Le message est clair, même si Wilfried Nancy le dit à la blague : « Qu’on laisse mes gardiens tranquilles. »

Cette flèche taquine lancée devant les médias jeudi faisait suite à plusieurs semaines – ou plutôt une saison complète – d’atermoiements au sujet du poste de portier chez le CF Montréal.

Aujourd’hui, l’entraîneur-chef de l’équipe a beau jeu. Ses gardiens Sebastian Breza et James Pantemis ont repris du poil de la bête. Tout particulièrement ce dernier, qui avait été contraint de réchauffer le banc pendant les 16 premiers matchs de l’équipe, toutes compétitions confondues.

« J’ai choisi ce métier-là », a avancé Pantemis, jeudi au Centre Nutrilait, à l’occasion d’une première disponibilité médiatique depuis le début de cette saison.

Pour moi, c’était tout ou rien. Il faut travailler pour avoir ce que tu veux dans la vie. C’était ma mentalité.

James Pantemis

Ainsi, le geôlier montréalais a choisi de voir le verre à moitié plein. Ce qui lui permet aujourd’hui de prétendre au poste de numéro 1 devant la cage du Bleu et noir.

Plusieurs se seraient plaints à moins, en prenant du recul vis-à-vis de ces derniers mois. Surtout que sa montée en puissance, elle n’était pas gagnée d’avance.

La première titularisation de Pantemis ? Une victoire en quart de finale du championnat canadien contre le Forge de Hamilton, en mai. Sa deuxième ? Une défaite sans appel contre le Toronto FC en demi-finale, un mois plus tard, alors qu’il avait accordé quatre buts. Et voilà que Sebastian Breza reprenait son poste. Jusqu’en juillet.

« Je n’ai pas nécessairement vu que c’était du temps gaspillé pour moi, a-t-il jugé. On a travaillé fort avec les entraîneurs des gardiens et avec les tactiques de l’équipe. Je voulais travailler sur mon jeu sur le terrain. Et hors du terrain, dans le gym. Du travail de force avec les préparateurs physiques. Je me sens bien. Je sens que j’ai bien bossé. Et là, je veux m’éclater et m’amuser. »

« C’est mieux pour tout le monde »

Après quelques semaines de succès mitigés pour Breza, la proverbiale digue a cédé contre le Sporting Kansas City le 9 juillet dernier. Le Montréalais accumulait les erreurs depuis plusieurs semaines. C’était quelques semaines après la contre-performance de l’équipe face au TFC. Wilfried Nancy avait répondu « peut-être » lorsqu’on lui avait demandé si le poste de gardien était le talon d’Achille de l’équipe.

Pantemis retrouvait ensuite son filet. Et jouait avec assurance, inspirant ainsi ses coéquipiers. Aujourd’hui, les deux gardiens partagent le filet selon un modèle d’« alternance » proposé par Wilfried Nancy. Le CF Montréal est aussi invaincu en six matchs depuis.

L’entraîneur-chef a convenu jeudi qu’il n’était « pas fanatique » de cette idée. « Mais par rapport au contexte, pour l’instant, c’est la situation », a-t-il ajouté.

« Ce n’est pas sous la pression des médias que j’ai décidé de faire cette concurrence. C’est parce que j’ai ressenti ça et parce que je pense que c’est le mieux pour tout le monde. »

« Ce n’est que mental »

Au début du mois, Nancy avait justifié sa décision en expliquant que ses « gardiens sont jeunes ». En plus de parler de « charge émotionnelle et physique » impliquée lorsqu’ils enchaînent les matchs.

Là où Pantemis et son entraîneur se rejoignent, c’est au chapitre de cette envie de concurrence intraéquipe.

Nancy commence par rappeler le superbe arrêt de Pantemis avec le pied contre Houston, samedi dernier. Une parade qui lui a valu une nomination au titre de l’arrêt de la semaine par la MLS.

« Mais je n’oublie pas Sebastian, enchaîne-t-il. Parce qu’à Columbus, il a fait un gros match. S’il ne fait pas les arrêts, on ne gagne pas le match. »

J’aime voir les deux gardiens qui sont capables d’entrer en compétition.

Wilfried Nancy, entraîneur-chef du CF Montréal

« On s’entend très bien ensemble, Seb et moi, a quant à lui estimé Pantemis. On se connaît depuis des années, on travaille bien. Donc ça ne change rien pour moi. Je me concentre sur la tâche que le coach me donne. »

On l’interroge sur la difficulté de garder le moral pendant ces longs mois – un peu moins d’un an – à attendre son tour. Est-il même parvenu à grandir, mentalement ?

« Oui, bien sûr, assure-t-il. Surtout que je dirais que ma position de gardien de but, c’est une des plus difficiles, au chapitre du mental. Ce n’est que mental. Ça se peut que pendant 89 minutes, je ne touche à aucun ballon. Et à la 90e, je dois faire un arrêt pour sauver l’équipe. Et ça se passe dans la tête. »

« Mentalement, je suis resté fort, solide. Et après de nombreuses heures de travail avec le staff, ça a payé. »