Presque une décennie sépare les deux séjours européens de Félix Brillant, qui a conclu sa carrière professionnelle en 2009 sous les couleurs de l'Impact. En deux occasions, il a atteint un objectif qu'il caressait dès ses plus jeunes années.

Il faut parfois un peu de chance et tomber sur les bonnes personnes pour faire avancer une carrière. Brillant jouait déjà avec l'équipe nationale des moins de 17 ans quand il a croisé le chemin d'un coéquipier dont le père, récemment installé au Québec, avait de bonnes relations en France.

«Il m'a vu et il m'a dit qu'il pouvait m'obtenir un essai à l'AS Cannes. J'ai aussi eu des essais à Metz et à Auxerre, mais ça s'était bien passé avec le centre de formation cannois», raconte l'ex-numéro 21 de l'Impact.

Résultat, le jeune homme a pris le chemin de la Côte d'Azur sans vraiment avoir à convaincre ses parents. «Ils n'avaient pas trop le choix, rigole-t-il. J'avais l'ambition d'aller jouer en Europe depuis tout jeune. À 12 ans, je me rappelle d'un livre, à la bibliothèque, qui expliquait la façon d'intégrer les centres de formation et leur fonctionnement. J'ai dû le lire 100 fois. Je le connaissais par coeur.»

Le départ

À cause de problèmes financiers du centre de formation cannois, Brillant n'a pas pu obtenir de contrat stagiaire après la deuxième saison. Il a ensuite étudié dans le New Hampshire grâce à une bourse avant d'être repêché par le Revolution de la Nouvelle-Angleterre, en 2004. Après 19 matchs dans la MLS, il descend d'un cran et se joint aux défunts Mariners de Virigina Beach.

Mais le désir de jouer chez les professionnels, sur le Vieux Continent, ne s'est jamais estompé. «L'Europe était un rêve inachevé», résume-t-il avant d'enchaîner sur une autre rencontre décisive: «À l'université, j'ai connu un coéquipier norvégien qui avait quelques touches dans son pays. On est restés en contact et, après deux ans dans la MLS et en USL, j'avais le choix entre revenir à Montréal ou aller à l'étranger. Je l'ai recontacté, j'ai eu un essai (au FK Sparta Sarpsborg) qui a été fructueux. Ça avait passé proche à Cannes et je me disais qu'il fallait vraiment que je vive une expérience européenne.»

L'adaptation

Pour ce qui est du jeu, les conceptions norvégiennes n'étaient pas franchement en adéquation avec celles du milieu de terrain. Si Brillant était réputé pour sa balle au pied, son club misait davantage sur un style direct.

«On jouait en 4-3-3 et je n'ai jamais autant couru de ma vie, répète-t-il. Ça s'est bien passé durant la première saison, mais on a eu un nouvel entraîneur la deuxième année. Je n'étais pas dans ses plans. L'autre gars à ma position était dans l'équipe-espoir de la Norvège, et l'entraîneur a décidé de donner une chance au joueur local.»

Bref, l'expérience s'achève en juillet 2008 - sans le moindre regret. «Si c'était à refaire, je retournerais en Europe, dit Brillant. C'était vraiment l'un de mes rêves de jouer dans un championnat là-bas. Même si c'était dur de ne pas avoir ma famille et mes amis avec moi, cela a valu la peine. Et les Norvégiens étaient accueillants et chaleureux.»

Le retour

Au cours de la saison 2008, Brillant s'est donc joint à l'Impact, quitte à accepter une baisse de salaire par rapport à sa rémunération scandinave. Il se joignait alors à un club qui venait d'inaugurer son nouveau stade et qui s'apprêtait à entamer son aventure dans la Ligue des champions de la CONCACAF. «J'avais 28 ans et ça faisait déjà 6 ans que je jouais. Je me suis dit: "C'est correct, je vais rentrer chez moi." Je suis parti de la maison à l'âge de 17 ans... À un moment donné, tu veux rentrer chez toi.»

Aujourd'hui, Brillant occupe le poste de directeur technique de l'AS Brossard. Il est aussi cofondateur de Soccerplacement, une entreprise qui essaie de placer de jeunes joueurs en Europe, pour que d'autres Québécois vivent, comme lui, le rêve européen.