La Presse porte un regard sur la saison 2022 de la MLS qui s’amorce ce week-end.

CF Montréal : bâtir sur 2021

La saison dernière, les analystes de la MLS prévoyaient une saison de misère au CF Montréal. Avec un entraîneur-chef inexpérimenté embauché quelques semaines avant le début du calendrier, on le voyait croupir au fond du classement de la MLS.

Non seulement les hommes de Wilfried Nancy ont confondu les sceptiques, ils se sont aussi servi de ces estimations négatives pour se créer une identité. Résultat : une course aux séries haletante qui s’est conclue au dernier match de la saison, ainsi qu’un titre en Championnat canadien.

Mais cette année, le CF Montréal sera attendu. Ce qui ne l’empêche pas d’être prétendant à une place en éliminatoires à la fin des 34 matchs.

La philosophie de jeu de Wilfried Nancy est maintenant bien en place. Les joueurs, qui font partie d’un effectif majoritairement inchangé, connaissent leurs rôles et adhèrent aux théories de leur technicien. On a amélioré l’échine dorsale en défense avec l’acquisition d’Alistair Johnston, véritable pilier pour le Canada à l’international.

Les vraies questions chez le CF Montréal concernent l’attaque. Mason Toye, qui avait raté les derniers mois de la saison dernière mais qui s’en était remis dans l’entre-saison, est de nouveau à l’écart. Celui qui avait marqué 7 buts en 14 matchs, dont 10 titularisations, pourrait même être absent pour longtemps.

Nancy a quand même à sa disposition deux attaquants expérimentés en Romell Quioto et maintenant Kei Kamara. Mais c’est la profondeur à cette position qui fait défaut.

Le milieu offensif Djordje Mihailovic, nommé joueur par excellence de l’équipe en 2021, souhaite marquer plus de buts. Sauf que son entraîneur ne veut pas non plus qu’il perde son flair de créateur de jeux : il avait battu le record de passes d’Ignacio Piatti, avec 16.

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Djordje Mihailovic, nommé joueur par excellence de l’équipe en 2021

Sinon, le jeune Sunusi Ibrahim n’est pas vilain, mais manque encore d’expérience et de finition. Et il est blessé. Tout comme Ivy Brisma, repêché au SuperDraft en janvier et qui avait connu un bon camp d’entraînement. Bjørn Johnsen était le souffre-douleur des partisans en 2021 et partait avec de bonnes intentions en 2022, mais il a durement souffert de la COVID-19 et a encore du mal à s’en remettre.

Et si le CF Montréal a complètement dominé son affrontement face au Santos Laguna, mercredi dernier en Ligue des champions, force est d’admettre que les équipes MLS ne seront pas aussi généreuses de leur espace défensif sur le terrain.

Malgré tout, le contexte est propice à une belle évolution pour le CF Montréal. Le projet du club, qui a déjà fait jouer des jeunes de l’Académie comme Rida Zouhir et Ismaël Koné avec grand succès en Ligue des champions, est très intéressant. L’équipe est de plus remplie de joueurs québécois et canadiens.

Une qualification en séries est non seulement possible, c’est aussi l’objectif ultime de cette saison.

Des vedettes salvatrices ?

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L’Italien Lorenzo Insigne rejoindra le Toronto FC en juillet, de Naples.

La MLS se nourrit de grands noms pour se bâtir une notoriété à l’étranger. Elle a été servie dans l’entre-saison.

Le champion d’Europe italien Lorenzo Insigne rejoindra le Toronto FC en juillet, de Naples.

L’international suisse Xherdan Shaqiri a quitté l’Olympique lyonnais pour se joindre au Fire de Chicago.

Comment ces deux transferts changeront-ils la trajectoire de ces deux équipes ?

Dans le cas d’Insigne, l’enjeu sera surtout de garder le club à flot avant son arrivée. Le TFC a été moribond l’an dernier, finissant la saison au 13rang dans l’Est. La reconstruction est entamée, mais pas tout à fait achevée.

Il est vrai que le club a beaucoup changé depuis. L’arrivée de l’entraîneur émérite Bob Bradley – qui rejoint ainsi son fils, le milieu Michael Bradley – devrait faire partir l’équipe sur de bonnes bases. L’acquisition du joueur désigné Carlos Salcedo devrait aussi aider à colmater des brèches en défense.

Sauf que Toronto part de loin. Il faut bâtir un club autour d’un joueur qui n’arrive pas avant la mi-saison. Le TFC tiendra-t-il le coup jusque-là ?

À Chicago, on veut conjurer le mauvais sort des dernières années en sortant le chéquier. Xherdan Shaqiri arrive donc avec l’étiquette du transfert le plus coûteux de l’histoire de la franchise, soit 7,5 millions de dollars. Son association avec l’avant-centre Kacper Przybylko, acquis de l’Union de Philadelphie pour la coquette somme de 1,15 million, sera déterminante. Przybylko a marqué 12 buts et obtenu 3 passes décisives avec l’Union en 2021.

Sur papier, l’investissement hivernal du propriétaire Joe Mansueto est de bon augure. Est-ce que ce sera assez pour qualifier son club pour les éliminatoires pour seulement une troisième fois en 12 ans ?

Inter Miami, prise 2

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L’attaquant de l’Inter Miami Gonzalo Higuain (9) a marqué 12 buts en 30 matchs la saison dernière.

Les deux premières années de l’Inter Miami en MLS ont été, disons… mouvementées. En plus de deux saisons à jeter aux poubelles sur les plans des performances et du classement, le club de David Beckham a dû être sanctionné pour des transferts qui contrevenaient aux règles de la MLS. Notamment celui de l’international français Blaise Matuidi.

Mais en 2022, Miami entame un nouveau départ. Le club a été grandement restructuré. On a fait l’acquisition de 15 joueurs, alors que 17 ont pris le chemin inverse.

Les deux plus grands noms à avoir adopté le soleil de la Floride ? Le milieu de terrain Jean Mota, un Brésilien qui arrive du Santos FC, et le défenseur américain DeAndre Yedlin. Ce dernier arrive du Galatasaray, en Turquie, en tant qu’agent libre.

À Miami, le plus grand atout reste l’attaquant argentin Gonzalo Higuain. Il a marqué 12 buts en 30 matchs la saison dernière. Il faut que l’entraîneur anglais Phil Neville trouve le moyen de lui donner le ballon le plus souvent possible.

Et ça va passer par des poussées offensives de latéraux comme Yedlin. Et par une continuation des performances du Brésilien Gregore au milieu de terrain. Il était un des seuls points lumineux de l’équipe en 2021.

Sur la prémisse de notre analyse des plus grandes intrigues de la MLS cette saison, une équipe aussi réformée que l’Inter Miami se classe pas mal au sommet.

Des récidivistes ?

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Le New York City FC a remporté la Coupe MLS la saison dernière.

Deux des équipes les plus dominantes de la dernière année attirent notre attention en ce début de saison. Il y a les champions en titre de la Coupe MLS, le New York City FC. Et la meilleure équipe de la saison, le Revolution de la Nouvelle-Angleterre.

À New York, une épée de Damoclès rôde au-dessus du club : le départ presque inévitable de Valentín Castellanos (19 buts, 8 passes), meilleur buteur de la MLS en 2021. Le NYCFC a pour l’instant réussi à retenir son attaquant en ville. Si les Pigeons veulent aller chercher un deuxième titre en deux ans, il leur faudra trouver le moyen de le garder jusqu’en novembre. Autrement, l’équipe ressemble pas mal à celle de l’an dernier et reste parmi les favorites.

Le Revolution a établi un nouveau record de points en MLS l’an dernier. À l’avant, le départ du Canadien Tajon Buchanan vers Club Bruges, en Belgique, aura certainement un impact. Mais la force créative émanant de Carles Gil y est toujours, tout comme celle de Gustavo Bou. Les Revs ont en plus ajouté l’international américain Jozy Altidore, ainsi qu’un milieu de terrain expérimenté en Sebastian Lletget. Le défi en Nouvelle-Angleterre sera de concrétiser une éventuelle bonne saison en d’aussi bonnes performances dans les éliminatoires, et aller chercher une toute première Coupe MLS dans l’histoire de la franchise.

Dites bonjour au Charlotte FC

Ne vous méprenez pas : la saison inaugurale du Charlotte FC en MLS, retardée d’un an à cause de la pandémie, ne sera pas une partie de plaisir. Du moins, sur le terrain.

« Pour l’instant, on est foutus [we’re screwed] », a lancé l’entraîneur-chef Miguel Angel Ramirez une quinzaine de jours avant le début de la saison de son club. Il était question de la construction de son équipe et des joueurs à sa disposition pour commencer l’année.

L’intrigue ici est moins de savoir où se situera le club au classement, mais plutôt de voir quel impact culturel l’équipe aura dans sa ville. On a engagé un « directeur des partisans » (chief fan officer), qui devra être à l’écoute des supporters, faire connaître le club dans la région et établir un lien direct avec la communauté.

Visiblement, l’organisation veut s’implanter à Charlotte avant de viser un succès sportif.