La France n'a pas perdu face à l'Allemagne depuis 1987, mais c'est à titre de négligée qu'elle se présentera mercredi soir à Brême pour se mesurer à l'aune de la sélection allemande à trois mois de ses débuts dans l'Euro 2012, en Pologne et Ukraine.

«Nous serons négligés face à cette grande équipe. Favoris, nous l'étions avant. Les choses ont changé depuis...», a noté Laurent Blanc, le sélectionneur tricolore, lundi à Clairefontaine.

Depuis 1987, la France a glané quatre victoires, dont deux en sol allemand, et un match nul face à la RFA, puis l'Allemagne réunifiée. Pourtant, ces dernières saisons, les trajectoires de deux nations se sont éloignées.

Tandis que la France peine encore à se reconstruire après ses échecs lors du précédent championnat d'Europe de 2008 et de la Coupe du monde sud-africaine de 2010, dont elle n'a pas franchi le premier tour, la Mannschaft surfe sur sa troisième place en Afrique du Sud et a survolé les éliminatoires de l'Euro 2012, remportant ses dix matchs.

Pour sa précédente sortie, en novembre dernier à Hambourg, elle s'est offerte le luxe d'étriller (3-0) les Pays-Bas, finalistes du dernier Mondial.

La France n'a pas perdu à ses 17 dernières rencontres et sa monumentale bévue face au Bélarus au Stade de France (0-1) pour son entrée en lice dans les éliminatoires en septembre 2010. De quoi ne pas taire ses ambitions face à cette formation allemande, que Blanc juge cependant «comme l'une des deux meilleures équipes du monde, avec l'Espagne».

Blanc ne cache pas non plus que son équipe tarde à répondre à ses attentes dans le domaine de la maîtrise du jeu et de la construction. Aussi voulait-il, initialement, faire de ce rendez-vous de Brême un test grandeur nature, «dans l'optique de la préparation du groupe des 23 pour l'Euro 2012». Les circonstances contrarient ces plans.

En attaque, le sélectionneur doit se passer des services de ses deux fers de lance. Karim Benzema, que Blanc considère comme le «no 1 des attaquants de l'équipe de France», est touché aux adducteurs. Loïc Rémy, qui réalise une excellente saison avec l'Olympique de Marseille, souffre quant à lui d'une lésion aux ischio-jambiers.

Blanc pourra toutefois compter sur Olivier Giroud, le meilleur réalisateur de la L1 (16 buts), dont la forme ne se dément pas. Mais le joueur de Montpellier manque encore d'expérience internationale. Aussi, le technicien tricolore a-t-il rappelé l'attaquant de Tottenham Louis Saha (33 ans, quatre buts, 19 sélections), dont la seule apparition en équipe de France depuis 2006 se résume à dix minutes de jeu lors de la rencontre perdue face au Bélarus.

Laurent Blanc a également appelé pour la première fois le Marseillais Morgan Amalfitano dont la qualité des centres pourrait s'avérer intéressante, surtout pour une équipe de France qui, parmi les grandes nations européennes, est celle qui centre le moins.

Longtemps dominateur grâce aux qualités athlétiques de ses joueurs, sa rigueur et son efficacité, le soccer allemand est en plein renouveau depuis que Joachim Löw a pris les rênes de la sélection il y aura bientôt six ans. Cette renaissance a explosé à la face du monde en Afrique du Sud. Rajeunie, la Mannschaft a exposé un jeu vif, technique, tourné vers l'offensive et la prise de risque.

«Les Allemands se projettent très vite vers l'avant, ils sont très offensifs. Ils aiment avoir le ballon et attaquer en nombre. Il va falloir bien défendre pour ensuite leur poser des problèmes derrière. Il faudra essayer de les gêner dans leur construction, en bloquant les deux ou trois joueurs dépositaires du jeu», a analysé Blanc.

L'équipe de Löw sera malheureusement amputée de plusieurs talents, dont son grand défenseur Per Mertesacker, son capitaine Philipp Lahm, le milieu de terrain Bastian Schweinsteiger, l'attaquant Lukas Podolski ou encore Mario Götze, la nouvelle petite merveille de 19 ans du Borussia Dortmund.

«La clé de ce match est de savoir qui aura le ballon», s'est inquiété Blanc qui craint que son équipe, privée d'Abou Diaby, Lassana Diarra et Yohann Gourcuff dans l'entrejeu, subisse trop au milieu du terrain.

À la recherche de garanties en défense, Blanc peut toutefois se réjouir du retour de Philippe Mexès, le défenseur central de l'AC Milan dont la dernière apparition en bleu remonte au France-Croatie de mars 2011.

«Je compte énormément sur lui. Il est très bon sur l'homme et aussi bon dans la construction. Il a un profil différent des autres défenseurs», a estimé le sélectionneur, qui pourrait confier le brassard de capitaine au Milanais.