Les grandes manchettes n’ont pas manqué chez le CF Montréal dans les dernières semaines. Mais il y a un dossier qui devrait commencer à prendre de plus en plus sa place au soleil.

Celui de Victor Wanyama. Le seul joueur désigné du CF Montréal effectue, sans flafla, de la très belle besogne au milieu de terrain montréalais depuis son arrivée de Tottenham en mars 2020. Mais voilà que son contrat arrive à échéance au terme de la présente saison.

Cette année, il n’a raté que 4 matchs sur les 32 que son club a disputés, toutes compétitions confondues. Avec son rôle de milieu défensif, il parvient à dicter le rythme au centre grâce à son jeu précis, ainsi que sa robustesse et sa carrure.

Le Kényan est le meilleur joueur de l’équipe au chapitre des duels remportés, avec 268. Soit une soixantaine de plus que Lassi Lappalainen (206). Il est le deuxième en ce qui a trait aux tacles réussis (21). C’est le troisième joueur le plus utilisé par son entraîneur en MLS, avec 2003 minutes de jeu. Seuls Alistair Johnston, qui n’a pas manqué un match, et Rudy Camacho en ont plus.

Bref, vous comprenez l’idée : Victor Wanyama est un pilier du CF Montréal.

Mais il a aussi 31 ans. Et il est évidemment le plus haut salarié de son équipe, lui qui commande une charge budgétaire de plus de 3 millions de dollars, selon l’association des joueurs de la MLS (MLSPA). Pour les curieux, Bjørn Johnsen est le deuxième plus cher payé du CFM, avec un salaire d’un peu plus de 1 million.

Le contrat de Wanyama s’inscrit dans le top 15 des plus dispendieux de la ligue, toujours selon les chiffres de la MLSPA. Le club s’interroge donc à savoir s’il vaut mieux faire confiance à un joueur plus vert – et qui coûte moins cher – pour pourvoir ce poste névralgique. C’était le questionnement du directeur sportif Olivier Renard, il y a quelques semaines, lors de sa rencontre avec La Presse.

Victor est une personne adorable dans le vestiaire. Il a apporté beaucoup de choses. Il faut dire ce qu’il est : il joue 95 % des matchs. Mais il a aussi un âge, et un prix d’investissement.

Olivier Renard, directeur sportif du CF Montréal

« Est-ce que le club préfère investir encore pour cette même position, alors qu’on a peut-être déjà d’autres joueurs qui peuvent y jouer ? Est-ce qu’on garde Victor parce qu’il est une personne importante du vestiaire ? On a déjà pesé le pour et le contre là-dessus. Après, c’est à Victor et moi d’en parler. »

Vendredi, au Centre Nutrilait, on a demandé à Victor Wanyama s’il avait eu l’occasion d’en discuter avec son directeur sportif.

« Je ne lui ai pas encore parlé, a-t-il indiqué. Mais on connaît la situation. On verra ce qui va se passer. Nous avons beaucoup à accomplir. »

Une chose est sûre, c’est que l’homme originaire de Nairobi apprécie la MLS. Et aimerait poursuivre son aventure nord-américaine.

« Plusieurs équipes progressent bien. La ligue s’améliore de plus en plus. J’aimerais continuer de jouer ici. Et continuer d’écrire l’histoire de notre équipe. »

« Famille »

Oui, le CF Montréal est jeune. Et continuera de l’être à court, à moyen et probablement à long terme. Il reste que l’expérience internationale d’un Victor Wanyama n’est pas à prendre à la légère. Foi de Kényan.

J’ai été dans des vestiaires d’envergure », a souligné celui qui a aussi joué pour le Celtic de Glasgow, en Écosse, et Southampton, en Premier League anglaise. « J’ai tout vu. Ici, on a de très bons joueurs. Et quelques-uns sont jeunes. On doit s’assurer qu’ils gardent les pieds sur terre. Et qu’ils apprécient le moment, sans trop en faire. On a bien fait de ce côté-là.

Victor Wanyama

« Nous sommes tous pareils. C’est ce qui est bien pour un vestiaire. Nous sommes tous égaux. Tout le monde a son opinion et tout le monde est écouté. On s’assure que tout le monde se sente à l’aise, important et respecté. Pour que l’on devienne une famille. »

C’est peut-être la dernière saison de Victor Wanyama à Montréal. Avec la philosophie du club qui vise à se tourner vers la jeunesse, les probabilités de le voir quitter le Bleu-et-noir augmentent même considérablement. Pourrait-on cependant le garder dans la métropole québécoise en retravaillant son contrat pour lui enlever l’étiquette de joueur désigné ?

« On en discutera avec lui, signalait Olivier Renard au début du mois. Trente et un ans, c’est encore jeune. Mais tu es quand même plus sur la fin de ta carrière qu’un Ismaël Koné. Certains joueurs veulent aussi monétiser le dernier contrat qu’ils ont. »

Ce dossier, comme celui de la prolongation de contrat de Wilfried Nancy, devrait demeurer en suspens jusqu’à la fin de la saison.