On y est. Après 11 matchs de qualification dans l’Octogonale, le Canada disputera cette semaine ses dernières rencontres en vue de la Coupe du monde du Qatar, en novembre prochain. La Presse met la table en vue des matchs contre le Costa Rica, la Jamaïque et le Panamá.

Les scénarios de qualification

Quand et comment le Canada pourra-t-il finalement se qualifier ?

En première place avec 25 points au classement, dont 4 devant les États-Unis, le Canada est dans une position enviable. Il pourrait confirmer le tout dès jeudi, contre le Costa Rica. Une victoire et on n’en parle plus. Sinon, il devra espérer un de ces scénarios dans les autres matchs :

  • avec un match nul, il aurait besoin d’une défaite OU d’un match nul du Panamá contre le Honduras ;
  • avec un match nul, il aurait besoin d’une victoire OU d’un match nul du Mexique contre les États-Unis ;
  • avec une défaite, il aurait besoin d’une défaite OU d’un match nul du Panamá contre le Honduras ET d’une victoire du Mexique contre les États-Unis.

Évidemment, les joueurs de l’unifolié ne souhaitent pas tenir compte de ces scénarios. Ils visent la première place et un parcours d’invincibles en qualifications.

Mais ils ont aussi un autre objectif : le troisième chapeau du tirage au sort.

Le quoi ? Le troisième chapeau – sur quatre – du tirage au sort des groupes pour la Coupe du monde, qui permettrait en théorie d’éviter les équipes les mieux classées s’étant qualifiées pour le tournoi.

Et pour faire partie du troisième chapeau, on doit avoir le meilleur classement de la FIFA possible. Comment s’y prend-on ? Essentiellement, il faut gagner des matchs.

Le Canada est actuellement classé 33e au monde – le meilleur classement de son histoire –, derrière le Nigeria et devant l’Égypte de Mohamed Salah. Il y a 32 équipes qui participent à la Coupe du monde. Pour faire partie du troisième chapeau, le Canada doit être classé plus haut que huit autres équipes qui y participent. Ces huit dernières équipes seraient dans le quatrième chapeau.

Pourquoi c’est important ? Parce qu’en faisant partie du troisième chapeau au lieu du quatrième, le tirage au sort du Canada pourrait lui être plus avantageux. Il ferait partie d’un groupe d’équipes plus fort, et aurait donc plus de chances d’être jumelé à des sélections plus faibles.

En gros, les hommes de John Herdman veulent non seulement se qualifier rapidement, mais aussi le faire avec panache. Ils mettraient de cette façon toutes les chances de leur côté en novembre prochain.

À quoi s’attendre des adversaires ?

L’affrontement à prendre avec le plus de sérieux, c’est celui contre le Costa Rica jeudi. C’est une équipe affamée, qui se bat pour sa survie en qualifications.

Los Ticos sont présentement cinquièmes de l’Octogonale, avec 16 points. À un point de la quatrième place, détenue par le Panamá. Cette position permet de jouer le tout pour le tout dans un match de barrage contre une équipe de l’Océanie.

Le Costa Rica a remporté trois de ses quatre derniers matchs, ce qui lui a donné un second souffle dans ces qualifications. Les attaquants canadiens devront notamment se frotter au gardien Keylor Navas, un des meilleurs joueurs au monde à sa position, même si le Paris St-Germain lui préfère actuellement l’Italien Gianluigi Donnarumma.

Ce n’est jamais facile de jouer à l’Estadio Nacional de San José. Le match se disputera en plus à guichets fermés, soit avec une foule d’environ 35 000 spectateurs.

Mais la motivation ne manque pas dans le camp canadien.

Il pourrait arriver à Toronto pour y affronter la Jamaïque dans une véritable ambiance de fête. Les Reggae Boyz sont déjà éliminés des qualifications (7 points, 3 défaites de suite), et ne présentent pas une grande menace pour des Canadiens gonflés à bloc. Gardons toutefois en tête que la Jamaïque avait tenu le Canada en échec avec un match nul de 0-0 à Kingston, en octobre dernier.

Mais si le billet pour le Qatar n’est pas encore acheté à ce moment et qu’il l’obtient le 27 mars, ce match pourrait devenir un des moments les plus marquants du soccer canadien, qui n’en a pourtant pas manqué dans les dernières années.

Dans le pire des scénarios – que des défaites et des résultats non favorables ailleurs –, le tout dernier match contre le Panamá pourrait devenir dangereux. Lui aussi a besoin de tous les points possibles. Et Los Canaleros, à la maison, ont cette hargne qui peut faire sortir leurs adversaires de leur plan de match. Le Canada ne veut absolument pas avoir besoin d’obtenir un quelconque résultat au Panamá pour assurer sa qualification.

Mais on n’en est pas encore là. Les hommes de Herdman ont leur destin entièrement entre leurs mains. De toute façon, il est déjà assuré que le Canada ne termine pas plus bas que la quatrième position.

Des Montréalais en vedette

Herdman a offert une surprise de taille aux partisans canadiens et montréalais, dimanche : le jeune Ismaël Koné, qui a effectué ses débuts professionnels avec le CF Montréal cette saison, a été rappelé par le sélectionneur du Canada.

À seulement 19 ans, le milieu de terrain a déjà pris part à sept matchs en 2022, dont six départs. Il a même fait sa marque offensivement, enfilant déjà deux beaux buts et ajoutant deux passes décisives à son compteur.

PHOTO KIM KLEMENT, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Ismaël Koné (à droite)

« Une des choses que j’ai remarquées chez lui, c’est sa mentalité, a commenté Herdman en visioconférence, dimanche. Lors [du match du CF Montréal contre Atlanta samedi], il a démontré cette résilience qui est si importante pour faire partie de notre équipe. Tu peux faire une erreur, mais ensuite t’en remettre et produire une performance comme il l’a fait. »

Soyons toutefois réalistes : il serait surprenant que Koné joue d’importantes minutes avec le Canada cette semaine. Son ajout à l’équipe a probablement plus comme objectif de sécuriser sa carrière internationale avec l’unifolié, lui qui a aussi la nationalité ivoirienne.

Herdman pourrait ainsi le faire entrer sur le terrain à la fin d’une rencontre déjà pliée, question de s’assurer que son talent n’échappe pas au futur prometteur de la sélection. Selon les nouvelles règles de la FIFA, les joueurs de moins de 21 ans doivent fouler la pelouse trois fois plutôt qu’une pour confirmer leur appartenance à une sélection.

Mais avec seulement une poignée de matchs professionnels sous les crampons de Koné, Herdman est déjà impressionné.

« Je n’ai jamais vu un profil comme le sien, pour un milieu de terrain, depuis le temps que je suis en poste », a-t-il renchéri.

Koné aura en plus quelques coéquipiers montréalais avec lui pour l’aider à s’intégrer au groupe : Alistair Johnston et Kamal Miller pourront l’épauler.