Fils d'international, petit-fils de sélectionneur, l'attaquant Diego Forlan est né pour jouer au football et porte sur ses épaules une grande partie des espoirs de l'Uruguay qui rêve de renouer avec sa splendeur passée lors du Mondial en Afrique du Sud.

Le buteur à la crinière blonde, double «Soulier d'or européen» en 2005 et 2009, a été bercé par les anecdotes de Coupe du monde lors de son enfance dans un quartier huppé de Montevideo, la capitale du pays sud-américain champion du monde en 1930 et 1950.

Son grand-père maternel, Juan Carlos Corazo, dirigea la «Celeste» lors du Mondial-1962 au Chili et son père, Pablo Forlan, disputa comme défenseur les Coupes du monde 1966 et 1974.

Pablo guida même ses premiers pas dans l'un des deux grands clubs du pays, Penarol. Mais cet héritage s'avéra un peu lourd à porter pour le jeune Diego (1,79 m, 75 kg), benjamin d'une fratrie de quatre, qui s'exila à 18 ans en Argentine, à Independiente.

«Il ne voulait pas jouer ici, car ce n'était pas facile de porter ce nom. Son frère aîné Pablo avait vécu ça avant», raconte son père à l'AFP.

Mais son pedigree sportif n'est sans doute pas étranger aux qualités naturelles du buteur de l'Atletico Madrid, également doué pour le tennis ou le golf.

«Il est rapide et peut frapper des deux pieds. Beaucoup de gens ne savent pas s'il est gaucher ou droitier. (Alex) Ferguson l'ignorait après avoir regardé des vidéos sur lui», affirme Pablo Forlan.

«Créer la surprise»

C'est en effet le manageur de Manchester United en personne qui recruta en 2002 l'Uruguayen pour 7 millions de livres (plus de 10 millions d'euros à l'époque).

Une expérience en demi-teinte: l'attaquant hérita du surnom de Diego «Forlorn» (perdu) pour son manque d'efficacité, mais les supporteurs inventèrent un chant à sa gloire après son doublé contre l'ennemi juré, Liverpool, en 2002.

A force d'être peu utilisé, Forlan perdit aussi sa place en sélection gagnée juste avant le Mondial-2002 en Asie, où il inscrivit un but lors de sa seule apparition face au Sénégal (3-3) avant l'élimination de la Celeste au premier tour.

Il demanda donc un bon de sortie pour rejoindre l'Espagne, où il a explosé d'abord à Villarreal (2004-2007) puis à l'Atletico Madrid.

Critiqué cet hiver pour son manque de réalisme, il a répondu au printemps, en inscrivant notamment les quatre buts qui ont permis aux «Colchoneros» de dominer Liverpool et Fulham en demi-finale et finale de l'Europa League. Un retour en forme au bon moment, juste avant le Mondial.

Tête de gondole de plusieurs annonceurs (boisson gazeuse, compagnie aérienne, téléphonie mobile), Forlan (31 ans, 60 sélections, 23 buts) n'affiche aucun complexe.

«Je crois que nous avons une équipe relativement complète capable de s'adapter à différents adversaires», estime le meilleur buteur uruguayen des qualifications (7 buts).

«Nous pourrions créer la surprise, mais comme l'Uruguay a un passé glorieux, ce ne serait pas non plus une immense surprise», ajoute-t-il.