(San José, Costa Rica) Rarement peut-on apprécier autant l’odeur ambiante de gazoline que lorsque l’on visite une grande ville d’Amérique centrale.

Parce que oui, j’ai le bonheur et le privilège d’être l’envoyé spécial de La Presse au Costa Rica. Pourquoi ? Parce que le Canada pourrait se qualifier pour la Coupe du monde de soccer, jeudi soir à San José, la capitale. Une première depuis 1986.

Et c’est en inhalant profondément l’air rempli de ces doux arômes, synonymes pour moi de voyage et d’exploration, que je mets le pied chez les Ticos.

Plein d’enthousiasme, j’engage la conversation avec mon chauffeur de taxi, Luis, au sortir de l’aéroport. Je lui fais part de mon espagnol très approximatif. Il me répond qu’il ne parle pas vraiment plus l’anglais. « Somos iguales », lance-t-il en me regardant avec le sourire dans son rétroviseur. Nous sommes égaux.

J’explique à Luis la raison de mon court séjour à San José. Et vous, êtes-vous un « aficionado de futbol » ? lui ai-je demandé. « Claro ! », a-t-il répondu avec aplomb.

Ayant épuré le sujet de discussion le plus international de mon répertoire, la course se termine tranquillement.

J’arrive en milieu d’après-midi à mon hôtel près du centre-ville. Je dépose mes avoirs et j’en ressors le plus rapidement possible. J’ai hâte de fouler les rues de San José, dont l’agglomération métropolitaine est estimée à plus de 2 millions d’habitants. Il fait beau et chaud, mais un vent frais empêche la transpiration.

Je visite le Parque Braulio Carrillo Colina, petite aire pittoresque devant une charmante église. Y flânent de jeunes amoureux. S’y s’époumone – mais je dis bien s’époumone – un pasteur nouveau genre. Hurlant dans son micro, il donne l’impression qu’il enguirlande les passants plutôt que de les convaincre de leur bonne étoile.

Je continue ma route dans les rues animées de San José vers le Mercado central. Ici, le titre de cette carte postale prend tout son sens. Je me perds agréablement dans ce marché du centre-ville. Les boutiques d’attrape-touristes font rapidement place à de la vente d’épices en vrac. On tourne à gauche et on tombe sur des boucheries et des poissonneries. À droite, on y vend légumes, dont des piments et des tomatillos. On prend une nouvelle gauche : voici de petits stands de restaurateurs locaux.

  • Des produits vendus au Mercado Central de San José

    PHOTO JEAN-FRANÇOIS TÉOTONIO, LA PRESSE

    Des produits vendus au Mercado Central de San José

  • Des produits vendus au Mercado Central de San José

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    Des produits vendus au Mercado Central de San José

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Et c’est là que je me rends compte que le repas – pas du tout à la hauteur – de l’aéroport de Miami commence à se faire lointain. Je me laisse tenter par un des nombreux comptoirs offrant le casado, repas traditionnel du Costa Rica combinant riz, haricots noirs, tortillas, salade et source de protéine. Évidemment, je choisis celui à l’allure la plus bancale et où les sièges sont les plus occupés. « Salsa y pollito ? », me demande la dame. Volontiers, répondis-je avec assurément moins de grâce que dans ces lignes.

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Un plat de casado

Je finis par quitter le marché. Je prends une droite en mettant le pied dehors. Je ne sais pas trop où je m’en vais. Je tombe sur une boutique où on semble vendre des vêtements à l’effigie d’équipes de sports. Tiens, tiens. Flairant la bonne anecdote, je pénètre dans l’enceinte de ce modeste bazar où se mêlent caleçons, robes et maillots de l’équipe costaricaine. Ils n’ont pas l’air de très grande qualité.

Celui que j’estime être le propriétaire de l’établissement vient me voir. Il s’appelle Rodrigo. Encore une fois, je lui explique avec enthousiasme la raison de ma visite. Il est jovial, me parle anglais, il a aussi la citoyenneté américaine, a vécu à Los Angeles, est fan du Galaxy. Il voyage beaucoup, me dit-il. Au Mexique, au Panamá, notamment. Pour y « acheter des choses », pour son magasin. Tout s’explique.

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La boutique Importadora Melissa de Rodrigo

Mais il ne croit pas aux chances de sa Sele (diminutif de sélection) costaricaine contre le Canada. Même si, avec une victoire, elle se remettrait assurément dans la course au top 4.

Je fais un fist-bump à Rodrigo en quittant son établissement. Je repasse par le parc où se déchaînent les passions de messagers de Dieu. J’aimerais bien me laisser convaincre… mais il est temps de revenir à la chambre pour écrire cette carte postale.