Il y a gagner un match de Coupe du monde. Et il y a gagner un match de Coupe du monde.

Cette victoire du Brésil, un franc 2-0 contre la Serbie, marque les esprits. Parce qu’on l’attendait, cette Seleção. Visiblement, elle aussi avait hâte de fouler le terrain : sa performance la confirme non seulement comme la grande favorite du tournoi, mais aussi comme la plus conquérante.

Malgré tout, ses partisans vont retenir leur souffle : Neymar a souffert d’une entorse à la cheville en deuxième mi-temps et a été sorti à la 80minute. Il a été aperçu en pleurs au banc des joueurs alors qu’il recevait des traitements. La supervedette subira des examens d’ici les prochaines 24 heures. Le sélectionneur Tite a cependant indiqué avoir « bon espoir » que Neymar « rejouera dans cette Coupe du monde ».

Sinon, les Brésiliens ont joué avec les Serbes comme un guitariste de bossa-nova gratte ses cordes. Et c’est Richarlison qui a fait résonner ses plus beaux accords.

Non, mais quel but. Ne cherchez plus : voici le filet du tournoi. Laissons la vidéo parler pour nous.

Le contrôle. La frappe. Le lieu, le moment. Pour un amateur de foot, qu’il soit brésilien, serbe, coréen ou ghanéen, ce but donne des émotions.

« C’était un très beau but, a convenu Richarlison. J’en avais déjà marqué un semblable avec Fluminense, et ensuite avec Everton, mais cette fois, c’est en Coupe du monde. »

PHOTO AMANDA PEROBELLI, REUTERS

Richarlison

Pour le Brésil, peu importe s’il se joue pieds nus dans une favela ou sur la plus grande scène à la Coupe du monde, le soccer doit être synonyme de jogo bonito. Le beau jeu. Paradoxalement, les cinq titres mondiaux de la Seleção n’ont pas toujours été acquis grâce à des dribles excitants ou à des passes audacieuses. Ses plus grands succès, elle les a eus en jouant de façon plus pragmatique.

Qu’importe. Pour rendre les partisans heureux, le jeu doit être festif, créatif, dansant. Il est souvent dit que le Brésil préfère bien jouer et perdre que mal jouer et gagner. Mais pourquoi pas bien jouer et gagner ? Cette équipe actuelle, constituée des plus grands noms de la planète en Neymar, Vinícius, Casemiro, Raphinha et tous les autres, semble bâtie pour cela.

Parce que la défense a aussi été solide. Thiago Silva, à 38 ans, continue de gérer avec confiance les remparts. Juste devant lui au milieu défensif, Casemiro a été l’une des étoiles les plus lumineuses de cette constellation brésilienne jeudi. Ses relances et ses passes traversant les rideaux de joueurs ont été à la source des plus belles séquences offensives de son équipe.

« C’était une soirée magique, une belle victoire, a encore estimé Richarlison. Et maintenant, nous avons encore six matchs [jusqu’à la finale] pour atteindre notre rêve. »

Vaillant effort des Serbes

C’est aussi Richarlison, attaquant de Tottenham, qui marque le but du 1-0 à la 62e. Viní, du Real Madrid, dévale le couloir gauche, s’approche de la surface comme la gazelle qu’il est, et reçoit le ballon du pied de Neymar dans l’axe. Il l’envoie vers le point de penalty, le gardien y met la main, Richy s’empare du retour et fait mouche à l’embouchure. Libération.

Parce que jusqu’à l’heure de jeu, la Serbie lui avait donné du vrai fil à retordre. Malgré toutes les belle attaques des favoris, le bloc défensif avait été somme toute étanche. Le gardien Vanja Milinkovic-Savić n’a pas démérité non plus, notamment avec sa belle parade sur une frappe véloce de Vinícius à la 27e.

« La Serbie était très bonne, très rapide en première période, a souligné Tite. Mais c’est dur de conserver un tel rythme. C’est une grande équipe, nous avons réussi à les contrôler même s’ils étaient très forts, cela nous a demandé beaucoup d’efforts. »

PHOTO FRANÇOIS-XAVIER MARIT, AGENCE FRANCE-PRESSE

Vanja Milinkovic-Savić

Au volume, le mur a fini par céder. Les Brésiliens ont tenté 22 tirs, contre 5 pour les Serbes. Du lot, les vainqueurs en ont cadré 8 ; les battus, 0.

« Je pense que nous avons fait jeu égal pendant 45 minutes, a analysé le sélectionneur serbe Dragan Stojković. Le Brésil n’a pas tant dominé que ça, mais en seconde période, nous avons décliné physiquement. […] Je n’ai pas reconnu mon équipe. Nous sommes arrivés ici avec de nombreux problèmes, beaucoup de blessures de joueurs clés. C’est comme ça, il faut faire avec. »

Entrée en matière parfaite pour la Seleção, donc, qui se lance solidement dans sa Coupe du monde. Tournoi qui, d’ailleurs, n’avait pas réellement commencé sans une sortie en bonne et due forme de ses plus grands champions, n’est-ce pas ?