L’enjeu était total pour l’Allemagne. Le choc face à l’Espagne, prometteur. Et la pression sur ses épaules, suffocante. Mais la Mannschaft est parvenue à se redonner des ailes dans cette Coupe du monde en accrochant la Roja, 1-1, dimanche.

Les deux buts sont survenus en deuxième mi-temps. Álvaro Morata a ajouté un deuxième filet à son compteur à la 62e minute, puis Niclas Füllkrug a égalisé la marque à la 83e.

« C’est énorme, ce que l’équipe a fait, s’est réjoui le sélectionneur allemand Hansi Flick. Je suis fier. Ce sont des guerriers sur le terrain, ils jouent avec leur cœur. »

Luis Henrique, son homologue espagnol, a parlé d’un « sentiment bizarre ».

« On avait la possibilité de battre l’Allemagne pour ouvrir la voie à une qualification, et ça rend ce moment triste… […] C’est comme une petite déception, mais si on est honnête, on aurait aussi pu perdre ce match. Le résultat est juste. »

Ainsi, les deux équipes, des puissances historiques en quête d’un nouvel élan, se sont livré un des beaux affrontements de ce tournoi jusqu’à présent. Les vagues offensives ont été nombreuses, partagées. L’Espagne a dominé la possession, certes. Mais l’Allemagne a été très efficace en contre-attaque.

Il le fallait, parce qu’après sa défaite face au Japon dans la première journée, les Allemands n’avaient pas droit à l’erreur. Une défaite rendait très compliquée leur sortie du groupe. L’Espagne, quant à elle, bombait le torse après son gain de 7-0 face au Costa Rica.

Mais dimanche était un autre jour, un autre match. L’Espagne a contrôlé le jeu, tapant tranquillement du ballon pour endormir son adversaire. Surtout en première mi-temps. La statistique est frappante : la Roja a complété 637 passes, contre 345 pour les hommes de Flick. La moitié moins !

Vous vous souvenez d’Andrés Iniesta et de Xavi, ces deux milieux de terrain espagnols aux talents générationnels ? Ceux-là mêmes qui ont été au centre des succès de cette équipe entre 2008 et 2012 ? Imaginez-vous donc que cette sélection s’est déjà régénérée à cette position. Gavi et Pedri, qui ont respectivement 18 ans et 20 ans, affichent déjà la confiance de grands joueurs internationaux.

Pedri, entre autres, a touché 79 fois au ballon dans ce match, réussissant 91 % de ses passes. C’est du lourd.

Le score est resté vierge après la première période, notamment grâce au brio de Manuel Neuer. Le geôlier allemand s’est brillamment interposé à la 7minute devant un tir de Dani Olmo. Frappe puissante qui a quand même heurté la barre transversale.

Füllkrug sort enfin de l’ombre

Arrive la deuxième période. Plusieurs changements de part et d’autre sont venus modifier l’allure de la rencontre. À la 62e, Jordi Alba envoie une passe à ras le sol du couloir gauche. Morata, entré moins de 10 minutes plus tôt, y pose habilement l’extérieur du pied droit. 1-0, Espagne.

On aurait pu croire que ce but allait sonner le glas des chances de l’Allemagne d’obtenir un résultat ici. Mais à voir la physionomie de ce match, et le jeu ouvert d’un côté comme de l’autre, on sentait qu’on n’en était pas au dernier rebondissement.

Quand on a réussi à passer devant, l’Allemagne a commencé à tout donner. On n’a pas su rester calmes pour mener le match là où on voulait.

Le sélectionneur espagnol Luis Henrique

Jamal Musiala a été vif tout le match dans le couloir droit. À la 83e, il reçoit le cuir à l’orée de la surface. Sa touche devient une petite passe vers son coéquipier Füllkrug, tout juste à côté. Et ce dernier place son tir parfaitement dans le coin supérieur gauche du filet. La marque était de nouveau égale à 1-1, et les espoirs allemands sont réapparus.

« Contre l’Espagne, il faut souffrir, a rappelé Thomas Müller. C’est impressionnant que Fülle ait réussi à faire rentrer la balle. C’est une super histoire. Mais on doit gagner le dernier match pour rester dans le tournoi. »

Cette histoire est « super » parce que Füllkrug, à 29 ans, n’en était qu’à sa troisième apparition pour l’équipe sénior allemande. L’attaquant est un vétéran des championnats allemands. Il a notamment disputé 135 matchs en deuxième division et évolue présentement avec le Werder Brême en Bundesliga.

« Le but de Niclas Füllkrug, c’est le genre de choses dont on a besoin, a souligné Hansi Flick. L’Allemagne a montré une vraie belle mentalité et on est tous contents dans le staff que l’on ait réussi à retourner le match. »

Le Costa Rica a battu le Japon en matinée. Ce groupe de la mort est donc complètement ouvert à nouveau. La troisième journée promet d’être riche en rebondissements.