Un plat de pâtes, c’est un plat de pâtes. Mais modifiez les ingrédients et la façon de l’apprêter, et vous pouvez passer d’un spaghetti « bolognaise » de soir de semaine à de la grande gastronomie. Le troisième derby de la saison entre le CF Montréal et le Toronto FC relève de cette deuxième catégorie.

Les ingrédients : Lorenzo Insigne. Federico Bernardeschi. Mark-Anthony Kaye. Trois ajouts qui rehaussent la sauce du TFC. Tandis que celle du CFM n’a fait que bien mijoter depuis leur dernier affrontement.

À la base de tout, le CF Montréal, fort de sa deuxième place dans l’Est, retrouvera dimanche soir un Toronto FC avec seulement une défaite en huit matchs depuis l’arrivée de ses vedettes. Un contexte bien différent de la belle victoire montréalaise au stade Saputo en juillet, et de sa défaite de 4-0 en demi-finale du Championnat canadien, le mois précédent.

« C’est sûr qu’elle est différente, a souligné Wilfried Nancy, vendredi, en parlant de l’équipe torontoise. Ils ont des atouts offensifs, c’est clair. C’est une équipe qui est déjà plus en confiance, qui joue d’une façon différente maintenant. »

Ils sont en pleine forme, ils ont de bons résultats. Nous, on va là-bas pour faire notre football et essayer de remporter ce match face à une bonne équipe.

Wilfried Nancy, entraîneur-chef du CF Montréal

L’entraîneur-chef convient qu’affronter de telles vedettes fait en sorte que « les joueurs ont envie de bien faire ».

« Je vais très rarement dans le vestiaire des joueurs, ou pratiquement jamais. Mais ils aiment bien les défis. […] Je m’attends à ce qu’ils fassent un bon match. »

Jouer de combativité

Quelle est la stratégie, donc, pour contrer la force de frappe de ces nouveaux venus ? Insigne a quatre buts et deux passes depuis son arrivée. Bernardeschi en a enfilé six, en plus de servir trois fois ses coéquipiers. Le tout en huit matchs à peine.

PHOTO CHRIS YOUNG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Lorenzo Insigne

« Ils sont productifs, convient Nancy. Non, il n’y a pas de plan particulier par rapport à ces joueurs-là. Le plan, c’est de défendre le joueur qui sera le plus proche. De façon encore plus agressive. Et, après, d’essayer de les empêcher de faire ce qu’ils font de bien. »

« Ce sont des joueurs qui jouent en faux pied. Ils aiment entrer et tirer. Il va falloir qu’on soit très agressifs sur eux. »

Un joueur comme Kamal Miller, en route vers le Qatar pour y affronter le gratin mondial, pourrait déceler en ce match l’occasion de se frotter à des joueurs de ce calibre. Et, donc, y voir une motivation supplémentaire. Mais ne le dites pas à Wilfried Nancy.

« Je vais être très honnête avec vous, commence-t-il en souriant. S’il a une double motivation contre Toronto, j’ai un problème. Je veux qu’il soit toujours motivé pour jouer tous les matchs. C’est ça, le plus important. Kamal le sait très bien. Il a des objectifs individuels qu’il veut atteindre. […] Mais qu’il fasse un très bon match contre ces deux joueurs-là, pour moi ça m’importe peu. Ce qui m’intéresse, c’est qu’il soit constant et continue de faire du bon travail. »

« Il va rester un buteur »

Au premier regard, le CF Montréal semble avoir une belle profondeur à l’attaque. Romell Quioto, Kei Kamara, Mason Toye, Sunusi Ibrahim, Bjørn Johnsen, Chinonso Offor. Il y a Jojea Kwizera, aussi, mais il a surtout été employé dans les couloirs cette année.

Le hic, c’est que Johnsen n’a pas joué une seule minute cette saison, lui qui revient graduellement de blessure. Offor a été acquis à la date limite en tant que joueur « pour le futur », dixit Nancy. Ibrahim a dû retravailler son approche après, et malgré, une belle performance contre le Forge en mai. Le Nigérian n’a foulé le terrain qu’une seule fois depuis.

Il reste donc Quioto, Kamara et Toye. Et ce dernier cherche encore ses repères, comme en font foi ses deux belles chances ratées lors du dernier match.

PHOTO GRAHAM HUGHES, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Mason Toye

Effectivement, il est un peu moins bien en ce moment. C’est proche. Je sais que ça va venir. Ça a toujours été un buteur et il va rester un buteur.

Wilfried Nancy, entraîneur-chef du CF Montréal, à propos de Mason Toye

À propos de Johnson et Offor, Nancy souligne que « les discussions ont été claires ».

« Il y a des joueurs qui sont devant eux. Ce que j’apprécie chez eux, c’est qu’ils travaillent très, très bien. Ils aident le groupe à devenir meilleur. »

Au chapitre des blessés, l’absence de Lassi Lappalainen sera plus longue que prévu.

« On parle d’une quinzaine de jours », estime Nancy. Il hésite à envisager un retour avant la trêve internationale de la fin septembre, évaluant les « risques ».

Le défenseur Rudy Camacho, qui s’est blessé il y a deux semaines à Houston, reviendra peut-être au jeu dimanche.

« Il s’entraîne bien. […] Il y a de bonnes chances qu’il soit dans le groupe. »