80minute, dimanche. Sous les ovations chaleureuses de la foule, Mathieu Choinière fait son entrée sur le terrain en remplacement d’Ismaël Koné. Québécois pour Québécois.

Choinière rejoignait le contingent de cinq autres joueurs canadiens déjà sur la pelouse du stade Saputo. James Pantemis, Kamal Miller, Alistair Johnston, Joel Waterman et Samuel Piette étaient tous titulaires.

On parle ici des piliers d’une formation qui a terminé au deuxième rang dans la Conférence de l’Est en MLS et qui était en voie de remporter un premier match éliminatoire de façon convaincante.

Le talent local chez le CF Montréal, visiblement, on y croit. Et, surtout, il le lui rend bien.

« C’est super, a noté le gardien Pantemis, mardi, au Centre Nutrilait. Ça démontre la qualité non seulement du pays, mais de notre province. Ça motive les jeunes de l’académie, mais aussi ceux qui regardent chez eux, à la télé, ou dans le stade. »

Lorsqu’il parle de « motivation totale » pour ces jeunes Québécois et Canadiens, le geôlier sait de quoi il parle.

« Je me rappelle très bien le temps où j’allais dans le stade en tant que spectateur, raconte-t-il. Et maintenant, j’ai la chance de jouer pour le club au plus haut niveau de compétition pour nous.

« C’est notre moment, c’est notre génération. Je crois que ça va exploser dans les prochaines années. »

« Ça nous donne des ailes »

On doit créditer ici le travail du directeur sportif Olivier Renard et de l’entraîneur-chef Wilfried Nancy. Le premier repère les pépites, comme Joel Waterman et Ismaël Koné. Le deuxième les façonne et leur donne une plateforme pour s’exprimer.

Évidemment, les Canadiens ne sont pas les seuls auteurs du succès de leur club sur le terrain. Mais il est indéniable que l’identité de la troupe de Nancy amène un engouement particulier.

Cet enthousiasme se transmet jusqu’aux guichets. Lundi, le club a établi une journée record dans la vente de billets en vue du match de dimanche prochain contre le New York City FC.

« Les fans aiment ça voir des Québécois sur le terrain, estime Mathieu Choinière. Plus il y en a, plus ça va ramener du monde au stade. »

À l’image du sport en question, la relation avec les partisans est une partie qui se joue à deux.

Depuis dimanche, tous les acteurs montréalais ont noté « l’atmosphère incroyable » qui émanait des tribunes.

Je ne crois pas que j’ai fait un échauffement devant autant de monde dans ma vie !

James Pantemis

Choinière a, quant à lui, cité la campagne publicitaire d’une entreprise de boisson énergisante bien connue.

« Depuis que je joue au club, c’est le moment où je sens que la communauté est le plus derrière nous, a souligné le milieu québécois. Ça nous donne des ailes pour les éliminatoires. »

Un « heureux problème » aux guichets

Ce succès aux guichets n’est pas venu sans heurts : des partisans, dont des habitués de la section 132, ont déploré lundi être incapables de se procurer des billets. Que la vente avait commencé avant l’heure prévue de midi. Et que des revendeurs s’étaient accaparé facilement des sièges en grande quantité.

« La demande hier a été exceptionnelle, a noté le directeur des communications du club, Patrick Vallée. Du jamais-vu. On est très contents de ça. »

Il note que tous les détenteurs d’abonnements de saison « ont eu la chance de refuser leur billet de séries » avant qu’ils ne soient mis en vente à midi.

Mais face à la demande, le CF Montréal s’est retrouvé devant un « heureux problème » qui n’a pas fait que des heureux.

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Des partisans du CF Montréal ont déploré lundi être incapables de se procurer des billets pour le match de dimanche.

Le club « déplore » la revente illégale, souligne d’emblée Patrick Vallée. « Mais c’est difficile de [la] contrôler », ajoute-t-il, donnant l’exemple peut-être plus ou moins fictif d’un individu qui achète neuf billets à lui seul, soit le maximum permis. Et qui demande à ses proches de faire de même au même moment.

« On va enquêter pour voir si on peut limiter quand ça arrive. »

Le club est partenaire avec des revendeurs licenciés. Ceux-là ont une « quantité limitée » de billets.

« C’est légal, contrôlé. Ce sont des revenus pour le club. Même quand ça va moins bien, ils prennent le risque d’acheter des billets d’avance et de les revendre. Mais ce ne sont pas des quantités astronomiques. Ils n’ont pas acheté la tribune sud au complet. »

Au sujet de la 132 et du Collectif IMFC, comme la section a été fermée pour la majorité de la campagne 2022, ses partisans n’avaient pas d’abonnements de saison. Ce sont toutefois parmi les supporters les plus passionnés du club, qui confectionnent des tifos et répètent des chants en prévision des matchs.

Un courriel avec un « lien direct » pour l’achat de billets avant la prévente a été envoyé aux partisans de la tribune, dit Vallée.

« Soit ils ne l’ont pas vu, ou n’ont pas partagé le courriel à l’interne dans leur groupe. C’est un peu regrettable. Ça a frustré quelques personnes dans leur groupe, malheureusement. »