Cameron Porter se tient à quelques mètres du lieu de son exploit. En entrevue avec La Presse+, le jeune attaquant aperçoit le but dans lequel il avait permis à l'Impact, en marquant contre Pachuca dans le temps additionnel, de poursuivre l'aventure en Ligue des champions.

Le souvenir est indélébile dans son esprit, mais retrouver le Stade olympique est, à la base, une victoire d'une autre nature. Après une grave blessure à un genou et un long travail solitaire, le numéro 39 est finalement prêt à se relancer. 

«Je suis tellement heureux d'être de retour que je pourrais m'entraîner n'importe où, dit-il sans la moindre pointe d'enthousiasme à propos du domicile hivernal de l'Impact. C'est fantastique d'être sur le terrain avec l'équipe première après avoir passé beaucoup de temps avec la USL et avec l'Académie.»

Depuis ce but en Ligue des champions, Porter a tout connu. Dans les heures qui ont suivi le quart de finale, il s'est retrouvé au centre de l'attention à Montréal et auprès de ceux qui suivent la MLS, ailleurs sur le continent. L'histoire est d'autant plus belle que l'Américain de 22 ans a fait son chemin en étant sélectionné lors du repêchage supplémentaire, généralement stérile en bonnes surprises. Aujourd'hui, il se fait encore rappeler cet épisode continental par les partisans de l'Impact.

«Oui, on me reconnaît de temps en temps et c'est, sans le moindre doute, grâce à ce but. Les gens me disent que c'était un moment spécial pour eux et, généralement, je leur dis que c'était aussi un moment spécial pour moi. Et c'est vrai. À la base, je n'avais pas été convié au camp d'évaluation de la MLS, puis j'ai reçu une invitation à la dernière minute. Après, j'ai été repêché et j'ai été ajouté à l'effectif.» 

«Ç'a été une progression fulgurante jusqu'à ce moment incroyable, puis ç'a été une chute tout aussi fulgurante.»

Son début de carrière a effectivement pris une tournure opposée avec une blessure subie sur le terrain synthétique du Revolution de la Nouvelle-Angleterre, le 21 mars. Trois petits matchs après l'exploit de Pachuca, le verdict est sans appel: déchirement du ligament croisé antérieur du genou gauche et une absence de 9 à 12 mois. 

«Après l'opération, ç'a probablement été les trois pires jours. Sincèrement, c'était encore plus douloureux que la blessure elle-même», confie-t-il. Dans la foulée, les soutiens se multiplient au chevet de l'attaquant. Après la visite de sa mère et de sa grand-mère, son père passe une semaine à ses côtés. Il peut également compter sur l'aide quotidienne de son colocataire, l'arrière droit Eric Miller.

Coups de blues

Contrairement à Kenny Cooper, Porter décide de rester à Montréal pour l'intégralité de sa convalescence. Pendant l'entraînement de ses coéquipiers, lors des séances à la Caserne Letourneux, il multiplie les exercices pour stabiliser le genou et retrouver du tonus musculaire. Il n'empêche que le parcours est jalonné de coups de blues. La partie la plus pénible? Les quatre premiers mois durant lesquels il travaille sur l'amplitude du mouvement. Surtout que, d'un jour à l'autre, l'étendue des progrès varie grandement.

Mais Porter reste un éternel optimiste qui trouve du positif malgré une saison largement tronquée. 

«J'ai appris que les défis du quotidien, à l'entraînement, ne sont rien par rapport à une année de rééducation intense au cours de laquelle je dois aussi finir mon cursus universitaire (en sciences de l'informatique). Un autre bon côté est que, lorsque j'ai finalement pu retoucher au ballon, je n'avais pas la pression de tout donner pour être parmi les titulaires. Ça m'a permis de travailler sur mes faiblesses tandis qu'au cours d'une saison normale, j'aurais été plus enclin à les cacher.»

L'Impact sera patient

En passant du temps avec le FC Montréal, ces dernières semaines, Porter s'est débarrassé de toute crainte pouvant accompagner des efforts plus soutenus. Celui qui a approfondi sa connaissance du français, au cours des derniers mois, se frappe alors le genou pour ajouter une preuve supplémentaire de sa guérison. Parce qu'il faut une année complète pour que les ligaments retrouvent leur force maximale, il devra encore porter une orthèse durant le prochain mois. Mais il se sent prêt à jouer de nouveau et prouver qu'il n'est pas uniquement l'homme d'une seule grande occasion.

D'ici sa première apparition, l'Impact fera preuve de prudence. «De voir sa maturité dans sa [rééducation] et la façon dont il s'est remis de sa blessure, c'est incroyable, a jugé l'entraîneur Mauro Biello. On est contents, mais c'est un processus. On sait qu'avec une blessure d'une telle gravité, il y a toujours la possibilité d'une rechute. On veut prendre notre temps, qu'il ait un bon camp d'entraînement et, s'il a besoin d'un repos, on va s'ajuster.»