Reconnu comme un défenseur rugueux dans les années 70 et 80, Raymond Domenech a prouvé que sa plume pouvait être tout aussi acérée. Deux ans après son départ des Bleus, il a durement taclé plusieurs de ses anciens joueurs dans Tout seul, un livre de 400 pages qui a suscité de fortes réactions en France cette semaine.

Dès les premières pages, l'ex-sélectionneur donne le ton en abordant les insultes de Nicolas Anelka («Enculé, t'as qu'à la faire tout seul ton équipe de merde!») et le profond malaise ressenti devant le tutoiement de son attaquant. Puis, il décrit longuement l'incident de Knysna lors duquel son groupe avait fait la grève de l'entraînement en guise de soutien à Anelka, exclu du Mondial. «De sales gosses qui prennent en otage l'équipe de France», écrit alors l'auteur.

Ce schisme entre lui, son encadrement et les joueurs deviendra le fil conducteur de ce brûlot aux allures de naufrage annoncé. En plus d'Anelka, Domenech cible Thierry Henry, Karim Benzema, Samir Nasri ou Franck Ribéry qu'il qualifie de «diva susceptible». Il écorche au passage sa Fédération dont il n'a jamais senti le soutien et son adjoint, Alain Boghossian, qui lui a été imposé.

Mis à part la période 2005-2006, grâce au retour rassembleur de Zinédine Zidane, le règne de Domenech s'apparente à une éternelle confrontation, que ce soit dans un vestiaire de plus en plus divisé ou face aux médias. «Satisfaire ces gens-là m'a toujours inquiété», lance-t-il.

Si Domenech reconnaît plusieurs erreurs, dont une demande en mariage dans les minutes suivant le catastrophique Euro 2008, il a aussi tendance à se donner le beau rôle dans les événements qui ont traumatisé le soccer français. Mais au fil des pages, le constat du partage des torts est évident entre un entraîneur à la gestion discutable et des joueurs déconnectés de la réalité qui boudent à la moindre contrariété.