Sortie par la petite porte pour Iker Casillas: l'emblématique portier du Real Madrid va finalement rejoindre le FC Porto alors qu'il souhaitait rester dans son club de toujours, où il a tout gagné et aurait sans doute mérité plus d'égards.

En 25 années passées au club merengue, dont 16 saisons professionnelles, Casillas a bien gagné le surnom de «San Iker», ange gardien aux réflexes spectaculaires et aux parades souvent décisives.

Mais à 34 ans, le recordman des sélections avec l'Espagne (162) ne semblait plus faire l'unanimité au Real. Au point que le club madrilène n'a pas hésité à sacrifier samedi l'un de ses symboles sur l'autel du rajeunissement, avant l'arrivée attendue de David de Gea (Manchester United).

«Le Real Madrid et le FC Porto se sont accordés quant au transfert d'Iker Casillas vers le club portugais», a annoncé le club madrilène samedi soir dans un communiqué diffusé après trois jours de négociations houleuses.

Ce départ pour le FC Porto est un crève-coeur pour Casillas, qui avait répété ces derniers mois son désir de finir sa carrière au Real, où il disposait d'un contrat en or s'achevant en 2017.

Mais le soulagement finira peut-être par l'emporter après trois dernières années rudes à Madrid pour le gardien, champion du monde 2010 et double champion d'Europe (2008, 2012) avec l'Espagne.

En conflit avec Mourinho

Le basculement date de 2012-2013: en conflit avec l'entraîneur d'alors, José Mourinho, Casillas avait été relégué sur le banc et accusé d'être une «taupe» divulguant à la presse les secrets du vestiaire.

Mis en concurrence avec la recrue Diego Lopez, conspué par une partie du stade Santiago-Bernabeu, coupable de bourdes inhabituelles, le gardien a vécu une descente aux enfers qui a culminé au Mondial-2014 au Brésil: fiasco contre les Pays-Bas (5-1) et élimination au premier tour.

Ces mois de doutes ne doivent néanmoins pas faire oublier l'incroyable palmarès du portier au Real: trois Ligues des champions remportées (2000, 2002, 2014) pour un total de 19 titres en club.

Lors de sa première saison en 1999-2000, le gamin de Mostoles, dans la banlieue de Madrid, avait réussi un coup de maître, devenant à 19 ans et 4 jours le plus jeune gardien titularisé dans une finale de C1, remportée contre Valence (3-0).

Son calme, ses réflexes et son aisance dans les face-à-face l'ont rangé parmi les meilleurs gardiens de l'histoire, comme en témoigne son arrêt du bout du pied face au Néerlandais Arjen Robben en finale du Mondial-2010 (1-0 a.p.).

Cinq ans plus tard, Casillas n'a pas perdu cette capacité à gagner les duels: il a encore signé deux parades décisives mi-juin contre le Bélarus (1-0) en qualifications pour l'Euro-2016, une compétition qui devrait être sa dernière avec la «Roja».

«Pour le Real Madrid, c'est surtout un jour de reconnaissance [...]. Il y a dans cet au revoir des millions de sensations et une mémoire chargée d'espoirs, de sacrifices, d'efforts et de victoires uniques», lit-on encore dans le communiqué.

Mais ses états de service n'ont apparemment pas suffi pour sauver sa tête à Madrid. «Le Real exige beaucoup de toi. Chaque année davantage», reconnaissait Casillas fin mai au micro de la radio Cadena Ser.

Le sort du gardien fait écho à celui d'une autre légende merengue, l'attaquant Raul Gonzalez, poussé sans ménagement vers la sortie en 2010.

Par contraste, Xavi Hernandez a vécu début juin un départ en apothéose au FC Barcelone, couronné d'un ultime sacre en C1.