La saison en MLS vient de se conclure pour le CF Montréal. Le moment est donc bien choisi pour lancer, à chaud, quelques idées de chantiers sur lesquels il devra se pencher lors de l’entre-saison.

Attirer une vedette ?

C’est une récrimination qu’on a entendue souvent cette année : le CF Montréal n’a pas de vedette, outre le Québécois Samuel Piette, pour attirer les foules au stade Saputo. On peut débattre longtemps des causes de ce désintérêt aux guichets. Mais force est de constater que le CF Montréal a réussi des petits miracles sur le terrain sans y aligner de réelle tête d’affiche, séries éliminatoires ou pas.

Ici, le crédit revient autant à l’entraîneur-chef Wilfried Nancy (nous y reviendrons) qu’au directeur sportif Olivier Renard. Le CF Montréal est jeune. Avec une moyenne d’âge de 24,5 ans, il est au quatrième rang des plus jeunes équipes du circuit.

Mais ces jeunes ont fait leur marque. Djordje Mihailovic, qui a battu le record du club pour les passes décisives en une saison avec 16, n’a que 22 ans. Mathieu Choinière, Zachary Brault-Guillard et Zorhan Bassong ont le même âge. Mason Toye, qui a marqué 8 buts avant qu’une blessure mette fin à sa saison à la mi-août, en a 23. Sunusi Ibrahim a montré de bons flashs en fin de saison, malgré un manque d’opportunisme. Il n’a que 19 ans.

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Djordje Mihailovic (8) a inscrit un record du club pour le nombre de passes décisives en une saison avec 16.

Le CF Montréal devra espérer que le travail effectué avec ces jeunes en 2021 porte ses fruits en 2022.

Des contrats à prolonger… ou pas

Les contrats de Mathieu Choinière et de Rudy Camacho, ainsi que le prêt de Lassi Lappalainen viennent à échéance en décembre. Les ententes de Zachary Brault-Guillard et de Joel Waterman aussi, mais ils ont des options de prolongation. Il serait surprenant que le club laisse aller de jeunes vedettes locales comme Choinière et Brault-Guillard, mais on peut réellement se poser des questions pour les autres.

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Mathieu Choinière (29) est à la recherche d’une nouvelle entente.

Rudy Camacho s’est imposé en nouveau général en défense, malgré une indiscipline parfois coûteuse en termes de cartons. Son leadership a souvent été noté par Wilfried Nancy. Mais avec un salaire de base à 800 000 $ par année, son contrat n’est pas le plus facile à renouveler. Et à 30 ans, c’est le deuxième plus vieux joueur du club. Aux dernières nouvelles, son permis de travail au Canada venait à échéance à la fin de l’année. Dossier compliqué s’il en est un.

Celui de Bjørn Johnson, acquis en février dernier, devrait aussi faire plisser les yeux d’Olivier Renard. Disons simplement que l’attaquant n’a vraiment pas trouvé sa niche à Montréal. Il est au troisième rang des joueurs les mieux payés du club. Il n’a que 2 buts à sa fiche, marqués lors du même match contre Miami en mai dernier, malgré 26 apparitions en 2021. Et son contrat est bon jusqu’en 2022. Tenter de le relancer ou encaisser le coup financier et s’en départir ?

La stabilité au poste d’entraîneur-chef

Le CF Montréal a historiquement eu l’habitude de prendre des décisions draconiennes vis-à-vis du poste d’entraîneur-chef. Il en a eu huit en neuf ans en MLS. Il en a eu trois dans les trois dernières années. Le défi ici est donc d’assurer la continuité avec Wilfried Nancy.

On ne donnait pas cher de la peau du CF Montréal cette année. Mais Nancy a profité de sa jeune équipe pour la façonner à sa manière. Il a instauré une philosophie de jeu claire. Peu importe l’adversaire, il n’en déroge pas. Les joueurs apprécient particulièrement cet aspect.

Nancy n’avait initialement qu’une seule année à son contrat. Mais après à peine sept matchs de joués dans le calendrier, Olivier Renard en avait vu assez : il exerçait l’option de l’année supplémentaire.

Certains commentateurs bien connus de la MLS, comme Taylor Twellman, estiment même qu’il devrait être considéré au titre d’entraîneur de l’année.

L’harmonie avec les partisans

Améliorer l’équipe sur le terrain, c’est une chose. Mais 2021 a surtout été l’année du rebranding, de la division au sein de la communauté de partisans et de l’expulsion des Ultras de leur section 132. Un torrent de facteurs qui a mené au départ du président Kevin Gilmore.

En discutant avec les divers groupes de supporters dimanche, aux abords du stade Saputo, une chose était claire, selon eux : le nom « Impact » doit revenir, sous une forme ou une autre.

C’est une des réclamations des Ultras. Membre des 1642 MTL, Sébastien Ouellet estime qu’il pourrait y avoir « un hybride, avec le mot Impact incorporé dans le nom qui ferait l’affaire de tout le monde ».

Pour Dominique Ritchot, membre du groupe 127 Montréal, il est « impératif » que « la base partisane soit consultée ». Rémi Deroy, aussi des 127, est « prêt à vivre » avec l’idée que le club prenne une année pour se préparer en faisant « les choses dans les règles de l’art ».

On a senti un élan d’optimisme de la part des partisans à la suite du départ de Kevin Gilmore. Le club devra bâtir sur celui-ci.

Remplacer Kevin Gilmore

Le défi est de taille. Et les questions sont nombreuses.

Plusieurs lancent les noms d’anciens joueurs, comme Patrick Leduc ou Patrice Bernier, pour prendre la place de Kevin Gilmore. L’idée étant d’embaucher quelqu’un qui a la culture du soccer plus à cœur.

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Le président Kevin Gilmore a quitté ses fonctions la semaine dernière.

Une autre école de pensée verrait le club se tourner vers quelqu’un de bien connecté dans le milieu des affaires, avec un rôle plus effacé. Une personne qui se chargerait ainsi de tisser des liens solides entre les grandes entreprises et le club.

Le candidat ou la candidate a au moins une certitude : il ou elle héritera d’une équipe qui, sportivement, va dans la bonne direction. L’entraîneur-chef est bien en selle. Olivier Renard fait du bon boulot à titre de directeur sportif.

Son chantier sera ailleurs. La personne élue devra trouver de nouvelles façons de remplir le stade et d’assurer la rentrée d’argent. Le rebranding a été le grand projet de Kevin Gilmore. Il visait à relancer l’organisation dans cette MLS 2.0 bondée de clubs d’expansion. Visiblement, le changement de nom et de logo n’a pas à lui seul fait exploser les guichets.