L'idole de l'Argentine, Diego Maradona, fête samedi ses 50 ans dans la discrétion, après son échec comme sélectionneur en quart de finale du Mondial 2010 et la mort mercredi de l'ancien président Nestor Kirchner, qui a plongé le pays dans un deuil de trois jours.

En raison de soucis avec le fisc italien, le champion du monde 1986 a renoncé à se rendre à Naples, où les tifosi rêvaient de le voir jouer un match amical pour commémorer ses sept saisons dans la baie (1984-1991).

Il a été condamné en 2005 à verser près de 37 millions d'euros, dont 23,5 millions d'intérêts de retard, pour n'avoir pas payé régulièrement ses impôts lors de son séjour auréolé de deux titres de champion d'Italie (1987, 1990) et d'une coupe de l'UEFA (1989).

Maradona, né le 30 octobre 1960 dans un quartier pauvre de la périphérie sud de Buenos Aires, devrait donc rester en famille, avec sa compagne Veronica Ojeda et ses deux filles, Dalma et Giannina, loin des frasques et déclarations tapageuses qui ont façonné sa légende.

Rêve d'un retour comme sélectionneur

Entre des opérations caritatives, des interviews grassement payées et quelques soirées people, comme l'anniversaire la semaine dernière du rockeur argentin Charly Garcia, c'est avec elles qu'il passe le plus clair de son temps depuis son éviction fin juillet de la sélection.

«El Diez» n'a toujours pas digéré cette mise à l'écart, consécutive à la lourde défaite (4-0) contre l'Allemagne en quart de finale du Mondial 2010.

«Je donnerais ma vie pour continuer à être l'entraîneur de la sélection», a-t-il déclaré le mois dernier, tout en reconnaissant que «aujourd'hui, les portes de la sélection sont fermées.»

Son avenir immédiat semble s'inscrire en dehors du football, aucun club n'ayant formulé d'offre tangible pour l'embaucher.

Jeudi, il s'est rendu à la chapelle ardente érigée au palais présidentiel à Buenos Aires, en l'honneur de Nestor Kirchner.

«L'Argentine a perdu un gladiateur», a déclaré Maradona, qui avait été soutenu publiquement par l'ancien président et sa femme Cristina Kirchner, l'actuelle chef de l'État, après l'échec du Mondial.

Ce décès a relégué au second plan son 50e anniversaire dans les médias argentins et même ses fidèles les plus zélés, réunis au sein de l'Église maradonienne qui le vénère comme un Dieu, ont renoncé à célébrer en grande pompe l'événement.

Platini jaloux de son «but du siècle»

«Nous n'allons pas faire les festivités prévues, car ce n'est pas le moment de faire la fête alors que le pays est en deuil jusqu'à samedi», a déclaré à l'AFP Hernan Amez, l'un des fondateurs de l'Église créée en 1998 et qui regroupe selon lui 140 000 fidèles.

L'immense succès rencontré par ce qui n'était au début qu'une blague de potache illustre l'immense popularité dont jouit toujours Maradona.

On ne compte plus les chansons à sa gloire et son équipementier Puma a lancé une nouvelle campagne de produits à son effigie pour cet anniversaire.

Même si son image a été écornée par ses deux contrôles antidopage positifs et ses excès en tout genre (cocaïne notamment), qui lui ont valu de frôler la mort en 2000 et 2004, l'admiration pour le génie du foot reste intact.

«Je volerais bien à Maradona son but fantastique contre l'Angleterre», a déclaré récemment Michel Platini, à propos du «but du siècle» marqué par «el Diez» au terme d'un incroyable slalom dans la défense anglaise, quelques minutes après sa célèbre «main de Dieu» en quart de finale du Mondial-1986.