(Sydney et Brisbane) L’Angleterre, championne d’Europe en titre, a rejoint l’Australie en demi-finale du Mondial féminin, après son succès étriqué contre la Colombie (2-1), l’invitée surprise des quarts, samedi à Sydney.

La quatrième nation mondiale au classement FIFA atteint le carré d’as pour la troisième fois de suite. Mais jusque-là, elle n’a toujours pas joué de finale.

L’équipe entraînée par Sarina Wiegman semble meilleure, sur le papier, que les Australiennes, coorganisatrices du tournoi, qui ont éliminé la France aux tirs au but (0-0 ap, 7-6 t. a. b.) plus tôt dans la journée, à Brisbane.

Affronter les Matildas chez elles, à Sydney, mercredi prochain, « c’est excitant, que voulez-vous de plus ? », a réagi la buteuse anglaise Alessia Russo.

« Je suis très contente, nous continuons à rêver », a-t-elle poursuivi.

Mais face au Nigeria (0-0 ap, 4-2 t. a. b.), en huitièmes, comme face aux Colombiennes, deux adversaires supposément moins fortes, les Lionnes ont souffert pour se qualifier.

Les Anglaises ont été menées au score pour la première fois de la compétition, à la suite du but de Leicy Santos (44e).

Privées de leur attaquante vedette Lauren James, suspendue, elles ont été réalistes à défaut d’être brillantes, en profitant de deux grossières erreurs adverses pour marquer, grâce à Lauren Hemp (45e + 7) et Russo (63e).

PHOTO CARL RECINE, REUTERS

Lauren Hemp

« C’était un défi très difficile, on ne s’attendait pas à autre chose », a expliqué l’entraîneuse néerlandaise des Lionnes, Wiegman.

« Je suis très fière de l’équipe en deuxième période. Nous avons pu marquer et gagner les derniers duels », a-t-elle assuré.

Les Cafeteras, éliminées, ont réussi leur tournoi où, pour la première fois de leur histoire, elles ont disputé la phase à élimination directe.

La 25nation mondiale a marqué les esprits en battant l’Allemagne (2-1) dans son groupe, avec le soutien d’une vague impressionnante de supporters qui ont assuré le spectacle dans les tribunes.

Erreur de Perez

Face à l’Angleterre, les joueuses de Nelson Abadía se sont longtemps accrochées à leur rêve, en restant fidèles à leur style offensif décomplexé, porté par le talent de Mayra Ramírez et Linda Caicedo, deux révélations du Mondial.

La sortie sur blessure de l’expérimentée défenseure Carolina Arias (10e) n’a pas déstabilisé les Colombiennes, qui ont fait jeu égal avec les championnes d’Europe.

Santos a récompensé leurs efforts d’un but un peu inattendu : son centre/tir a lobé la gardienne Mary Earps, surprise par la trajectoire de la frappe.

PHOTO MARK BAKER, ASSOCIATED PRESS

Leicy Santos a déjoué Mary Earps à l’aide d’un lob.

Le moment de l’ouverture du score, juste avant la mi-temps, était parfait pour la Colombie, mais une erreur de main de la portière Catalina Pérez a relancé la partie.

Gênée par une coéquipière, elle a laissé échapper un ballon dont a profité Hemp pour égaliser, en renarde des surfaces.

La gardienne colombienne a vécu une mauvaise soirée jusqu’au bout, avec une blessure qui l’a contrainte à être remplacée à la 67minute.

PHOTO JAIMI JOY, REUTERS

Alessia Russo (23) marque le deuxième but de son équipe.

La seconde période a démarré sur le même faux rythme dans lequel les Lionnes, à court d’idées, s’enlisaient jusqu’à l’erreur de marquage de Daniela Arias, qui a laissé filer Russo dans son dos.

La nouvelle joueuse d’Arsenal a transformé l’opportunité d’une belle frappe croisée, qui a remis l’Angleterre sur la voie royale.

La défense anglaise, l’une des meilleures de la compétition, a terminé le travail, non sans quelques frayeurs, sur une frappe de Lorena Bedoya (71e) notamment.

L’Australie élimine la France aux tirs au but

L’équipe de France féminine, laborieuse d’abord et tenace ensuite, a été éliminée samedi du Mondial au bout d’une interminable séance de tirs au but contre l’Australie (0-0, 7 t. a. b. à 6), poussée par son public à Brisbane, et voyant l’objectif du carré d’as une nouvelle fois s’envoler.

À l’inverse, les Australiennes ont d’ores et déjà réussi leur Coupe du monde à la maison en se hissant pour la première fois de leur histoire en demi-finales.

PHOTO FRANCK FIFE, AGENCE FRANCE-PRESSE

Les Australiennes célèbrent leur victoire après la séance de tirs au but.

La révolution entamée au printemps par le charismatique entraîneur des Bleues Hervé Renard, venu prendre les rênes d’une équipe féminine contre toute attente et pour la première fois de sa carrière, n’a pas eu l’issue espérée.

Le mental des Françaises, axe de travail et d’amélioration principal de Renard, n’a pas tenu au bout de la prolongation, malgré des occasions franches (107e, 110e, 120e) et d’une séance de tirs au but interminable allant jusqu’à la dixième tentative.

Selma Bacha, la nouvelle entrante Ève Périsset, Kenza Dali et la jeune Vicki Becho ont manqué leur tir, contrairement à Wendie Renard, Eugénie Le Sommer, Grace Geyoro, Sakina Karchaoui et Maëlle Lakrar. Les deux arrêts de la gardienne Solène Durand et la tentative ratée de la gardienne Mackenzie Arnold ont été vains.

Durand préférée pour les tirs au but

La mission de la demi-finale, 12 ans après celle de 2011 au Canada, n’a donc pas été accomplie par l’ancien sélectionneur de l’Arabie saoudite, qui a sorti du chapeau la gardienne remplaçante Solène Durand, en fin de prolongation, plus experte pour les tirs au but que son homologue Pauline Peyraud-Magnin. Et cela a failli payer.

PHOTO DAN PELED, REUTERS

La gardienne Solène Durand est consolée par sa coéquipière Pauline Peyraud-Magnin après la défaite.

Le choc attendu de ce quart de finale, le quatrième pour les deux nations dans un Mondial, n’a pas été tout le temps au rendez-vous, surtout en première mi-temps, où les Australiennes ont semblé tétanisées par l’évènement. Elles se sont réveillées tardivement.

Les Bleues, au-dessus techniquement, n’ont pas su en profiter, notamment la jeune Maëlle Lakrar, en dedans physiquement en raison de sa gêne à une cuisse, qui a raté l’immanquable, seule devant le but (12e), puis a buté sur la gardienne Arnold (32e). Juste avant, Kadidiatou Diani, accrochée par une défenseuse australienne, avait trop croisé sa frappe (8e).

Après avoir largement dominé, les Bleues se sont fait peur, notamment après une erreur entre la gardienne Peyraud-Magnin et Karchaoui (41e), mais Elisa De Almeida, préférée à Ève Périsset, a sauvé sur la ligne.

La défenseuse parisienne a fait une prestation complète et a sauvé à plusieurs reprises les siennes, alors qu’elle ne semblait pas forcément au niveau depuis le début du Mondial.

Le début de la seconde période a été tout aussi compliqué pour les Bleues, parfois brouillon.

À peine entrée en jeu (53e), l’icône australienne Sam Kerr a fait la différence sur Maëlle Lakrar, servant Halyley Raso qui a tenté une frappe pure sauvée par la gardienne française (56e), qui était de nouveau sur la trajectoire (60e).

PHOTO TERTIUS PICKARD, ASSOCIATED PRESS

Sam Kerr

Le duo Le Sommer-Diani a été moins en vue que contre le Maroc ou le Brésil, notamment Diani, discrète et lente dans les démarrages de ses appels.

Quatre ans après la désillusion du Mondial à domicile, avec une défaite en quart de finale contre les Américaines (2-1), et 12 mois avant une future grand-messe du soccer féminin dans l’Hexagone avec les Jeux olympiques de Paris, les Bleues ont de nouveau flanché face à la pression et face à leur destin.

Revivre le goût amer d’une élimination doit faire mal à la tête des deux cadres, Le Sommer comme à la capitaine Wendie Renard, qui s’étaient mises en retrait au printemps pour obtenir des changements dans l’encadrement et ont sûrement disputé leur dernière Coupe du monde.