Quand Hernán Losada a pris la tête du D.C. United, il a lancé une citation spectaculaire : « Je préfère gagner 5-4 que 1-0. » À son arrivée à la barre du CF Montréal, il a tenu le même discours, affirmant vouloir insuffler une dose de verticalité et conserver une identité de jeu offensive.

Alors que s’est-il passé quand ses troupes ont croisé le fer avec son ancien club ? Le CF Montréal a été blanchi pour la sixième fois en sept rencontres dans un match décousu et soporifique. Il a ultimement plié l’échine 1-0 samedi soir lors de sa rentrée au stade Saputo.

En 542 minutes de jeu à 11 contre 11 cette saison – l’équivalent de près de trois visionnements du second film de la série Avatar –, Montréal a marqué un seul but. Et c’était un penalty.

Ce qui a le plus galvanisé la foule lors du duel contre les hommes de Wayne Rooney a été la chute de Chinonso Offor dans la surface des visiteurs qui aurait pu mener à un penalty. Les quelques moments de folie du nouveau venu, Bryce Duke, ont aussi soulevé les passions.

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Chute de Chinonso Offor dans la surface des visiteurs

S’il y a une solution à l’interne, Losada n’est pas tout à fait certain de la connaître : « On va essayer de nouvelles combinaisons avec les nouveaux joueurs. Le retour de Romell [Quioto] aidera aussi. On sait qu’il est très important pour cette équipe. Quand il n’est pas là, ça paraît beaucoup. »

Sur ce point précis, le pilote dit vrai. Il a titularisé pratiquement chaque joueur possible dans l’effectif sans arriver au moindre résultat. Il a notamment donné la chance à Ahmed Hamdi contre la troupe de Washington, mais sans succès.

Toutefois, le problème ne tient pas à la malchance. Offor l’a dit lui-même après la rencontre : l’équipe doit simplement « se créer plus d’occasions ».

C’est le point le plus inquiétant chez cette équipe. Elle n’arrive à créer que peu d’occasions pour ses attaquants et le danger ne se rend jamais dans la surface des rivaux. Même l’aspect défensif n’est pas encore au point. Rooney s’est permis d’écorcher la structure des Montréalais après le duel.

On savait que si on réussissait deux ou trois passes, ça allait être ouvert devant. On aurait dû marquer plus de buts sur la transition.

Wayne Rooney, entraîneur-chef du D.C. United

Donc une offensive en panne sèche et une défensive qui peine à tenir le coup. Peu d’apprentissages dans un tel match. Le seul point positif de la rencontre, c’est que le CFM est « resté combatif », selon Losada.

Le tifo du groupe d’ultras Collectif Impact Montréal demandait plus de joueurs prêts à mouiller le maillot. Ç’a partiellement été le cas. Du moins, l’équipe a déployé un effort honnête, ce qu’elle n’avait pas fait à son revers précédent contre le Revolution de la Nouvelle-Angleterre.

Le moment de se (re)trouver

Tous les ingrédients étaient réunis au stade Saputo pour aider le onze montréalais à renverser la vapeur. Sous une météo parfaite, un stade bien rempli et le soutien sans répit du Collectif Impact Montréal, le CFM est tombé à plat. De nouveau.

Le CFM s’enlise lentement dans les bas-fonds du classement et a ainsi concédé trois points à une équipe qui n’avait remporté qu’une seule de ses 13 dernières parties sur la route avant son duel de samedi soir. Après sept matchs, le bilan n’est assurément pas positif.

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Joel Waterman du CF Montréal

On a du temps, on a du temps, mais on doit commencer à gagner immédiatement.

Joel Waterman, défenseur du CFM

De longs ballons en profondeur, un Offor isolé et dépassé ont résumé la tactique des Montréalais contre l’une des pires formations du circuit en première mi-temps. Il y a eu quelques instants plus encourageants en deuxième mi-temps, mais le manque de cohésion a été visible. Un constat que partage le défenseur central Joel Waterman.

« Nous ne sommes pas encore un tout. Nous avons un nouveau coach et de nouveaux joueurs. Ça prend du temps. C’est frustrant, mais ça prend quelques matchs pour être sur la même longueur d’onde », a-t-il noté.

Le retour des vestiaires, une période névralgique

À ses quatre dernières rencontres, le CFM a encaissé un but lors des cinq premières minutes après le retour des vestiaires. Une situation « inacceptable », selon Waterman. Le pilote a expliqué pourquoi le but accordé, 15 secondes après le début de la deuxième demie, l’avait particulièrement irrité.

On a regardé les images avant le match et on savait que D.C. avait un seul point fort : c’était les longs ballons vers Benteke. Je suis déçu, car ce sont des choses qu’on prépare pendant la semaine. Puis lors des matchs, on ne les exécute pas.

Hernán Losada, entraîneur-chef du CFM

Aaron Herrera a aussi mentionné après la défaite contre le Revolution que l’équipe avait de la difficulté à reproduire ce qu’elle fait à l’entraînement lors des situations de match. Être sur la même longueur d’onde devra être la priorité du CFM dans les prochains jours.

Étant données les blessures et la qualité de l’effectif, tout doit être réglé au quart de tour si le club souhaite éviter de répéter le fiasco de la saison 2014. Mine de rien, son duel de mardi contre Vaughan en Championnat canadien, qui s’annonçait comme une formalité, devient essentiel pour retrouver un brin de confiance.