Le DG des Hurricanes de la Caroline, Don Waddell n’avait pas tort. Le Canadien lui a rendu service avec son offre hostile au joueur autonome avec compensation Sebastian Aho. 

À quelques semaines de l’ouverture des camps d’entraînement, Mitch Marner, Patrik Laine, Zack Werenski, Brayden Point, Kyle Connor, Brock Boeser, Charlie McAvoy, Mikko Rantanen, Brandon Carlo et Ivan Provorov, des joueurs au statut semblable à celui d’Aho avant l’intervention du CH, sont toujours sans contrat. 

Waddell n’a pas eu à faire traîner les négociations avec sa jeune vedette. Par contre, la réaction du propriétaire Tom Dundon au flirt de son DG avec le Wild du Minnesota – Dundon a finalement consenti à lui offrir un contrat au milieu de l’été - confirme que le coup de poker de Marc Bergevin valait la peine d’être tenté.

Mais revenons à nos moutons. Marner, Point et Rantanen figuraient parmi les 20 premiers compteurs de la LNH l’an dernier. Laine et Connor sont deux des meilleurs ailiers des Jets de Winnipeg. McAvoy et Carlo constituent la moitié du top 4 des Bruins de Boston. Boeser est le meilleur buteur des Canucks lors des deux dernières saisons combinées. 

La pression sur les Maple Leafs a augmenté cette semaine. Mitch Marner aurait eu des discussions avec le club de Zurich, en Suisse, afin de commencer à s’y entraîner prochainement, a annoncé Darren Dreger, de TSN. 

L’entraîneur de l’Avangard d'Omsk, Bob Hartley, a confié sur les ondes du 91,9 Sports cette semaine avoir été approché par des agents de joueurs autonomes avec compensation. Hartley leur a répondu être intéressé seulement s’ils s’engageaient pour la saison complète. 

Selon plusieurs observateurs, les agents attendent le dénouement des négociations entre Marner et les Leafs pour fixer leur prix. Marner exigerait un contrat semblable à celui de son coéquipier Auston Matthews: 11,6 millions par saison pour cinq ans. Toronto voudrait retenir ses services pour longtemps: huit ans et 80 millions. 

J’en discutais ce matin avec le gestionnaire d’une équipe de la LNH, qui a demandé de garder l’anonymat. La situation actuelle ne le surprend guère. «C’est la même chose à chaque année, dit-il. Historiquement, tous les joueurs autonomes avec compensation sans droit à l’arbitrage ne signent jamais avant l’ouverture des camps d’entraînement ou presque. Qu’on pense à P.K. Subban ou Nikita Kucherov. La différence, c’est qu’il y a un plus grand nombre de joueurs dans cette situation cet été.»

Notre homme estime que leurs exigences salariales sont plus élevées en raison d’une hausse de productivité. «Les statistiques sont gonflées à l’hélium. Il y a plus de buts marqués dans la Ligue nationale et les points sont distribués de façon moins étendue au sein d’un même club parce que les équipes prolongent le temps d’utilisation des joueurs au sein de la première unité en supériorité numérique. Les marqueurs de 80 points aujourd’hui sont les marqueurs de 60 points d’il y a deux ou trois ans.» 

La situation demeure délicate pour plusieurs équipes. Et rater le début de saison en raison de négociations contractuelles ardues ne constitue jamais une bonne idée. William Nylander a connu un hiver difficile après avoir finalement signé son contrat le 1er décembre. Le jeune homme a marqué seulement sept buts et amassé 20 passes en 54 matchs. Il a obtenu quatre points à ses 20 premières rencontres avant de finalement trouver un certain rythme. 

Greg Wyshynski, d’ESPN, évoquait au début du mois l’hypocrisie du système. Les jeunes vedettes de la LNH n’ont rien de «libre», malgré le titre de leur statut. Elles sont par contre très limitées, comme le sous-entend l’expression en anglais «restricted free agent». 

Sebastian Aho n’aurait jamais pu jouer pour une autre équipe. Les Hurricanes ont vite égalé l’offre de 42,27 millions pour cinq ans du Canadien. Aho, le centre numéro un des Hurricanes, n’est pas plus malheureux pour autant, mais il n’a jamais été «libre» de changer de formation, seulement de signer un contrat avec l’ennemi, avant qu’on ne le déchire sept jours plus tard.

«Il n’y a pas de système parfait, répond notre interlocuteur. Changer de formule pourrait régler certains problèmes, mais en créerait sans doute plusieurs autres.»

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