La domination de la Premier League sur le football européen s'est confirmée en 2008, avec la première finale 100 % anglaise de la Ligue des champions, mais elle est menacée par la crise, l'endettement faramineux de ses clubs et l'effondrement de la livre.

Le 21 mai à Moscou, qui a vu la victoire de Manchester United sur Chelsea aux tirs au but, fut-il une apogée avant le déclin ou le début d'une longue ère de domination ?

A priori, la seconde hypothèse reste crédible. Comme lors des deux saisons précédentes, l'Angleterre a placé cet automne ses quatre représentants en huitièmes de finale. Même si sur le plan sportif, aucun membre du «Big Four» ne semble irrésistible comme l'était Manchester United à la même période la saison passée.

Les Red Devils n'ont gagné que deux matches de poules et peinent à trouver le chemin des filets; l'invincibilité de Chelsea dans son stade de Stamford Bridge n'est plus qu'un lointain souvenir; Liverpool marque le pas; Arsenal ne semble pas suffisamment armé pour aller loin.

Mais plus que d'éventuelles méformes sportives, le football anglais est menacé par là où il a puisé sa force: l'argent.

«Danger terrible»

La crise du crédit laisse ses clubs particulièrement vulnérables. Selon le président de la fédération David Triesman, les clubs sont confrontés à un «danger terrible», une dette colossale, de trois milliards de livres, concentrée sur les plus gros clubs, que même les confortables droits de la Premier League risquent de ne plus suffire à rendre rentable.

Liverpool va devoir renégocier au début de l'année 2009, au pire moment, sa dette avec RBS et Wachovia, deux victimes de la crise. Son projet de nouveau stade a déjà été repoussé sine die.

Arsenal comptait en partie financer sa dette (320 millions de livres), née de la construction de l'Emirates Stadium, par le projet immobilier sur son ancien stade de Highbury. Mais le marché londonien sombre et les revenus attendus pourraient bien fondre.

Manchester United est également à la merci des banques, tandis que l'avenir de Chelsea dépend de son mécène russe Roman Abramovitch. Sa direction a d'ores et déjà annoncé que l'époque des dépenses somptuaires pour acquérir les plus grandes vedettes était révolue.

D'autant que l'effondrement de la livre, qui a perdu près d'un quart de sa valeur par rapport à l'euro depuis un an, risque d'entamer fortement l'attractivité du football anglais aux yeux des stars internationales.

Même si le marché hivernal pourrait donner de premières indications d'un retournement, cela ne se verra guère cette saison et il pourrait bien y avoir des supporteurs anglais à visiter Rome en mai, un an après Moscou. Mais si la Grande-Bretagne continue de s'enfoncer dans la crise, la saison 2009-2010 pourrait être celle d'une nouvelle ère: celle du repli.