Pour Aleks Mihailovic, cela ne fait pas de doute : les Pays-Bas étaient la meilleure destination possible pour son fils, Djordje. Mercredi, le milieu offensif du CF Montréal s’est entendu avec l’AZ Alkmaar, en première division néerlandaise, pour un transfert en janvier prochain.

Le père Mihailovic sait de quoi il parle : il a joué avec Johan Cruyff et rencontré Rinus Michels au cours de sa carrière dans le soccer professionnel. Cruyff, l’un des meilleurs joueurs de l’histoire du sport, et Michels, l’un de ses meilleurs entraîneurs, sont deux figures légendaires des Oranje. Les deux ont évolué en North American Soccer League (NASL) lorsqu’Aleks Mihailovic y foulait les terrains, entre 1979 et 1981.

« Je connais le système néerlandais extrêmement bien grâce à Rinus Michels », souligne Aleks Mihailovic, lors d’un entretien téléphonique avec La Presse. L’homme est aujourd’hui reconnu comme l’un des meilleurs enseignants du soccer aux États-Unis, en plus d’avoir fondé, en 1984, l’école Soccer Made in America, établie à Chicago.

« Je lui conseillais d’aller soit en Allemagne, soit aux Pays-Bas. Les Pays-Bas, par-dessus tout, étaient l’endroit parfait pour lui. Et il y avait plusieurs clubs qui s’intéressaient à lui. »

Il ajoute que plusieurs « ont été rejetés », aussi.

« AZ l’a accueilli à bras ouverts, et Djordje a fait la même chose. Il aura une occasion superbe de se développer et d’améliorer son jeu. »

D’autant que pour Aleks Mihailovic, le style de son fils « s’accorde très bien à celui des Néerlandais ». « La façon dont ils analysent le jeu et préparent les joueurs pour le prochain niveau, je crois que c’est parfait. »

« J’ai remarqué ses habiletés à comprendre le jeu et à s’adapter à un très jeune âge, indique-t-il. Il a un bon cerveau de soccer. Sa compréhension de l’espace est à un tout autre niveau. Il est bâti pour le jeu européen. »

Il faut dire qu’il y a un précédent pour un joueur américain dans ce club bien précis de l’Eredivisie : Jozy Altidore est passé par l’AZ de 2011 à 2013, y marquant 51 buts en 93 matchs. Expérience qui lui avait permis de faire le saut en Premier League en 2013, avec Sunderland.

« Il part comblé »

Le propos reviendra à quelques reprises au cours de notre échange avec le paternel : Djordje Mihailovic a demandé à rester à Montréal pour y conclure son parcours.

« Il voulait finir ce qu’il avait commencé ici », estime son père.

PHOTO LYNNE SLADKY, ASSOCIATED PRESS

Djordje Mihailovic (8) lors de son premier match avec le CF Montréal, le 17 avril 2021

Djordje lui-même en a parlé, dans les vidéos diffusées par les deux clubs mercredi : il souhaite terminer la saison en grand. Et, pourquoi pas, se battre pour une Coupe MLS.

On demande au père si le fils lui a parlé de Montréal au cours des dernières années.

« Oui, plusieurs fois, répond-il aussitôt. Il aime la ville, les partisans. Ce qui est particulier, c’est qu’il ne part pas le cœur lourd, avec de l’amertume ou de la déception. Il part comblé. Il quitte un club qui souhaite son succès. »

« Reconnaissant »

Les échos du vestiaire du CF Montréal cette saison font état d’une belle cohésion au sein de l’équipe, aussi bien entre les joueurs que vis-à-vis des entraîneurs. Même de Chicago, Aleks Mihailovic en est conscient.

Il est proche du personnel d’entraîneurs, et il adore ses coéquipiers.

Aleks Mihailovic

« Wilfried [Nancy] a beaucoup de mérite. Tout comme Olivier [Renard], et bien sûr le propriétaire, Joey Saputo. C’est un bon signe de la part de l’organisation. Si on laisse tout le monde faire son travail, le succès viendra. »

Il parle de l’« excellent boulot » de Nancy sur le plan de la « gestion des émotions » et des « situations tactiques ».

« La première règle pour un entraîneur, c’est de connaître la personne qu’il entraîne », souligne celui qui a près de 40 ans d’expérience à ce chapitre.

« Les mécanismes qu’utilise Wilfried sont extrêmement bons. Ils sont flexibles, issus d’un bon jugement et de réalisme. Il a impliqué Djordje, et lui a permis d’avoir la liberté de faire opérer sa magie et de montrer ses qualités. »

Aleks Mihailovic a suivi « tous les moments » de la carrière de Djordje dans la métropole québécoise.

« Je suis reconnaissant envers la ville de Montréal d’avoir si bien accueilli mon fils. »