(Doha) Depuis mon arrivée au Qatar, il y a une semaine, je n’ai toujours croisé aucun joggeur. Pourtant, il y a abondance de parcours inspirants. La Corniche, par exemple, borde le golfe Persique sur sept kilomètres. Joli terrain de jeu.

Le problème ?

C’est la chaleur. Ces jours-ci, il fait entre 30 et 33 degrés Celsius. C’est tolérable. Mais en été, la température peut atteindre entre 45 et 50 degrés Celsius. C’est suffocant. Dangereux, même. Il faut vraiment être déterminé pour enchaîner les foulées.

C’est le cas de Lily Saad. Cette marathonienne québécoise, diplômée en actuariat à l’Université de Montréal, a passé la dernière décennie au Qatar pour son travail. Pendant cette période, elle courait presque tous les jours. Elle a aussi enseigné la course au Lycée français fréquenté par ses enfants.

Lily, c’est quoi, ton truc ?

« Mettre une alarme à 4 h du matin ! »

Pas le choix, dit-elle. « La seule façon de combattre la chaleur, c’est de courir avant le lever du soleil. Et au Qatar, le soleil se lève très tôt, vers 5 h 30. Si tu pèses sur le bouton snooze, oublie ça, tu ne peux pas courir. »

Même à cette heure-là, précise-t-elle, on croise peu de joggeurs dans la rue. « Il y a un groupe de coureurs, le Doha Running Club, qui se rencontre aussi avant le lever du soleil. Puis il y a les ultramarathoniens. Eux se rencontrent à 2 h 30 du matin. Si tu veux courir quatre ou cinq heures de suite, c’est ta seule option.

« Avec le temps, ton corps s’habitue. Tu réduis tes distances. Tu réduis l’intensité. Tu modifies ton entraînement en fonction de la météo. Tu ne t’entraînes pas pour un marathon l’été. Tu t’entraînes l’hiver, pour un marathon en avril. »

Malgré toutes ces contraintes, Lily a obtenu de très bons résultats. Notamment un chrono de moins de 3 h 30 min au marathon d’Istanbul, en 2019. Par ailleurs, non, elle n’a jamais été contrainte de courir vêtue de la tête aux pieds, pour respecter le code vestimentaire rigide imposé aux femmes qataries.

« Le Qatar encourage le sport féminin. Il y a des restrictions sur l’habillement des Qataries. Elles doivent se couvrir les bras jusqu’aux poignets, même lorsqu’elles font de l’activité physique. Parfois, elles portent également un voile sportif. »

Mais puisque Lily est chrétienne et qu’elle possède un statut d’expatriée, ce ne fut jamais un enjeu pour elle. « J’ai toujours couru en shorts. Et j’ai pu faire tous les sports que je souhaitais. »