Au soccer, Brésil et Argentine, c'est un euphémisme, ne s'apprécient guère, et le Real Madrid du Brésilien Kaka et le FC Barcelone de l'Argentin Leo Messi se détestent: le duel de samedi entre ces deux stars, en éliminatoires du Mondial 2010, s'annonce forcément électrique.

L'Argentine, qui reçoit, ne peut se permettre de perdre, alors qu'elle occupe la dernière place directement qualificative pour la Coupe du monde en Afrique du Sud (4e), à cinq points du Brésil (1er).

Deux virtuoses, des dons différents

Kaka, 27 ans, et Messi, 22 ans, ont une chose en commun: ils font ce qu'ils veulent du ballon. Mais ils appréhendent le jeu de manière différente. Le Brésilien est plus passeur (même s'il marque beaucoup), l'Argentin plus buteur.

Kaka, qui porte le numéro 8 au Real et avec le Brésil, est pourtant un vrai numéro 10, très à l'aise derrière les attaquants, même s'il peut jouer aussi sur un côté. Vision de jeu hors du commun, déplacements racés, passes en or, frappe limpide: voilà ce qui pourrait définir le football de Ricardo Dos Santos Leite dit «Kaka», en outre physiquement taillé pour les contacts (1,85 m, 79 kg).

Messi, numéro 10 au Barça (19 avec l'Argentine), évolue plus comme un ailier, même s'il peut aussi jouer dans l'axe de l'attaque. Accélérations fulgurantes, défenseurs mis dans le vent, oeil de lynx et pied gauche diabolique, voilà en quelques mots résumé le jeu de la «puce» Messi. Qui sait aussi se servir de sa tête malgré son petit gabarit (1,69 m). Manchester United, battu en finale de la Ligue des champions (2-0; deuxième but de Messi, de la tête), en sait quelque chose.

Leur situation en club et en sélection

Le très croyant Kaka a été très vite adopté par son nouveau club, le Real Madrid. L'entraîneur Manuel Pellegrini lui a déjà confié les clés du jeu et, après quelques gestes somptueux et une évidente envie de bien faire, les supporteurs du stade Santiago-Bernabeu l'acclament déjà. L'ancien joueur de l'AC Milan est aussi incontournable avec la Seleçao. Champion du monde en 2002, il compte 70 sélections et a marqué 26 buts depuis la première, en janvier 2002. Il est sans doute le seul indéboulonnable du quatuor offensif choisi par le sélectionneur Dunga.

Messi est le joyau du Barça. Tout le monde prend le plus grand soin de lui: ses partenaires, son entraîneur Pep Guardiola et son président Joan Laporta. Messi devrait après avoir renouvelé son contrat devenir le joueur le mieux payé du club. Absent lors de la première journée de Liga, il a manqué au Barça. Cela s'est vu. En revanche, ce qui se voit moins c'est son influence dans le jeu de «l'Albiceleste». «C'est un dieu en Europe, et il ne rend rien en sélection en Argentine», tacle même assez violemment l'ancien gardien international emblématique du Paraguay, José Luis Chilavert. «Au FC Barcelone, ils évoluent tous autour de lui. (Les Argentins) sont de grands joueurs, mais (le sélectionneur Diego Maradona) n'a pas encore trouvé l'équipe idéale pour l'accompagner», assène Chilavert.

Ce qui les attend cette saison



L'attente est très grande pour Kaka, obligé de gagner quelque chose avec le Real Madrid (la Ligue des champions en première ligne) et avec le Brésil, après la mauvaise expérience du Mondial 2006 (élimination en quarts par la France).

Messi vient de tout gagner en club avec le Barça. Le but est de faire aussi bien. Au plan personnel, il devrait aussi tout rafler en 2009 (Ballon d'or, trophée FIFA). Il devra confirmer s'il veut s'installer. Et briller aussi avec l'Argentine en 2010, année de Coupe du monde oblige. Mais il faut d'abord se qualifier...