Les Bafana Bafana auraient pu choisir pire endroit que Bloemfontein, la «cité des roses», pour faire une fleur à leurs ardents partisans.

L'Afrique du Sud a beau être devenue le premier pays hôte d'une Coupe du monde à ne pas survivre au premier tour, les 39 450 spectateurs réunis au Free State Stadium - moins quelques Français découragés - ont accueilli la victoire de leurs favoris avec un enthousiasme qui n'aurait pas déparé une grande finale.

Parmi eux se trouvait le président du pays, Jacob Zuma, qui s'est empressé d'aller féliciter les joueurs dans le vestiaire. «Je leur ai dit qu'ils nous ont rendus fiers et qu'ils ont très bien joué, a-t-il raconté aux journalistes. Ils ont gagné et ont fait l'histoire en battant la France pour la première fois. Nous n'avons pas réussi à nous qualifier, mais ce n'est pas un gros problème. La grande victoire, c'est d'organiser la Coupe du monde.»

Le président faisait sans le savoir écho à l'humeur générale dans le pays. À la radio, dans les tribunes téléphoniques, les auditeurs se succédaient pour chanter les louanges des tombeurs des Français. Et pour répéter inlassablement le même message: les Bafana ne sont plus là, mais le party continue.

Pour un party, c'en était tout un, hier, à Bloemfontein. De l'hymne national sud-africain chanté à l'unisson par la foule jusqu'au sifflet final, la foule tout de jaune vêtue n'a pratiquement pas cessé de souffler dans les éternelles vuvuzelas. Celles-ci ont d'ailleurs atteint de nouveaux sommets de tonitruance, comme pour célébrer la revanche sur la défaite de 3-0 que la France avait infligée à l'Afrique du Sud au tour préliminaire de la Coupe du monde 1998.

L'affrontement opposait deux équipes qui avaient des choses à se faire pardonner, même si la déroute de l'Afrique du Sud face à l'Uruguay (défaite de 3-0 la semaine dernière) était un peu plus prévisible que l'autodestruction récente de la France: après tout, au classement mondial, 67 rangs séparent les Bafana des Charruas, respectivement 83e et 16e.

L'écart avec les Français, neuvièmes au monde (pour combien de temps?), est encore plus prononcé. Mais cela n'a guère paru hier. Critiqué dans la presse sud-africaine pour son entêtement à n'utiliser qu'un attaquant, le sélectionneur Carlos Alberto Parreira a finalement opté pour un 4-4-2, Bernard Parker rejoignant Katlego Mphela en avant. Il a aussi procédé à cinq changements à son onze partant par rapport au match contre l'Uruguay, dont les remplacements du gardien Itumeleng Khune et du milieu de terrain Kagisho Dikgacoi, suspendus.

Les résultats n'ont pas tardé. Face à des Français en panne d'inspiration, les Sud-Africains ont dominé dans toutes les phases du jeu. Élu joueur du match, Mphela a réussi cinq tirs cadrés à lui seul. «Certes, nous aurions pu faire encore mieux, nous avons manqué pas mal d'occasions franches. Mais nous avons montré de belles choses. Nous pouvons être fiers de nous. Une victoire reste une victoire, surtout contre la France en Coupe du monde», a dit l'attaquant.

Parreira a annoncé qu'il passait la main et que l'identité de son successeur, déjà choisi, serait bientôt dévoilée. Il s'est pour sa part dit «content d'avoir vu (ses) joueurs progresser. Ils ont rendu fier le pays tout entier. Les fondations sont présentes, je suis très confiant pour le futur du football sud-africain».