Il y a un nouveau roi au royaume international du foot.

En seulement 11 matchs avec Manchester City, Erling Haaland a fracassé les portes de la salle du trône et s’est imposé sur le siège. Le Norvégien de 22 ans est, sans équivoque, le meilleur joueur de soccer de la planète en ce début de saison.

Haaland a 14 buts en 8 matchs de Premier League. Il en a 5 autres en 3 rencontres de Ligue des champions. La plupart des joueurs seraient satisfaits d’en marquer autant… dans une saison complète.

« À son âge, il n’y a pas un joueur qui puisse le concurrencer, a lancé son entraîneur Pep Guardiola, mardi. Pas un. »

Haaland, malgré sa taille (6 pi 4 po) et sa carrure (192 lb), semble marcher sur l’eau. Arrivé du Borussia Dortmund en Allemagne dans l’entre-saison, il a à peine eu besoin de s’adapter au style de jeu anglais.

Il est rapide. Puissant. Costaud. Précis. Une, deux enjambées le ballon au pied, et on a l’impression que le projectile a déjà à moitié atteint la cible. Et il joue pour une équipe dont la disposition tactique lui sied parfaitement.

À sa place

Parce qu’on ne peut parler des succès de Haaland en tant que Citizen sans analyser le cadrage bien précis qui l’attendait à l’Etihad.

Manchester City jouait sans attaquant depuis deux ans. Ce qui ne l’a pas empêché de remporter les deux titres de Premier League entre-temps.

Auparavant, Guardiola avait Sergio Agüero à sa disposition. Mais l’attaquant argentin n’a essentiellement pas joué en 2020-2021, avant d’être transféré au FC Barcelone la saison suivante.

Pendant cette période, City a continué de dominer. L’ingénieux Guardiola a trouvé le moyen de déployer une attaque remaniée, où tous les acteurs offensifs étaient mis à contribution. Au lieu d’employer un numéro 9 comme Agüero, point focal en réception de la majorité des poussées offensives, on avait un Kevin De Bruyne, habituellement au milieu de terrain, qui montait pour devenir un « faux numéro 9 ». Ou alors un Raheem Sterling, habituellement ailier gauche, qui se recentrait au moment opportun.

Ce style de jeu, tout le monde y adhère chez City. Alors, lorsqu’on dépose un « vrai » numéro 9 en la machine qu’est Erling Haaland dans cet échiquier, on a les résultats que l’on voit.

Mais ne lisez pas ceci en supposant que Guardiola et City sont les seuls responsables des succès précoces du Norvégien en Premier League. Haaland était déjà très bien établi en tant qu’un des meilleurs attaquants au monde en Allemagne, avec Dortmund. C’est quand même 86 buts en 89 matchs, de 2019 à 2022.

En Angleterre, il vient d’enfiler trois tours du chapeau en trois matchs. Son plus récent ? C’était lors du derby mancunien contre United, dimanche dernier. Une victoire de 6-3. Puis il a enchaîné avec un doublé en seulement 45 minutes de jeu, mercredi, contre Copenhague en Ligue des champions.

Selon Guardiola, « les chiffres parlent d’eux-mêmes ».

On a ce sentiment incroyable qu’il est tout le temps affamé et tellement compétitif. Ses statistiques sont effrayantes.

Pep Guardiola, entraîneur de Manchester City

Ses frappes du pied gauche défient la gravité. Son positionnement est toujours juste. Il marque de la tête. En retourné. En sautant. En glissant. Avec la petite touche subtile. Avec puissance. Après une poussée de vitesse. De loin. De proche. Cet homme est bâti pour le foot. Peu importe la stratégie employée pour en tirer profit.

Seul bémol à son début de carrière époustouflant : la Norvège ne sera malheureusement pas de la prochaine Coupe du monde. Au moins, ça le gardera en forme pour la deuxième moitié de saison.

Jusqu’en 2027

Évidemment, une équipe avec les moyens aboudhabiens de Manchester City peut se permettre d’aller chercher le plus grand espoir du foot international sans casser sa propre banque. Et, surtout, de réussir à empêcher le Real Madrid et le Barça de s’en emparer avant elle.

D’ailleurs, son père Alf-Inge Haaland est lui-même un ancien Citizen. L’envie de reprendre le flambeau familial a certainement dû jouer dans sa décision.

La clause libératoire pour le sortir de Dortmund l’été dernier ? Soixante-quinze millions d’euros. Une somme importante, certes, mais bien plus légère que la nouvelle norme du soccer mondial. Elle est bien sûr agrémentée de plusieurs primes à la signature, ainsi que d’un salaire hebdomadaire faramineux.

La carrière de Haaland en Angleterre est jeune. Embryonnaire, même. Son contrat avec les Skyblues viendra à échéance en 2027.

Mais il semble déjà trop fort pour la ligue. Le record de buts en Premier League pour des saisons de 38 matchs est de 31, établi en 2017-2018 par Mohamed Salah. Si la tendance actuelle devait se maintenir, Haaland en marquerait… 66.