Signe que la saison de l'Impact n'a pas tourné rond, les noms d'Alessandro Nesta et de Davy Arnaud ont plusieurs fois résonné, hier, à l'occasion du bilan de 2014. Les interrogations du mois de janvier, après le non-remplacement des deux vétérans, se sont parfois muées en explication sur la maigre récolte de 28 points au classement.

L'immobilisme dans le recrutement, et donc dans l'absence de leadership constaté, ont rapidement miné la saison de l'Impact, qui n'a jamais été en mesure de se relever. Avec des carences évidentes sur le terrain, le onze montréalais a montré son pire visage défensif et offensif depuis son entrée dans la MLS.

«Pour être en haut du classement, tu dois avoir des joueurs d'expérience qui savent quoi faire sur le terrain, a expliqué Matteo Ferrari. Les plus jeunes joueurs, dans les moments difficiles, ne peuvent pas toujours trouver la bonne décision. C'était bien d'avoir une combinaison entre vétérans et jeunes joueurs (en 2013).»

Comme le défenseur italien l'avait clamé lors du camp d'entraînement, plusieurs joueurs ont mis de l'avant ce manque d'expérience si utile dans les moments délicats. À cela s'ajoute le problème de cohésion dans un vestiaire composé d'une dizaine de nationalités. «Il y a plus de diversité dans ce groupe que dans ceux de mes 10 ou 12 clubs précédents, a lancé Issey Nakajima-Farran.

«C'est quelque chose sur lequel nous devrons travailler en vue de la prochaine saison. (...) Nous n'avons pas été aussi soudés que nous aurions dû l'être. Ce genre de choses requiert des activités de groupe à l'extérieur de l'entraînement.»

Tout en modifiant l'état d'esprit général, l'Impact devra évidemment apporter plusieurs retouches à un effectif déjà remanié en cours de campagne. Troy Perkins, Futty Danso, Heath Pearce et Patrice Bernier sont les seuls à ne pas avoir de contrat en vue de la prochaine saison. Frank Klopas a signifié hier qu'il souhaitait le retour du capitaine québécois.

Plus généralement, son mot d'ordre a été la continuité malgré le besoin de renforcer la défense et de dénicher d'autres solutions offensives après le départ de Marco Di Vaio. Mettant de l'avant ses résultats avec... le Fire de Chicago, il croit aussi être l'homme de la situation pour opérer ce virage.

«Je ne suis pas le genre de personne à jeter le blâme sur les autres. Je suis l'entraîneur et je suis responsable. C'est positif pour moi que le club ait montré son soutien, car je crois que pour avoir du succès, il faut faire preuve de continuité. C'est vrai pour les joueurs comme pour le personnel. (...) C'est certain qu'il y aura des changements, car nous devons en faire pour nous améliorer dans certains domaines. Mais nous n'allons pas non plus en faire énormément.»

À ce sujet, Andrés Romero, nommé joueur de l'année, croit qu'il sera de retour en 2015. Il était prêté par le Tombense Futebol Club au cours des deux dernières années. De son côté, Nacho Piatti a confirmé qu'il ne participerait au Mondial des clubs, avec San Lorenzo, afin de soigner sa tendinite à un genou.

Perkins fâché

Relégué au rang de doublure d'Evan Bush au cours de l'année, Perkins n'a guère été heureux du sort qui lui a été réservé. Il s'est senti dans la peau du bouc émissaire pour cette saison qui n'a pas suivi une trajectoire très reluisante.

«Je ne crois pas que je méritais de porter le blâme pour tout ce qui est arrivé en première moitié de saison, a-t-il raconté d'un ton cassant. Selon moi, j'ai connu de bons moments et il y a quelques matchs où j'aurais pu mieux faire et avoir des résultats différents.»

Le lien est-il brisé avec l'Impact? S'il se sent heureux à Montréal, il ne sait pas encore les intentions de l'équipe. «Pour être honnête, je ne sais pas s'ils veulent encore de moi. Un jour ils disent oui, et le lendemain, ils ne savent pas.»

De son côté, Klopas a espéré pouvoir compter sur les deux hommes l'an prochain. Il reste que le vent, pour des raisons financières et sportives, a tourné en faveur de Bush.

«Il y a eu des hauts et des bas quand j'ai commencé à être titulaire, a affirmé ce dernier. Mais au cours des six ou sept dernières semaines, j'ai offert des performances solides. C'est un bon tremplin en vue de 2015.»

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Reconnecter avec les fans

La mauvaise saison de l'Impact s'est accompagnée d'une certaine désaffection du public montréalais. En moyenne, 16 413 spectateurs ont franchi les portes du stade Saputo les jours de match, contre 19 335 en 2013. La baisse a notamment été ressentie lors de la période estivale, qui a été marquée par le pire passage à vide de la saison.

«Il faut se questionner sur notre manière de faire lors des trois premières années et amener de nouvelles solutions. Mais on croit plus que jamais au marché montréalais», a avancé le vice-président exécutif, Richard Legendre.

Une expression est revenue à plusieurs reprises dans son discours: «reconnecter avec les fans». Sur ce plan, le club pourra compter sur un bel outil, en février prochain, avec les quarts de finale de la Ligue des champions. «On pense que cela va nous permettre de sortir des blocs de départ de façon extrêmement importante.»

Déjà, le club se dit encouragé par le taux de renouvellement des abonnements de saison au cours des dernières semaines.

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Trajectoires différentes...

Parmi les anciens pensionnaires de l'Académie, Wandrille Lefèvre a été le joueur le plus utilisé avec 1220 minutes de jeu. En charnière centrale, où l'instabilité a prédominé, le numéro 55 a cependant vu son utilisation fluctuer au gré des matchs. «J'ai réussi à jouer plus que la saison précédente, ce qui est positif. Mais cela a été en dents de scie avec des moments où je jouais, puis des moments où je disparaissais. J'ai mieux fini que j'ai commencé, et je peux dire que j'ai appris beaucoup de choses», a-t-il indiqué.

Assis à côté de lui, hier, Karl W. Ouimette n'avait pas la même lecture de sa propre saison. Aligné dans une position qui n'est pas la sienne, il a notamment écopé avec l'arrivée de Krzysztof Krol.  «C'est une année de stagnation, car j'ai fait plus de matchs en tant que latéral gauche qu'autre chose, a regretté le défenseur central de formation. Ce n'est pas le poste qui me met le plus en valeur, même si je peux faire un bon travail au niveau défensif.»

La trajectoire d'Eric Miller n'a également pas suivi une ligne droite, entre les changements de poste et les blessures. «Je pense que ma progression a été bonne. J'ai beaucoup joué en début de saison avant de me blesser et de manquer quelques matchs. Mais j'ai beaucoup appris des vétérans, cette année, et espérons que je puisse bâtir là-dessus.»