Cela ne devait pas se passer comme ça pour l'Espagne. Forte de son titre à l'Euro 2008, de ses qualifications parfaites et de son milieu de terrain fourni et technique, elle aurait dû facilement l'emporter sur la Suisse. Après tout, elle a déjà écarté des adversaires bien plus coriaces et tout aussi défensifs.

Car la prémisse de départ était connue à l'avance. L'Espagne devait monopoliser le ballon, le faire circuler puis attendre le bon moment pour que Xavi, voire Andres Iniesta, ne délivre une passe décisive géniale. En face, la Suisse allait se contenter de se défendre pour mieux surprendre son adversaire en contre-attaque.

De cet énoncé, seule la passe décisive n'est pas venue. Malgré une possession du ballon qui a d'abord frôlé les 80% et qui s'est conclue par 364 passes de plus que leurs adversaires, les Espagnols n'ont jamais été en mesure d'appuyer sur l'accélérateur.

Il y a bien eu quelques frappes lointaines mais rarement sont-ils parvenus à jouer dans le dos d'une défense suisse très organisée. Seul Gerard Piqué s'est trouvé en bonne position mais a trop attendu avant de frapper vers le but helvète.

En début de deuxième demie, Iniesta a tenté de mettre un peu de rythme, face à un double rideau suisse toujours aussi efficace. Ces débordements sur le côté gauche sont restés sans suite.

Comme c'est souvent le cas dans un tel match, l'équipe qui attend l'adversaire dans son camp pique au moment opportun. À la suite d'un long dégagement suisse et d'une sortie d'Iker Casillas devant Eren Derdiyok, Gelson Fernandes a repris victorieusement le ballon et stupéfait du même coup la planète soccer.

Face à cette tournure et au manque évident de solutions offensives, Vicente Del Bosque est passé au plan B. Le 4-5-1 est ainsi devenu un 4-4-2 avec les entrées de Fernando Torres en attaque et de Jesus Navas au poste de milieu droit.

L'arrivée de Torres a donné une option plus directe au jeu espagnol. Mais ses appels de balle n'ont pas été très efficaces, de par l'imprécision des ouvertures et de la volonté de la défense suisse. Seul moment de panique: une frappe des 25 mètres de Xabi Alonso qui a frappé la transversale (70e).

Après un tir du très bon Derdiyok sur le poteau espagnol (79e), la fin de match s'est déroulée exclusivement dans le camp suisse. Là encore, le jeu espagnol est resté trop stéréotypé avec un gros penchant pour le côté droit et, au final, des centres un peu désespérés de Navas.

À la suite de cette défaite, l'Espagne va maintenant devoir remporter ses deux prochaines rencontres, contre le Chili et le Honduras.