À l'autre bout du fil, Marie-Ève Nault se fait rassurante sur son état de santé. La blessure au mollet, qui l'a privée d'une dernière répétition générale contre l'Angleterre, le 29 mai, est en très bonne voie de guérison. «Je devrais être prête pour [le match de samedi soir]», indiquait-elle, plus tôt cette semaine.

Peu importe son statut et le rôle qu'elle jouera durant les prochaines semaines, Nault n'a qu'un objectif en tête: la réussite collective de la sélection qui affronte la Chine, samedi après-midi, à Edmonton. «J'ai appris avec les années qu'il y a 23 sélectionnées et que chaque joueuse a son rôle. Rendu à ce point-là, on le fait pour l'équipe et non pas pour nous individuellement. Si je peux aider l'équipe sur le terrain, je vais y aller au maximum, mais je vais accepter le rôle que John [Herdman] va me donner.»

Pour La Presse, la Trifluvienne a accepté d'analyser chaque secteur de la sélection canadienne. Une sélection toujours menée par Christine Sinclair, mais qui, avant tout, misera sur son unité devant ses partisans. «Les États-Unis ont une Abby Wambach, mais ils ont plusieurs autres joueuses qui peuvent changer l'allure d'un match. Nous, à part Sinclair, on ne peut pas dire qu'un individu peut y parvenir, mais notre chimie - sur et à l'extérieur du terrain - peut faire la différence. Dans un match émotionnel, quand il faut aller à la guerre les unes pour les autres, ça peut aussi aider», lance-t-elle.

GARDIENNE DE BUT

Il y a quatre ans, la gardienne Erin McLeod avait songé à quitter la sélection. Aujourd'hui, la joueuse de 32 ans est l'une des valeurs sûres de la sélection et l'une des plus expérimentées grâce à ses 104 sélections. «Elle organise bien la défense et elle est très vocale, ce qui nous aide dans nos placements, révèle Nault. Elle est solide, elle n'a pas peur de sortir sur des centres et John lui a demandé de jouer plus haut. Elle distribue aussi bien le ballon avec ses pieds même s'il y a de la pression.» La deuxième gardienne, Karina LeBlanc, prendra sa retraite internationale à l'issue de ce tournoi.

LA DÉFENSE

Les Canadiennes ont croisé la route de plusieurs rivales d'envergure dans leur longue préparation: la France, l'Angleterre ou la Suède. Fait intéressant, la défense n'a jamais cédé plus d'un but au cours des 10 derniers rendez-vous. «On a fait un gros travail sur notre distance entre les unes et les autres. Si on a un bloc qui est très compact, ça va être très difficile de nous surprendre, croit Nault. On sait à quoi s'attendre de nos adversaires dans ce Mondial et on a aussi beaucoup travaillé sur les différentes attaques auxquelles on pourrait faire face.» Herdman insiste aussi pour que les joueuses de couloir montent le plus souvent possible. C'est d'ailleurs sur un centre de Josée Bélanger, placée à droite contre l'Angleterre, que le seul but canadien est survenu. «Ça donne une dimension de plus à l'attaque, car l'équipe adverse ne sait pas trop comment gérer les latérales qui montent. Les entraîneurs veulent que ce soit nous qui centrions et que les attaquantes restent dans la boîte, décrit la numéro  20. On a beaucoup plus la possession et les actions commencent par les défenseurs centraux ou les latérales.»

LE MILIEU DE TERRAIN

Le public canadien découvrira la nouvelle Sophie Schmidt, cet été. La milieu offensive a pris du galon depuis 18 mois en terminant meilleure buteuse canadienne, en 2014. Au cours d'un match amical, ce printemps, elle a aussi elle-même pris l'initiative de demander à ses coéquipières de changer de schéma tactique. Il y a finalement son but fantastique et sa bonne performance générale contre l'Angleterre, en mai. «C'est l'un de ses meilleurs matchs qu'elle a joués avec nous. On voit qu'elle est super passionnée et qu'elle a du plaisir. Physiquement, elle va très bien et, même à la 90e minute, elle n'avait pas l'air fatiguée quand il fallait faire une course offensive ou défensive. Et son but est l'un des plus beaux que j'ai vus depuis longtemps», s'extasie la Québécoise. Ce mélange fait de Schmidt l'une des meilleures armes canadiennes avec Christine Sinclair.

L'ATTAQUE

Derrière les 153 buts de Sinclair, la deuxième attaquante la plus prolifique se nomme Melissa Tancredi avec... 22. Ce n'est pas une révélation, une grande partie du succès canadien passera par les pieds (ou la tête) de celle qui est élue meilleure joueuse au Canada depuis 2004. Malgré les années, les matchs et les buts, elle arrive encore à surprendre ses coéquipières par sa discipline ou sa technique. «Des fois, ça peut être avec une petite touche qui va lui donner un peu d'espace. Puis, elle est vraiment brillante devant le but, elle sait placer le ballon au lieu de seulement tirer en puissance.» Si elle demeure le visage de la sélection pour la majorité des partisans, mais aussi les commanditaires, Sinclair n'est pas celle qui brasse le plus d'air dans le vestiaire, ajoute Nault. «Ce n'est pas la fille la plus vocale, qui parle tout le temps, mais quand elle le fait, tout le monde l'écoute. Ce n'est pas notre capitaine pour rien.»