La digue canadienne a tenu le coup pendant 56 minutes, dimanche soir, à Guadalajara.

Contre le « géant » mexicain, comme l’avait lui-même nommé l’entraîneur-chef Mauro Biello samedi, la formation canadienne des moins de 23 ans a joué la carte de l’efficacité défensive, de la patience et de l’opportunisme dans l’espoir d’obtenir un laissez-passer pour les Jeux olympiques de Tokyo.

Les Canadiens ont pu museler les Mexicains jusqu’à la 57e minute, alors qu’une bourde de James Pantemis, du CF Montréal, a mené au premier but adverse.

Le gardien a raté sa remise basse en plein centre, le ballon atterrissant dans les pieds de Carlos Rodriguez. Passe de ce dernier à Uriel Antuna et c’était 1-0 Mexique.

Un scénario injuste pour le Québécois, qui a connu un fort tournoi. Avant le match, Pantemis était le portier revendiquant le plus d’arrêts dans ce tournoi pré-olympique, avec 13. Il n’avait jusque-là concédé qu’un but en un peu plus de trois matchs et demi.

« Malheureusement, il faut être parfaits contre une telle équipe, et nous avons fait cette erreur qui a changé le match. Ça nous a fait mal », a reconnu Biello, qui a cependant eu de bons mots pour son gardien.

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Le gardien James Pantemis

James a eu un excellent tournoi. Je suis déçu pour lui que ce soit arrivé comme ça. Mais c’est un jeune gardien avec un grand avenir.

Mauro Biello, entraîneur-chef du Canada

Pantemis portait le brassard de capitaine en remplacement de Derek Cornelius, sur le banc, mais blessé.

Quoi qu’il en soit, malgré l’erreur du gardien, ce n’était sans doute qu’une question de temps. On emprunte ici l’expression consacrée : le Mexique était trop fort.

Un jeu bizarre a ensuite conduit au second but de l’équipe locale, à la 65e minute. Un coup franc cueilli de la tête par Johan Vásquez a frappé le poteau droit de Pantemis de plein fouet avant de revenir sur un défenseur canadien, puis sur Vásquez… 2-0. Ce sera le score final.

Le CF Montréal comptait deux autres joueurs dans le onze partant : Zachary Brault-Guillard et Zorhan Bassong.

Ballou Tabla a, quant à lui, été appelé en renfort à la 61e minute.

Les Mexicains accompagneront les Honduriens à Tokyo, tombeurs des Américains, 2-1, dans l’autre demi-finale.

Il s’agit de la troisième qualification consécutive où le Mexique élimine Canada en demi-finale. En 2012, cette victoire avait été le premier pas du pays en route vers l’or olympique de Londres.

Le Canada n’a jamais battu le Mexique chez lui lors d’un match de compétition et présente maintenant contre les Mexicains une fiche de 0-5-2 chez les moins de 23 ans en qualifications olympiques depuis 1992.

La plus récente participation canadienne aux Jeux olympiques remonte à 1984, dernière de ses trois présences aux JO.

« Nous les frustrions »

Le Mexique a tiré 18 fois en direction de la cage canadienne, dont 8 cadrées. Dans l’autre camp, on s’est exécuté à trois reprises, dont un seul essai, faible, a requis un arrêt du gardien mexicain.

Comme prévu, les locaux ont également dominé le temps de possession, avec 62 %, au stade Jalisco.

La première alerte était survenue dès la 9e minute, forçant Pantemis à sortir le pied. Le portier québécois s’est de nouveau signalé à la 24e minute.

À la 34e minute, un jeu serré aurait pu valoir un tir de pénalité aux Mexicains, mais l’officiel n’a pas sévi.

N’empêche que le plan de match canadien, basé sur une défense à cinq, avait fini par énerver les favoris, une mêlée – sans conséquences, toutefois – éclatant en fin de première mi-temps.

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Le défenseur canadien Zorhan Bassong après la défaite

« Nous les frustrions », a affirmé Mauro Biello, convaincu que la tactique des siens était la bonne.

Outre le talent et l’expérience de la formation mexicaine – ses joueurs comptaient collectivement environ six fois plus de départs chez les pros que leurs vis-à-vis –, la fatigue jouait aussi en défaveur des Canadiens, pour qui il s’agissait d’un quatrième match en dix jours. Les Mexicains avaient entamé le tournoi un jour plus tôt et bénéficié d’un jour de repos de plus avant la demi-finale.

Et les représentants canadiens n’ont eu qu’une semaine pour se préparer ensemble, a rappelé l’entraîneur, qui s’est dit « très fier de cette équipe ».

Le Canada avait enregistré une fiche de 1-0-2 en phase de groupe, alors que le Mexique avait remporté ses trois duels.

« Nous avons perdu contre la meilleure équipe de la CONCACAF… et c’était un combat », a relevé Biello.

Au bout du compte, comme c’est souvent le cas, le talent aura eu le dessus.