L'Inter Milan a officialisé jeudi la séparation «par consentement mutuel» avec son entraîneur Rafael Benitez, cinq jours après un Mondial des clubs conquis ensemble, pour les critiques envers le club de l'Espagnol, qui devrait être remplacé par le Brésilien Leonardo, 43 ans.

La presse italienne l'évoquait depuis samedi, le divorce était inéluctable, même déguisé en séparation à l'amiable.

Benitez part sur un titre de champion du monde du club, faute de ne s'être jamais entendu avec le président Massimo Moratti ni avec une partie de son vestiaire, une fin que l'entraîneur espagnol a provoquée.

Succéder à José Mourinho était trop difficile. Sans cesse comparé au charismatique portugais, Benitez a payé pour la bombe lâchée en plein milieu des célébrations du titre mondial des clubs, à Abou Dhabi, en disant devant la presse que si son équipe n'était pas renforcée au mercato, l'Inter «pouvait contacter son avocat».

Il a aussi regretté le manque de soutien du club quand il était durement critiqué et que les noms de ses successeurs fleurissaient dans la presse. Face à de tels affronts, Moratti pouvait difficilement rester sans réaction, et a passé plusieurs jours à essayer d'amortir le choc financier de la séparation. Le divorce par «consentement mutuel» est coûteux, l'Inter devrait selon l'agence italienne Ansa verser 3 millions d'euros au technicien espagnol. Moins que les 8 millions d'euros que le club redoutait de payer.

On peut se demander quelle mouche a piqué Benitez, d'ordinaire calme, pour jeter un tel froid quelques minutes après un titre que l'Inter attendait depuis 45 ans et sa dernière Coupe Intercontinentale (le Mondial des clubs avec les champions de toutes le Confédérations existe depuis 2005).

Climat de défiance

Entraîneur depuis 25 ans, comme il le répète, il savait ce que ses paroles risquaient de lui coûter, même s'il assurait lundi: «Je me sens toujours l'entraîneur de l'Inter». Il a visiblement choisi sa sortie: Je gagne le Mondial et je m'en vais.

Le courant ne passait visiblement pas avec Moratti, nostalgique du flamboyant «Mou». Abou Dhabi était trop proche pour opérer un changement. Interrogé sur l'avenir de Benitez, le président avait lâché avant ce tournoi: «Gagnons le Mondial, et après on verra». Pas très engageant.

L'Espagnol, de son côté, n'en pouvait plus de sentir la défiance autour de lui, et avait perdu l'autorité sur ses joueurs. Certains auraient bénéficié d'entraînements à la carte contre son avis, et les barons du vestiaire étaient contre lui, le capitaine Javier Zanetti, Esteban Cambiasso et Marco Materazzi.

Dejan Stankovic n'a pas pardonné à Benitez de ne pas l'avoir aligné en finale du Mondial, et le buteur Samuel Eto'o ne veut plus jouer à gauche.

Dans ces conditions, difficile de rester sur le banc et d'échapper à ce drôle de psychodrame. Car les Nerazzurri semblent se spécialiser dans la douche froide après les grands triomphes. Mourinho avait quitté le stade Bernabeu, tout frais vainqueur de la Ligue des champions, dans la voiture du président du Real Madrid, pour finaliser son nouveau contrat. Après les victoires à la Pyrrhus, il y a les victoires à l'Inter.