(Wellington) Les Philippines ont inscrit leur premier but, à leur premier match, ce qui leur a permis de signer la première victoire de leur histoire en Coupe du monde de soccer féminin, au compte de 1-0 mardi, après avoir repoussé les attaques répétées du pays hôte, la Nouvelle-Zélande.

Les Néo-Zélandaises avaient pourtant célébré leur première victoire en six participations à la Coupe du monde de soccer féminin, cinq jours plus tôt.

« Je ne peux retenir mes larmes de joie ; c’est un moment si touchant, a dit l’entraîneur des Philippines Alen Stajcic. Regardez combien de temps ç’a pris à la Nouvelle-Zélande pour obtenir sa première victoire — six Coupes du monde —, et nous [les Philippines] avons accompli cet exploit aujourd’hui. C’est incroyable.

« Nous avons créé notre propre chance, mais nous avons aussi joué de chance. La Nouvelle-Zélande a montré les dents pendant toute la partie et méritait un meilleur sort. Mais le soccer est un sport cruel, parfois », a-t-il renchéri.

Sarina Bolden a inscrit le filet historique à la 24e minute de jeu, et la gardienne de but Olivia McDaniel — l’une des 18 joueuses qui sont nées ou qui sont installées aux États-Unis et qui représentent les Philippines — a offert une performance magistrale afin de museler l’attaque néo-zélandaise.

« Je vais me souvenir de ce moment pour le reste de ma vie, s’est exclamée Bolden après la rencontre. Je suis tellement fière de faire partie de cette aventure. »

Pour la Nouvelle-Zélande, l’un des deux pays hôtes du tournoi — l’autre étant l’Australie —, qui est également un pays passionné par le rugby, l’hystérie engendrée par la courte victoire de 1-0 signée contre la Norvège en lever de rideau du tournoi s’est transformée rapidement en douche froide.

Une victoire contre les Philippines aurait permis à la Nouvelle-Zélande d’être le premier des 32 pays inscrits à cette compétition à obtenir son laissez-passer pour la phase éliminatoire.

Mais après le filet de Bolden, la Nouvelle-Zélande n’est jamais parvenue à riposter. Jusque-là, elle affichait un taux de possession du ballon de l’ordre de 80 %, sauf que Bolden, qui est née à Santa Clara, en Californie, a touché la cible sur le premier tir cadré du match des Philippines.

La Nouvelle-Zélande a conclu la rencontre avec un taux de possession du ballon de 67 %, et elle a dominé 14-3 au chapitre des tirs cadrés, sans jamais pouvoir trouver le fond du filet.

Quand le sifflet final s’est fait entendre après cinq minutes de temps ajouté, une période au cours de laquelle McDaniel a effectué deux arrêts époustouflants, la joie et l’allégresse se sont emparées des Philippines. Leurs partisans étaient nombreux — la Nouvelle-Zélande compte une imposante communauté philippine —, mais à l’exception du filet de Bolden, ils se sont bien gardés de festoyer dans les gradins afin d’éviter d’attirer le mauvais œil.

« Je viens de réaliser que les Philippins sont un peu partout sur la planète, a mentionné Bolden. Je crois que nous représentons bien la diaspora philippine, et donc d’être en mesure de pouvoir rassembler tout le monde, et de les unir derrière un objectif commun, c’est formidable. »

Ces partisans ont dû assister à la deuxième demie assis au bout de leur banc, alors que la Nouvelle-Zélande poussait en appliquant constamment de la pression sur la défensive adverse. McDaniel a d’ailleurs été criblée de ballons, sans jamais céder. En fin de compte, les cris de joie ont retenti dans la nuit fraîche du stade Wellington Sky, situé dans la capitale néo-zélandaise.

Les Néo-Zélandais, si optimistes après la victoire de leurs favorites contre la Norvège, ont brièvement été ébranlés, mais ils ont tout de même pris le temps de les applaudir après la défaite. Celle-ci n’est pas fatale pour le pays hôte. La Suisse et la Norvège ont fait match nul de 0-0 en fin de programme mardi à Hamilton, ce qui signifie que les quatre équipes du groupe A peuvent encore espérer accéder au prochain tour de la compétition.

« Nous avons dominé la rencontre ce soir ; nous étions en contrôle du ballon, a souligné l’entraîneuse néo-zélandaise Jitka Klimkova. Mais nous avons commis trop de revirements. Nous n’en avions pas commis autant contre la Norvège.

« Il faudra être mieux préparées à affronter la Suisse. Le tournoi n’est pas terminé — il faut qu’on se batte », a-t-elle ajouté.

La Suisse domine avec quatre points, suivie de la Nouvelle-Zélande et des Philippines à trois points, et de la Norvège, à un.

La Nouvelle-Zélande aura rendez-vous avec la Suisse, tandis que les Philippines affronteront la Norvège dimanche.

« C’est excitant, et d’être en première place après deux matchs, c’est bien. Mais il faut qu’on se prépare à affronter la Nouvelle-Zélande. Nous convoitons la victoire, mais ça ne sera de toute évidence pas facile », a conclu l’attaquante suisse Ramona Bachmann.

Caicedo n’a pas dit son dernier mot

Le sourire de Linda Caicedo après le sifflet final voulait tout dire. Non seulement elle participe à la Coupe du monde, mais elle a marqué un but et procuré la victoire aux siennes.

PHOTO FRANCK FIFE, AGENCE FRANCE-PRESSE

Linda Caicedo (18)

Après avoir vaincu le cancer, la joueuse étoile du Real Madrid âgée de seulement 18 ans a inscrit son premier but dans la plus prestigieuse compétition internationale de soccer féminin, alors que la Colombie se dirigeait vers une victoire de 2-0 contre la Corée du Sud mardi.

« Je le répète toujours : je suis jeune, extrêmement jeune, en fait, a évoqué Caicedo. C’est ma première Coupe du monde avec l’équipe nationale senior, donc je dois profiter du moment. Je sais que je suis jeune, que j’ai encore beaucoup de choses à apprendre, de l’expérience à acquérir. »

Caicedo affiche beaucoup de maturité, tant dans son discours que dans son jeu. Pour une jeune femme, elle a déjà vécu de nombreuses expériences personnelles et professionnelles.

En tant que jeune prodige, elle s’est jointe à l’équipe senior dès l’âge de 14 ans. À 15 ans, elle a reçu un diagnostic de cancer des ovaires.

Aujourd’hui, elle est à la Coupe du monde, et sa plus récente performance a rappelé à tous qu’elle fait partie des plus beaux espoirs du soccer féminin.

« J’essaie juste de profiter du moment, a-t-elle dit, en tentant d’éviter de perdre sa concentration et ses objectifs de vue. Une joueuse de soccer doit rester concentrée. »

C’étaient les deux derniers pays à faire leur entrée en scène à la Coupe du monde, et il s’agissait également du 300e match de l’histoire de la compétition.

Cette victoire pourrait être déterminante pour la Colombie si elle souhaite atteindre les huitièmes de finale, surtout après la victoire écrasante de 6-0 de l’Allemagne contre le Maroc dans le groupe H lundi.