La sélection canadienne a mis fin à une série de huit matchs sans victoire en s'imposant par la marque de 2-1 devant le Honduras, hier soir au stade Saputo. Elle signe du même coup son premier succès à domicile depuis le mois de juin 2008.

Les trois buts ont été inscrits en l'espace de 17 minutes lors de la première demie.

Après un début de match sans occasion franche, le Canada a frappé le premier par l'intermédiaire de Josh Simpson à la 28e minute.

Le milieu de terrain a poussé le ballon dans le but après un cafouillage monstre devant la cage adverse. Avec au passage un bel arrêt de Noel Valladares, un rebond sur le poteau et une faute de main de Rob Friend.

La réplique hondurienne ne s'est pas fait attendre. Avec déjà une certaine facilité à s'approcher du but de Lars Hirschfeld, les Catrachos ont trouvé la faille sur un coup franc tiré depuis le côté droit. Erick Norales a alors prolongé le ballon d'un coup de tête à la 34e minute.

C'est finalement Kevin McKenna qui a offert la victoire au Canada juste avant la pause. Posté au second poteau, le défenseur central a jailli au bon moment sur un corner pour tromper Valladares de la tête.

«J'ai dit à mes joueurs de ne pas abandonner et que parfois, il fallait souffrir pour obtenir un résultat, a indiqué le sélectionneur canadien Stephen Hart. Offensivement, nous avons créé beaucoup plus d'occasions que dans le passé. Avec un peu plus de chance, on aurait même pu marquer deux autres buts.»

Ce match disputé devant 7525 personnes - dont plusieurs milliers de partisans honduriens - a eu lieu trois jours après une défaite de 2-0 contre le Pérou à Toronto.

Ce rare double rendez-vous a encore une fois relancé le débat sur les piètres performances canadiennes sur la scène internationale. Absent de la Coupe du monde depuis 1986, le Canada a depuis brillé sporadiquement lors des Gold Cup. Mais son historique est essentiellement jalonné de mauvais résultats et de déceptions.

Les raisons de cet empêtrement sont multiples et bien ancrées dans le temps: absence de championnat national, manque de moyens et de structures efficaces, nombre insuffisant de matchs compétitifs... Une situation qui, dans une certaine mesure, pourrait rappeler l'état du soccer aux États-Unis au début des années 90.

«Quand les Américains se mêlent de quelque chose, ils veulent toujours être les numéros un, a commenté Patrice Bernier. Ils y mettent de la volonté et beaucoup d'effort. La Major League Soccer (MLS) a commencé après la Coupe du monde 1994 et ça paye maintenant. Nous devons voir la même chose et miser sur le long terme pour ne pas revenir à cette situation dans 25 ans. Il ne faut pas espérer se qualifier pour une seule Coupe du monde et penser que cela va régler le problème.»

N'empêche, une qualification pour 2014 ou 2018 aurait l'effet d'un sérieux coup de pouce. Sauf qu'il est difficile d'imaginer les contours de cette équipe actuellement en fin de cycle. Paul Stalteri, McKenna, Dwayne De Rosario et Bernier ont dépassé la trentaine alors que Julian De Guzman s'en approche.

Au sein de ce groupe dont la moyenne d'âge est de 27,5 ans, les moins de 25 ans se comptent sur les doigts d'une main. Parmi la quarantaine de joueurs sélectionnés par Stephen Hart en 2010, seul Simeon Jackson, 23 ans, s'est imposé comme un maillon important. D'autres jeunes comme Jaime Peters, Adam Straith ou Will Johnson ont encore de grandes choses à prouver.

«Il y a encore beaucoup de joueurs qui sont disponibles et l'entraîneur a recours à beaucoup plus de jeunes pour les habituer et leur donner de l'expérience, a souligné Bernier. C'est ça qui faisait défaut parfois. On comptait sur 15 joueurs, mais quand quelques-uns étaient blessés, les autres n'avaient pas beaucoup de matchs internationaux. En ce moment, l'entraîneur a le temps de les former et il nous reste deux ans avant les qualifications.»

Deux ans à se poser les mêmes questions qu'aujourd'hui...