(Doha) France-Argentine ! Mbappé-Messi ! L’affiche finale de ce Mondial-2022 dimanche à Doha est pleine de promesses, avec les Bleus qui se sont qualifiés dans la douleur face au Maroc (2-0) mercredi au stade al-Bayt à al-Khor.

Les Bleus de Didier Deschamps, qui semblent touchés par un syndrome viral ayant mis plusieurs des leurs sur le flanc ces derniers jours, peuvent entrer un peu plus dans l’histoire : seules deux nations ont jusqu’à présent réussi à conserver leur couronne, le Brésil de Pelé (1958 et 1962) et l’Italie à l’époque fasciste (1934 et 1938), à une époque où seules seize équipes prenaient part au tournoi.  

« L’envolée finale » titre le quotidien L’Équipe, illustré par la reprise acrobatique de Théo Hernandez sur l’ouverture du score, « Un vrai bonheur », exulte Les Dernières Nouvelles d’Alsace alors que Le Parisien insiste sur cette deuxième finale consécutive avec un « On y est encore ! » et une photo d’Antoine Griezmann et de Kylian Mbappé enlacés après la rencontre.

« C’est incroyable de jouer deux finales de la Coupe du monde à la suite », s’est réjoui sur TF1 Hernandez.

« Il y a eu un mélange de qualité, d’expérience, un état d’esprit de conquérant, même dans les périodes difficiles », s’est félicité le sélectionneur Didier Deschamps.

Malgré la défaite, les Marocains sont aussi entrés dans l’histoire : aucune nation africaine n’était jamais entrée en demi-finale, le Cameroun, le Sénégal et le Ghana ayant échoué in extremis en quarts.  

« Je pense qu’on les a fait douter par moments et déjà, pour nous, c’est extraordinaire », soulignait après le match le sélectionneur des Lions de l’Atlas, Walid Regragui. « Il faudra qu’on soit régulier pour montrer que ce n’était pas un accident. »

Encouragés par leurs supporters, nettement majoritaires au stade Al-Bayt, ses joueurs auraient pu espérer mieux.  

Même s’ils ont été très vite menés au score sur le but d’Hernandez (5e), ils ont ensuite souvent dominé, notamment en seconde période, face à une équipe de France qui a semblé usée physiquement alors que des questions se font jour sur la maladie qui touche ces derniers jours certains membres du groupe.

Les Bleus se présentaient privés de deux titulaires, malades : le milieu Adrien Rabiot, resté à l’hôtel, et le défenseur Dayot Upamecano, remplaçant.

Sous les yeux de leur président Emmanuel Macron, les champions du monde en titre se sont mis à l’abri sur un but de Randal Kolo Muani, moins d’une minute après son entrée en jeu (79e).

Supporters sur les Champs-Élysées

Sur les Champs-Élysées à Paris, à Bordeaux, à Lyon ou encore à Marseille, la qualification des Bleus a été célébrée par des milliers de supporters dans une ambiance largement bon enfant avec quelques débordements

« On est en finale, on est en finale », chantaient des centaines de supporters qui s’étaient réunis spontanément malgré le froid sur la célèbre avenue parisienne, pendant que les voitures faisaient retentir leur klaxon.

Au total, 115 interpellations ont eu lieu dans l’agglomération parisienne, dont 101 à Paris, a indiqué dans la nuit la préfecture de police.

PHOTO LEWIS JOLY, ASSOCIATED PRESS

Un groupe de 40 personnes proches de l’ultradroite, qui s’apprêtaient à rejoindre les Champs-Élysées, a également été interpellé, notamment pour port d’armes prohibées.

À Bordeaux, la place de la Victoire s’est noircie de monde dès le coup de sifflet final, avec son cortège de feux d’artifice, et des fumigènes sur cette place entourée de bars qui débordaient de monde.

« On est content pour la France », a assuré Hossam Boutalah, un étudiant de 20 ans, drapeau marocain sur le dos. « On est des frères après tout, on est ensemble. C’est notre deuxième pays. Le Maroc a bien joué et aurait mérité de mettre un but. »

Rabat, la capitale marocaine balayée par des trombes d’eau, n’a pas connu les explosions de joie qui avaient fêté les précédents exploits de la sélection, mais son parcours fantastique au Qatar a été néanmoins salué par des salves de klaxons et des rassemblements festifs au son des tambours.

Sommet Messi-Mbappé

Sur les 64 matchs de ce Mondial très controversé, ouvert sur fond de critiques occidentales sur le respect des droits humains dans le petit émirat gazier, il n’en reste donc que deux à jouer.  

Il y aura d’abord la petite finale samedi entre le Maroc et la Croatie, répétition de la rencontre de phase de groupes (0-0 le 23 novembre).

Mais le grand match, ce sera pour dimanche avec le face-à-face entre deux équipes qui apparaissaient comme des favorites naturelles, et entre deux vedettes du jeu, coéquipiers au Paris SG.  

D’un côté, Lionel Messi, septuple Ballon d’Or, dont une grande partie de la planète rêve qu’il inscrive à son palmarès le plus beau des titres.  

De l’autre, Kylian Mbappé, qui confirme son statut de phénomène, avec ses cinq buts dans le tournoi (neuf en tout avec les quatre inscrits en 2018), et peut devenir le premier joueur double champion du monde avant ses 24 ans, depuis… le roi Pelé.  

Argentine-France, c’est aussi le souvenir de ce qui fut sans doute, avec Brésil-Belgique, le plus grand match du Mondial-2018, en huitième de finale, soldé par une victoire 4-3 des Bleus.