoute Sirois. Je suis super content de la saison que je fais. C’est sûr que c’est gratifiant d’être reconnu à ce niveau-là. »

Mais lui-même n’est pas convaincu que ce trophée lui revienne.

« Je trouve que Mathieu le mérite énormément aussi, dit-il. Non seulement pour ce qu’il fait sur le terrain, mais aussi à l’extérieur du terrain. C’est quelqu’un qui a vraiment pris du galon en termes de leadership cette année. »

Les succès des deux joueurs sont bien documentés. Sirois s’est imposé avec assurance dans le filet après que James Pantemis fut tombé au combat lors du premier match de la saison. Au point qu’il n’a plus cédé sa place même après le retour au jeu de son compatriote. Le geôlier a battu le record de jeux blancs en une saison du CF Montréal, avec 11 fiches vierges. Sirois est aussi candidat au titre de joueur défensif de l’année du CFM.

Choinière est le meilleur marqueur de l’équipe, avec cinq buts et cinq passes décisives. C’est aussi l’homme de confiance de son entraîneur-chef Hernán Losada, qui peut l’utiliser à gauche, au centre ou à droite du milieu de terrain sans problème.

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Mathieu Choinière lors d’un match contre le Dynamo de Houston

« C’est le prolongement de moi-même », disait Losada après la victoire contre Portland, samedi dernier. Le technicien ne tarit jamais d’éloges sur son couteau suisse québécois.

« C’est un des entraîneurs sur le terrain. Il a aussi ce côté sud-américain, avec lequel il démontre beaucoup d’émotions. C’est pourquoi j’ai une si belle connexion avec lui. »

De toute façon, peu importe qui repart avec cet honneur, « je suis plus concentré sur le résultat collectif », lance Sirois.

« Dans ma tête, je suis à Montréal l’année prochaine »

En début d’année, Sirois arrivait en MLS fort de deux saisons en prêt avec le Valour FC de Winnipeg, en Première Ligue canadienne (PLC). Certaines différences entre les deux niveaux l’ont pris de court.

« Il y a des joueurs en MLS qui sont capables de faire des trucs que les joueurs de PLC ne pensent pas à faire. Dans mon rôle défensif, je dois m’attendre à un peu tout. Et parfois, surtout en début d’année, j’étais surpris par les passes, les mouvements ou les tentatives de frappes des adversaires. Il y a eu un ajustement pour moi à ce chapitre-là. »

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Jonathan Sirois lors d’un match contre Orlando en septembre dernier

Montréal est une des seules équipes du circuit à ne pas avoir de club-école en MLS Next Pro. Sa solution, c’est d’envoyer ses joueurs en prêt ou avec son équipe de réserve en Ligue1 Québec.

L’arrivée du portier de Saint-Hubert en MLS a été fracassante. Ça n’a toutefois pas été la même histoire pour le milieu Sean Rea, qui peine à se tailler une place avec l’équipe première après avoir lui aussi porté les couleurs du Valour en 2021 et 2022. Que pense Sirois du processus de développement des jeunes joueurs du CFM ?

« C’est vrai que Sean n’a peut-être pas eu nécessairement de temps de jeu, mais je crois que le processus est bon, affirme Sirois. Sean a énormément progressé quand même en PLC, et on l’a vu aussi au début de l’année. »

Être envoyé une ou deux années en PLC, avoir du temps de jeu là-bas, gagner de l’expérience, jouer avec des hommes, moi, je vois ça d’une façon très positive. Surtout par rapport à mon expérience personnelle.

Jonathan Sirois

Jonathan Sirois a beau avoir connu une excellente première saison ici, il ne se voit pas faire un Ismaël Koné ou un Alistair Johnston de lui-même en quittant le club vers d’autres cieux après un an.

« Moi, dans ma tête, je suis à Montréal l’année prochaine, affirme-t-il. Je vois l’an prochain comme une année de confirmation. »

« Je suis extrêmement motivé pour l’entre-saison, ajoute-t-il avec verve. Je sais que j’ai beaucoup de trucs à améliorer. Je suis vraiment excité de travailler sur ça. »

On présume qu’il ne détesterait pas repousser ce moment de quelques semaines, le temps d’avoir un parcours intéressant en éliminatoires.

Un jeune partisan récompensé pour son dévouement

Il pleuvait à boire debout, samedi dernier, au stade Saputo. Il faisait froid, aussi. Mais un jeune partisan a bravé cette météo inhospitalière en assistant à la période d’échauffement et aux 90 minutes de jeu avec une pancarte encourageant le gardien Jonathan Sirois. Ce dernier a voulu le remercier en allant chercher une paire de gants du vestiaire au terme de la rencontre, mais lorsqu’il en est ressorti, le garçon n’était plus là. Sirois a fait appel à la communauté des partisans du CFM sur X, et est finalement parvenu à entrer en contact avec son papa et à discuter virtuellement avec le jeune partisan en question.

« La communauté en ligne a fait son travail, et moi j’étais vraiment content. Ça m’a beaucoup touché de voir tout le monde essayer de m’aider pour le joindre. »

« J’ai pu parler avec le petit garçon, on s’est échangé quelques messages vocaux. J’ai réussi à lui envoyer les gants par la poste. […] Il était super touché. Il m’a dit en blaguant qu’il essayait de convaincre son père d’acheter des [abonnements] ! C’était vraiment cute. »