L'étau judiciaire s'est resserré mardi autour du président du club de football Bayern Munich, Uli Hoeness, un des puissants de la Bundesliga, mis en accusation par la justice allemande qui le soupçonne de fraude fiscale.

« Le parquet de Munich a achevé l'instruction de l'enquête visant (Ulrich Hoeness) et ordonné mardi sa mise en accusation », a indiqué Andrea Titz, une porte-parole du tribunal régional de la capitale bavaroise dans un communiqué.

Si la voie à un procès est ouverte, une chambre de cette juridiction doit encore statuer si M. Hoeness sera jugé, a-t-elle précisé.

Mais, « en raison du volume des pièces du dossier d'enquête et du fait que la défense s'est vue accorder un délai d'un mois pour répondre aux accusations, une décision du tribunal sur la tenue d'un procès n'est pas attendue avant fin septembre », a-t-elle expliqué.

Uli Hoeness, 61 ans, avait été arrêté le 20 mars et libéré le même jour après versement d'une caution de 5 millions d'euros dans le cadre d'une enquête pour évasion fiscale à propos d'un compte en Suisse.

« tout se terminera bien »

La mise en accusation de M. Hoeness faisait la une de la presse allemande sur internet mardi soir. Le journal Bild rappelait qu'il y a une semaine, dans une interview à la chaîne publique ZDF, M. Hoeness s'était dit « relativement persuadé que tout cela se terminera assez bien ».

Dans l'éventualité d'un procès, M. Hoeness pourrait néanmoins bénéficier d'un jugement clément, selon des informations du magazine Der Spiegel. D'après l'hebdomadaire, le parquet de Munich envisagerait de réclamer une peine de deux ans de prison avec sursis assortis d'une amende.

Ce nouveau rebondissement judiciaire met en tout état de cause un coup d'arrêt à la rentrée du patron du club bavarois après une saison faste qui a vu le Bayern rafler le triplé, championnat, Ligue des Champions et Coupe d'Allemagne.

M. Hoeness espérait s'affranchir de poursuites en profitant d'un accord de double imposition germano-suisse qui lui aurait permis de bénéficier de l'anonymat pour le règlement de ses arriérés fiscaux.

Dans une interview publiée en avril, il avait reconnu avoir profité des lois suisses sur le secret bancaire et négligé de payer des millions d'euros d'impôts sur des intérêts engrangés par ses avoirs.

Il s'était dénoncé auprès des autorités en janvier, reconnaissant avoir commis une « faute grave » et indiqué qu'il vouloir « réparer une partie de sa faute ».

Débat relancé sur la fraude fiscale

Mais l'opposition allemande, représentée notamment par les sociaux-démocrates et les Verts, avait douché ses espoirs en rejetant l'accord fiscal.

À quelques mois des législatives allemandes fixées au 22 septembre, les aveux de M. Hoeness avaient par la suite relancé le débat entre le gouvernement de la chancelière Angela Merkel, candidate à un troisième mandat, et l'opposition, sur les milliers d'Allemands qui fraudent le fisc au moyen de comptes en Suisse.

Selon certaines estimations les dépôts des Allemands auprès des banques helvètes avoisinent les 200 milliards d'euros.

Angela Merkel qui a plusieurs fois assisté à des rencontres de foot aux côtés de Hoeness, s'était déclarée « déçue », au même titre que beaucoup d'autres Allemands par le président du Bayern Munich.

Malgré cette affaire, Hoeness avait conservé la confiance du club le plus titré d'Allemagne.

Il avait proposé d'abandonner ses fonctions au sein du conseil de surveillance du club bavarois, au sein duquel siègent plusieurs grandes figures de l'industrie allemande, comme Herbert Hainer (Adidas), Martin Winterkorn (Volkswagen), Rupert Stadler (Audi), avant la finale de la Ligue des Champions le 25 mai.

Mais cette instance avait décidé en raison des échéances sportives de le maintenir à son poste de président.