Une semaine après son sacre national, le Bayern Munich reprend la défense de son titre européen avec l'étiquette de grand favori, par un déplacement mardi à Manchester United en quarts de finale aller de la Ligue des champions.

«On sait tous ce que l'on peut et veut réaliser mardi. On a des objectifs en tête et on veut les atteindre», a prévenu Schweinsteiger, redevenu le moteur du Bayern depuis son retour de blessure, après l'anecdotique nul (3-3) contre Hoffenheim.

En Allemagne, les adversaires se sont vite résignés à la lutte pour les accessits face à l'invincible armada de Ribéry et compagnie. À tel point que l'entraîneur de Schalke Jens Keller voulait «mettre le bus de l'équipe devant les buts» avant de prendre un 5-1 devant son public.

Dès le mois de janvier, Lahm avait d'ailleurs prévenu: «Cette saison, il n'y a rien à prendre contre le Bayern». Le capitaine bavarois s'adressait surtout aux rivaux de la Bundesliga dont trois seulement ont réussi l'exploit de partager les points.

Mais sa réflexion pourrait aussi valoir au niveau européen. Car, même en Ligue des champions, le club allemand fait figure d'épouvantail, désigné comme «l'adversaire à éviter» par l'entraîneur du PSG Laurent Blanc avant le tirage au sort des quarts de finale.

Dans le sillage du triomphe de 2013 avec Heynckes, le Bayern est sur une série de sept victoires à l'extérieur en Ligue des champions (l'Ajax Amsterdam est la seule équipe à avoir fait aussi bien entre 1995 et 1997, et son record pourrait donc tomber). Et le groupe de Guardiola n'a concédé qu'une seule défaite cette saison, à domicile contre Manchester City (2-3) alors que le billet pour les huitièmes de finale était déjà en poche.

Kahn est admiratif

La maîtrise et l'emprise du Bayern ne sont pas sans rappeler celles du FC Barcelone, lorsque le club catalan était entraîné par maître «Pep» (de 2008 à 2012): même obsession pour la possession du ballon et même sentiment de quasi-invincibilité.

Mais ce Bayern dégage une impression différente. L'apport tactique et les idées du Catalan l'a transformé en un groupe de joueurs complets, dévoués à une seule cause: dominer physiquement et techniquement.

«Classe individuelle, force tactique et mentale, avec en plus un large groupe de haut niveau: Munich n'a peut-être jamais connu une équipe comme celle de Guardiola», résume Oliver Kahn, qui a brandi la Coupe aux grandes oreilles en 2001 avec le Bayern.

Mais attention, a prévenu Robben après le nul en Championnat: «C'est un avertissement pour mardi. Face à un adversaire aux grandes qualités offensives, si on n'est pas concentré à fond et qu'on commence à perdre des ballons, on sera puni».

Principale ombre au tableau: la fin de saison de Thiago Alcantara (genou), fin technicien sur lequel Guardiola misait visiblement beaucoup pour les conquêtes à venir.

Les supporteurs de United voudront se rappeler surtout de la finale 1999 lorsque l'équipe de Sir Alex Ferguson avait arraché la Coupe d'Europe des mains des Bavarois. Plus que celles perdues face au Barça de Guardiola (2009, 2011) ou l'élimination face au Bayern à ce stade lors de la compétition en 2009-2010, avec Ribéry buteur à l'aller et Robben au retour.

Décrochés en Championnat (7e), la Ligue des champions reste le seul espoir de trophée des Mancuniens pour la première saison sous les ordres de Moyes. Après deux cuisantes défaites, ManU a assuré l'essentiel en battant samedi Aston Villa (4-1), grâce à un doublé de Rooney, sans toutefois se rassurer.

L'absence de Van Persie et surtout le flou défensif, en raison de blessure (Rafael) et suspension (Evra), ne sont pas pour faciliter la mission d'un entraîneur contesté par une frange des fans qui a payé pour qu'un avion survole samedi Old Trafford avec une banderole réclamant son départ...