Une conversation peut changer une vie. Et cette vie, en retour, peut en revenir à cette conversation.

L’histoire de Gildas Messan Awuye en est le parfait exemple. Lorsque l’entrepreneur montréalais était jeune, à Ottawa, il souhaitait s’inscrire à un club de soccer amateur. Mais ses parents n’en avaient pas les moyens.

« Ne t’en fais pas », lui dit l’entraîneur des Internationals d’Ottawa, Micheal Merette.

« On va s’arranger. » Ces mots, simples et bienveillants, ont permis à Gildas Awuye d’entamer son parcours dans le soccer.

Et d’y trouver une communauté. Awuye n’a pas joué à un haut niveau, mais là n’a jamais été l’objectif.

« Ce que le foot m’a apporté, en termes de communauté, il n’y a pas de mots pour le décrire », souligne le Montréalais en entrevue virtuelle avec La Presse, à la fin de novembre.

Aujourd’hui, ce créatif photographe veut redonner. Il a lancé fin novembre le livre Football Saved My Life (FSML), un recueil de photos au style épuré, moderne, racontant son parcours avec le club amateur indépendant Ringleaders FC, établi à Montréal. Un don de 16 % sur chaque achat effectué sera remis à des organisations qui facilitent l’accès au soccer de compétition pour les jeunes.

Pourquoi 16 % ?

« Mon premier club de cœur, c’est les Ottawa Internationals, raconte-t-il. C’est lui qui m’a ouvert les yeux pour tout le reste. J’ai encore mon chandail. Et le 16 a été mon premier numéro. Au début, je voulais donner 15 %, mais là, il y a un numéro symbolique. Ça finit la trame narrative. Toutes les expériences que j’ai vécues, c’est grâce à ça. »

PHOTO FOURNIE PAR GILDAS MESSAN AWUYE

Le jeune Gildas Awuye avec les Internationals d’Ottawa, et son fameux numéro 16

Boucler la boucle, en quelque sorte. Mais en entamant un nouveau chapitre. Football Saved My Life (FSML) n’est pour l’instant qu’un livre de 300 pages joliment conçues. « Le projet 001 », explique-t-il. La version de collection est vendue avec un petit appareil photo à usage unique, pour encourager l’acheteur à écrire sa propre histoire avec le soccer, comme lui l’a fait, à travers la photographie. Mais le projet ne s’arrête pas là.

Un chandail FSML a récemment été mis en vente. Il prépare une galerie d’art issue du même concept, prévue pour le mois de janvier. Et pense déjà aux prochaines itérations de sa création. Toutes dans l’optique de redonner, avec ce 16 % accolé à chacune.

« Ça a changé ma vie »

Gildas Awuye a émigré du Togo au Canada à l’âge de 4 ans, en 1998. Son père avait été affecté à l’ambassade du Togo à Ottawa. Huit ans plus tard, ils déménageaient à Montréal.

« Un jour, je jouais devant la maison [à Ottawa], raconte-t-il. Et un groupe de jeunes commence à arriver, avec des uniformes. Ça avait l’air sérieux. »

On lui permet de s’entraîner avec eux. L’entraîneur le remarque. La suite des choses a été racontée au début de cet article.

Depuis ce moment, j’ai su qu’il y avait une opportunité pour moi de jouer au soccer, même si je n’avais pas tout le temps l’argent. […] Et ça, ça a changé ma vie.

Gildas Awuye

C’est pourquoi il veut aujourd’hui s’assurer de l’accessibilité du football, peu importe le milieu socio-économique.

« C’est vraiment important pour moi de donner cette chance de rêver. Oubliez l’argent, ayez simplement le plaisir de jouer. Si tu veux aller à un plus haut niveau, on va essayer de t’accompagner. Mais si tu as juste besoin d’une échappatoire, tant mieux. »

Le mystère des Ringleaders

L’échappatoire de Gildas Awuye, dans sa vie adulte, a été les Ringleaders. Comme le livre a été conçu en collaboration avec ce club, prenons un moment pour tenter de démystifier cette entité. Les Ringleaders, Gildas, c’est quoi ?

« C’est compliqué, parce que c’est un club quand même mystérieux. En quelques mots, je dirais que c’est un club de foot amateur, basé à Montréal. C’est aussi une marque qui fait des projets, des sorties. C’est vraiment juste une communauté d’artistes et de créatifs. Du monde qui veut rêver, qui se met ensemble pour créer toutes sortes d’affaires. »

PHOTO FOURNIE PAR GILDAS MESSAN AMUYE

Le chandail Football Saved My Life est aussi en vente. Tout comme pour le livre, un don de 16 % de l’achat sera remis à des organisations qui facilitent l’accès au soccer de compétition pour les jeunes.

Au chapitre sportif, le club évolue en Québec Super League (QSL), un circuit de soccer récréatif qui dispute la plupart de ses matchs au Soccerplexe Catalogna, à Lachine. Il compte quatre formations : une équipe féminine et trois masculines.

« Tu ne peux pas vraiment t’inscrire aux Ringleaders, explique-t-il. Tu dois être invité aux Ringleaders. […] Tu vas jouer pickup à quelques reprises, et si ça clique avec tout le monde, tu vas recevoir une invitation pour jouer compétitif. Apparemment, il y a 120 membres actifs dans l’équipe présentement, ce qui est quand même vraiment impressionnant. »

L’attitude est la clé du succès. « Même si on se fait planter 10-0, tout le monde est supposé sourire, s’embrasser, et c’est tout. […] On a juste besoin d’une place pour se sentir bien. Tu peux être le meilleur joueur au monde, mais quand tu viens, tu dois être humble. »

Gildas Awuye fait partie des Ringleaders depuis huit ans et a été le premier surpris de constater le nombre de photos qu’il a amassées depuis ses débuts.

« Les Ringleaders m’ont ramené l’amour du football. Et c’est ça qui a sauvé ma vie, entre guillemets. Parce que je vivais des moments difficiles, et la communauté m’a permis de passer au travers. »

Football Saved My Life

Football Saved My Life

https://footballsavedmylife.co/

300 pages, 109 $