Joseph Blatter, qui a annoncé mardi sa démission de la FIFA, après 17 ans de règne, est l'un des derniers dinosaures à avoir dominé le sport mondial et régenté des Fédérations acquises à leur cause.

Athlétisme, Formule 1, Comité international olympique, cyclisme et bien sûr soccer: tous ces sports ou ces organisations sont ou ont été dirigés pendant des décennies par des hommes au pouvoir presque sans limite.

Athlétisme: Lamine Diack

Président de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) pendant presque 15 ans - il n'est pas candidat à sa succession en août -, le Sénégalais a joué avec succès sur plusieurs terrains durant sa longue carrière. Champion national de saut en longueur puis DTN de l'équipe de soccer du Sénégal, M. Diack a ensuite construit sa base politique (maire de Dakar, député), tout en restant impliqué dans le sport.

Premier vice-président de l'IAAF, le Sénégalais s'est retrouvé à 66 ans à la tête du premier sport olympique à la mort de l'Italien Primo Nebiolo, en 1999. À 81 ans, l'heure est désormais venue pour le vieux lion, rattrapé aussi par quelques relents d'affaires, de céder sa place. Le Britannique Sebastian Coe et l'Ukrainien Sergueï Bubka sont sur les rangs pour lui succéder.

Cyclisme: Hein Verbruggen

Né en 1941, le Néerlandais a longtemps fait la pluie et le beau temps dans le cyclisme, présidant dès 1984 la Fédération internationale du cyclisme professionnel puis l'Union cycliste internationale (UCI). Jusqu'à son départ en 2005, année de la première retraite de Lance Armstrong.

Sa proximité, notamment d'affaires, avec l'ex-vainqueur du Tour lui a été reprochée au point qu'une commission boucle actuellement son enquête sur d'éventuelles compromissions. Devenu l'un des hommes influents du sport mondial par le biais notamment du Comité international olympique (CIO), il a présidé la commission de coordination des JO-2008 de Pékin.

F1: Bernie Ecclestone

Le grand argentier de la F1 a fêté ses 84 ans en octobre. Il continue à régner sur un sport qui a survécu à plusieurs crises majeures, dont deux faillites d'écuries (Caterham et Marussia) et l'accident de Jules Bianchi au Japon ces derniers mois.

Depuis les années 80, l'Anglais gère (presque) tout en F1. «Mr E» avait pris du recul l'été dernier à cause d'un procès pour corruption à Munich, conclu par le versement de 100 millions d'euros. Puis il est revenu aux affaires. Tout cela avec la bénédiction de la Fédération internationale de l'automobile (FIA), dont les deux derniers présidents, Max Mosley, 74 ans, et Jean Todt, 69 ans, ont choisi de le laisser faire.

Olympisme: Juan Antonio Samaranch

Décédé en 2010 à 89 ans, l'Espagnol est resté à la tête du CIO de 1980 à 2001. Il a été, selon son successeur, le Belge Jacques Rogge, «le dirigeant le plus influent du CIO» depuis Pierre de Coubertin, le fondateur.

Héritant d'une institution désuète, l'ancien secrétaire aux Sports de Franco, qui a fait entrer l'olympisme dans l'ère du professionnalisme, a fait des Jeux ce qu'ils sont aujourd'hui, grâce aux énormes contrats de commandites signés avec les multinationales et à l'augmentation exponentielle des droits télé.

Marqué par des scandales de corruption, notamment lors de l'attribution des Jeux d'hiver à Salt Lake City (2002), son mandat l'a également été par des affaires de dopage, dont celle du sprinteur canadien Ben Johnson aux JO de Séoul en 1988.

Soccer: Joao Havelange

Président de la FIFA de 1974 à 1998 et prédécesseur de Blatter, le Brésilien, qui vient de fêter ses 99 ans, a régné sans partage sur le monde du soccer. Il l'a fait entrer dans une nouvelle dimension: la FIFA est ainsi devenue une machine à cash sous sa direction et la Coupe du monde s'est ouverte à de nouveaux territoires (États-Unis et duo Japon-Corée du Sud), passant de 16 à 32 équipes.

Accusé de gouverner par clientélisme, l'ancien membre de l'équipe olympique brésilienne de natation et de water-polo a été rattrapé par les affaires et a dû abandonner son siège au CIO en 2011, avant de démissionner de ses fonctions de président d'honneur de la FIFA en 2013, sur fond de scandales de corruption.

Il est considéré comme le véritable mentor de Blatter. Selon un proche, les deux hommes sont unis par une «relation père-fils» et s'appellent encore chaque semaine.