On pourrait vous expliquer à quel point le match de dimanche entre le CF Montréal et le New York City FC promet. Ou bien on pourrait laisser Alistair Johnston effectuer ce travail.

« Je pense que ça va être un autre très grand spectacle », commence-t-il par dire en français devant les médias. L’entraînement venait de se terminer au Centre Nutrilait, quelques jours avant cet affrontement de deuxième tour pour la Coupe MLS.

Johnston, qui se décrit lui-même comme un « geek » du soccer, mentionne alors les autres rencontres à l’horaire dans le circuit. Il y aura notamment « El Trafico », entre le Galaxy de Los Angeles et LAFC. Il y aura le derby texan, entre Austin FC et le FC Dallas.

Et il y aura le derby du bagel entre Montréal et New York. Les deuxième et troisième dans l’Est, respectivement.

Les gens sont excités par notre match. Même ceux sans parti pris. Ils verront s’affronter deux des meilleures équipes balle au pied dans la ligue. […] Ça risque d’être le meilleur match en termes de qualité avec le ballon.

Alistair Johnston

Un contraste frappant avec le style de jeu – si on peut l’appeler ainsi – proposé par Orlando dimanche dernier. Les Lions se sont repliés, tout en tentant de perdre du temps par tous les moyens. Le NYCFC n’est pas du tout tiré du même moule, comme en fait foi sa belle victoire de 3-0 face à l’Inter Miami, lundi soir.

Ce qui pose un défi bien différent pour Montréal. Attention notamment aux attaquants Héber et Talles Magno, ainsi qu’au milieu Gabriel Pereira.

« Ils ont des joueurs incroyables, analyse le défenseur international canadien. On a vu ce qu’ils ont fait à Miami, avec leurs séquences offensives. »

Il y a une raison pour laquelle ces gars-là ont remporté la Coupe l’an dernier. C’est une vraie bonne équipe.

Alistair Johnston

Montréal a souvent eu de la difficulté cette saison à briser le bloc défensif bas des équipes venues défendre au stade Saputo. L’exemple de dimanche dernier est d’actualité à ce chapitre : ça lui a pris 68 minutes avant de trouver la brèche dans le mur floridien.

Mais devant une équipe qui s’amène dans la métropole québécoise pour jouer, les valves devraient être ouvertes. Des deux côtés.

« Confiance » et « humilité », toujours

Pendant un temps dans les derniers mois, on a cru que New York était en train de l’échapper. Les Cityzens ont subi coup sur coup le départ de leur entraîneur-chef Ronny Deila – parti au Standard Liège, en Belgique – et celui de leur attaquant vedette « Taty » Castellanos. Ce dernier est encore le meilleur buteur de l’équipe avec 13 filets, malgré son transfert à La Girona le 25 juillet.

Résultat : six défaites en neuf matchs de la fin de juillet à la mi-septembre. Mais ils ont terminé la saison avec trois victoires de suite.

« Ils se sont ajustés à la perte de Castellanos, souligne Samuel Piette. Il était le joueur le plus important de leur équipe. Ça prend du temps quand tu perds un gros morceau comme ça. »

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Samuel Piette

Mais il rappelle que le CF Montréal aussi est dans d’excellentes dispositions. Le Québécois a raison : le Bleu et noir a conclu sa saison avec 4 victoires consécutives et une seule défaite en 15 matchs. En plus de surfer sur l’élan généré par sa victoire convaincante contre Orlando.

« C’est de garder cette confiance, mais surtout cette humilité-là », indique-t-il, évoquant les thèmes chers à son entraîneur-chef Wilfried Nancy.

De jouer ici à Montréal, avec la foule, l’ambiance qu’on a eue dimanche… Si on a la même chose, je pense que c’est très, très intimidant pour l’autre équipe.

Samuel Piette

Maintenant ou jamais

Ça ne prend qu’un simple coup d’œil à l’alignement du CF Montréal pour se rendre compte que l’équipe vivra de grands changements dès l’an prochain.

Simplement au milieu de terrain, Victor Wanyama a indiqué lui-même qu’il ne reviendra pas. Djordje Mihailovic a déjà été transféré. « Il y a de grosses rumeurs à propos d’Ismaël Koné », dit lui-même Samuel Piette.

Et si le Canada paraît le moindrement bien à la Coupe du monde, le téléphone d’Olivier Renard risque de sonner comme chez Moman lorsque Thérèse a des interrogations à propos des ingrédients à utiliser dans son pâté chinois.

Antonin Besner, de RDS, pose la question : est-ce que c’est difficile de ne pas se dire que c’est maintenant ou jamais ?

« Oui, honnêtement. C’est sûr qu’on y pense, révèle Piette. […] Cette année, c’est une saison historique. On sait qu’en séries, on est à trois victoires de soulever cette coupe-là. On y va un match à la fois, mais on est ambitieux. »

Adidas contre Nike

En septembre, contre le Qatar, Jonathan David a caché le logo de Nike avec sa main. C’était un signe de protestation contre l’entreprise et Canada Soccer, qui n’ont pas fait les démarches à temps pour produire un nouveau maillot avant la Coupe du monde. Le Canada sera ainsi la seule sélection présente sans chandail créé spécialement pour l’occasion. On sent une frustration de la part des athlètes là-dessus, surtout dans le contexte de litige financier en cours entre les joueurs et la fédération.

Puis, mardi, des images promotionnelles d’Adidas avec Samuel Piette, Alistair Johnston et d’autres internationaux canadiens ont fait surface sur les réseaux sociaux. On a utilisé le même lettrage que les chandails de 1986, lorsqu’Adidas était le partenaire officiel.

Était-ce une autre forme de protestation contre Nike ?

Négatif, ont confirmé les deux hommes mercredi. Les deux sont des « athlètes Adidas ».

« Même s’ils ne sont pas les partenaires officiels, ils ont voulu faire quelque chose, explique Piette. Un gros évènement comme ça, c’est historique. Je pense qu’Adidas ne voulait pas passer à côté de cette occasion-là pour le souligner. »

Mais vous ne vous êtes pas fait prier non plus pour faire un pied de nez à Nike, n’est-ce pas ?

« Je ne pense pas que nous voulions lancer un message, répond Alistair Johnston. […] C’est le moment de sortir de la marchandise, et Adidas voulait faire quelque chose. Ça fait quand même 36 ans que le Canada n’a pas été à la Coupe du monde. »