L'Afrique se prend de passion pour le Ghana, seul pays du continent restant encore en course dans le premier Mondial en terre africaine, et rêve d'une place en demi-finale, voire plus, pour «sa» Black Star.

«Le rêve panafricain du Ghana», résumait mardi le quotidien pro-gouvernemental congolais Les Dépêches de Brazzaville, applaudissant «ces jeunes Ghanéens (qui) forcent le respect, l'admiration, voire l'adulation» du continent qui perdait espoir après l'élimination de l'Algérie, du Cameroun, de la Côte d'Ivoire, du Nigeria et du pays hôte, l'Afrique du Sud.

«On ne voit pas pourquoi cette belle aventure africaine ne se poursuivrait pas jusqu'au soir du 11 juillet (date de la finale)», ajoutait le journal congolais alors que son confrère algérien AlgérieNews affichait lundi son soulagement: «Les Black Stars sauvent le Mondial africain».

«Les Black Stars brillent dans la grisaille» des équipes africaines, soulignait aussi le quotidien ivoirien L'Inter après la victoire du Ghana contre les États-Unis (2-1 a.p.) samedi en huitièmes de finale.

Ce succès «pour l'Afrique», selon le Nigerian Tribune, a été salué sur tout le continent, parfois avec éclat.

En Afrique du Sud, le comité organisateur du Mondial s'est publiquement dit heureux de voir le Ghana porter «très haut le drapeau africain» et lui a souhaité «bonne chance» pour son quart de finale vendredi contre l'Uruguay.

Des clameurs de joie ont été entendues de Dakar au Cap en passant par Nouackhott, Abidjan, Lagos ou Libreville, sans atteindre la même ampleur qu'à Accra, où la fête a duré jusqu'à lendemain. Quelques Ghanéens ont même avoué avoir retrouvé le chemin de l'église pour remercier Dieu!

«Je prie»

«Vive l'Afrique! Vive le Ghana!», a-t-on entendu à Nouakchott, où des supporteurs en liesse sont spontanément sortis dans les rues tandis qu'à Dakar et Libreville, ce furent par endroits cris de joie et concerts de klaxons.

Au Sénégal, même sans «mobilisation particulière» en faveur des Black Stars, on soutient le Ghana, assure Abdoulaye Diaw, chef du pupitre sports de Radio Futurs Médias (privée).

Comme ses compatriotes, Pius Akinyemi, chauffeur nigérian, a reporté son amour de supporteur sur les Ghanéens: «Je prie pour qu'ils franchissent la prochaine étape».

La demi-finale? Une première historique pour le Ghana et pour l'Afrique qui ne fait aucun doute pour l'analyste sportif nigérian Seyi Fashugba: «Je les vois atteindre (cette) étape».

À Yaoundé, Bertrand Ambani regarde avec ses amis tous les matches du Ghana. «Nous célébrons toutes ses victoires. Bien avant le début de la Coupe du monde, nous savions que le Ghana irait loin. Contrairement au Cameroun, c'est une équipe bien organisée et disciplinée».

«Nous lui faisons confiance non seulement pour cette compétition mais aussi pour l'avenir», précise Patrick Etoundi, autre Camerounais fan des Black Stars.

À Abidjan, on se prépare à faire la fête vendredi, quel que soit le résultat, surtout dans le quartier Appolo, où vit une forte communauté ghanéenne et où des drapeaux ghanéens ont fleuri à des balcons et sur des portes.

«Des séances de prières» ont été organisées, explique Joseph, cordonnier. «L'ambiance sera folle vendredi, même si nous perdons», promet Albertine, employée de discothèque.

À Libreville, où certains taxis sont désormais décorés de gadgets de supporteurs du Ghana, Coulibaly, briquetier, ne se sépare plus de son bracelet en plastique rouge-jaune-vert frappé d'une étoile noire. «Même si nos frères ne vont pas jusqu'en demi-finale, c'est bon. Ils ont bien travaillé», avance-t-il... en précisant bien qu'il rêve du contraire.