(Londres) Au soccer, les Italiens ont longtemps fait peur aux amateurs espagnols : des rivaux durs, forts défensivement, cyniques.

Et gagnant par tous les moyens possibles — du moins c’était la perception en Espagne, de longue date. Luis Enrique le sait bien.

L’actuel sélectionneur de l’Espagne faisait partie de l’équipe nationale battue par l’Italie 1-0 en quarts de finale du Mondial de 1994.

Aussi célèbre que le but vainqueur à la 88e minute de Roberto Baggio était le coude au visage subi par Enrique, venant de Mauro Tassotti.

Le geste est resté impuni pendant le match — Tassotti obtiendrait plus tard une suspension de huit matchs — mais il n’a pas été oublié en Espagne.

La photo d’un Luis Enrique angoissé, du sang coulant de son nez cassé sur une serviette blanche, est entrée dans l’histoire et est souvent mise en évidence, chaque fois que les deux rivaux se rencontrent.

Le plus récent chapitre de la rivalité s’écrira mardi à Londres, en demi-finale de l’Euro.

« Nous nous sommes parlé quelques fois depuis mais c’est du passé, a dit Enrique, à propos de l’incident avec Tassotti. Bien sûr, nous aurions tous les deux préféré que ça se passe différemment, mais il n’y a rien de plus à dire. »

Enrique a passé un an à la barre du club italien Roma, en 2011-12.

« C’est un pays que j’aime beaucoup (l’Italie), a-t-il déclaré. Chaque fois que j’ai un peu de temps libre, j’aime toujours m’y rendre. C’est toujours agréable d’affronter l’Azzurri. »

Pendant 88 ans, l’Espagne n’a pas battu l’Italie dans un match de compétition, et un complexe d’infériorité s’est développé.

Un choc de styles — l’Espagne portée sur l’attaque, l’Italie sur la défense — allait toujours à sens unique.

Jusqu’en 2008. L’Espagne a battu l’Italie aux penalties à Vienne en quarts de finale de l’Euro, en route vers un premier titre continental en 44 ans.

Quatre ans plus tard, l’Espagne battait à nouveau l’Italie à l’Euro 2012, cette fois 4-0, à Kiev. Ce fut le score le plus déséquilibré en finale de l’histoire du tournoi.

Pourtant, la défense du titre de l’Espagne a été interrompue en huitièmes de finale il y a cinq ans par une Italie limitée mais tactiquement supérieure entraînée par Antonio Conte, qui a gagné 2-0 à Paris.

L’approche de l’Italie a changé depuis que Roberto Mancini a pris ses fonctions d’entraîneur en 2018.

La robustesse en défense est toujours là mais l’Italie a un flair offensif ces jours-ci, en plus de compter sur de solides passeurs.

L’Espagne a l’équipe avec l’âge moyen le plus jeune du tournoi -24,1 ans — et il y a un sentiment que Luis Enrique pense que ses joueurs ont dépassé les attentes en atteignant les demi-finales.

C’est pourquoi il était si fier d’avoir battu la Suisse en quarts de finale, malgré la nécessité d’une séance de tirs au but.

« Il est impossible de minimiser que pour une équipe nationale, nous sommes peu expérimentés », a dit Enrique.

C’est pourquoi des joueurs comme Cesar Azpilicueta, Sergio Busquets et Jordi Alba, aguerris en Ligue des champions, seront si importants pour guider les jeunes joueurs espagnols, au Wembley Stadium.