Le Canadien a perdu un match important hier.

Il semblait en voie d'amasser au minimum un point avec trois minutes à faire en troisième période lorsque le défenseur Brett Kulak a pris une décision audacieuse.

Il a quitté sa pointe en zone adverse pour tenter de récupérer une rondelle libre le long de la bande.

Dans le hockey moderne, on demande aux défenseurs de s'impliquer offensivement pour soutenir l'attaque. Ce type de jeu, le «pinch», comme on le dit dans le jargon du hockey, est de plus en plus prisé.

Mais quand on le fait, le défenseur doit s'assurer d'avoir un attaquant pour protéger sa garde. Dans ce cas-ci, Jonathan Drouin et Andrew Shaw se trouvaient déjà profondément en zone offensive et Max Domi avait amorcé son élan pour rejoindre le disque.

Kulak a commis une erreur de jugement, compte tenu du score, de l'importance du point à préserver et de la position de ses coéquipiers sur la glace.

Il y a eu confusion entre Domi et lui, les Islanders ont récupéré la rondelle et marqué le but gagnant à la suite d'une contre-attaque à deux contre un.

Kulak rend de bons services au Canadien depuis son acquisition en début de saison pour deux défenseurs de Ligue américaine, mais il ne peut donner ce qu'il n'a pas.

Il a joué 21:44 hier contre les Islanders, le plus haut total après Jeff Petry. Kulak demeure pourtant un défenseur de troisième paire. À Calgary, l'an dernier, à sa première saison complète dans la LNH, à 24 ans, il jouait entre 9 et 14 minutes. Parfois un peu plus en de rares occasions.

Kulak avait été rayé de la formation à Anaheim. Il a marqué le but gagnant mardi contre Detroit, dans une performance en dents de scie. Kulak montre sur certains jeux une efficacité rare, mais semble lent à réagir en d'autres occasions. Il était sur la glace pour les trois buts accordés par le CH lors des deux derniers matchs.

Les entraîneurs ne semblent pas avoir confiance en Mike Reilly, un défenseur pourtant plus mobile, mais capable, lui aussi, de crampes au cerveau.

Jordie Benn demeure une solution temporaire pour colmater une brèche au sein du top 4. Alors, on utilise Kulak par défaut avec Jeff Petry. Et sa surutilisation peut mener à des erreurs de concentration comme celle d'hier soir.

Et quand l'équipe tire de l'arrière par un but avec trois minutes à faire, qui doit-on renvoyer sur la glace après la présence de Victor Mete en compagnie de Shea Weber? Kulak, dans l'espoir que jaillisse une étincelle offensive.

Le Canadien a déjà surpassé les attentes cette saison. Et il ne se bat pas à armes égales quand on le compare avec les clubs dans la lutte pour la dernière place disponible en séries.

Prenez les Blue Jackets de Columbus. Leur top 4 est composé de Zack Werenski, Seth Jones, David Savard et Ryan Murray. Quand ce dernier est blessé, Markus Nutivaara peut aisément accomplir la besogne.

En Caroline, Justin Faulk, Dougie Hamilton, Jacob Slavin et Brett Pesce forment le top 4. On a même le luxe chez les Hurricanes d'utiliser Calvin DeHaan, qu'on paye 4,5 millions par année, au sein de la troisième paire.

Qu'il participe ou non aux séries, le Canadien a bien entamé sa réinitialisation depuis l'été dernier. On a renfloué le centre et diversifié l'attaque.

Marc Bergevin est le premier à savoir que la clé du succès à moyen terme réside dans l'acquisition d'un autre défenseur gaucher de premier plan.

Victor Mete a confirmé sa place au sein de la première paire avec Shea Weber (et il vaut son pesant d'or en raison des limites physiques de Weber en ce moment), mais Claude Julien ne pourra continuer à jouer au yoyo l'an prochain avec des défenseurs marginaux pour compléter son top 4.

On ne se trompe généralement pas avec le prix payé pour obtenir des joueurs. Reilly a coûté un choix de cinquième ronde. Kulak, deux défenseurs qu'on ne verra probablement jamais dans la LNH. Benn a été obtenu pour un autre défenseur de troisième paire, Greg Pateryn. Christian Folin, qui fait du bon boulot dans un siège qui lui convient sur la troisième paire, est passé dans l'échange qui a envoyé David Schlemko et Byron Froese à Philadelphie pour Dale Weise et lui. En bref, on ne change pas une pierre en or.

Alex Romanov, 19 ans, demeure le meilleur espoir du côté gauche de la défense. Il vient de compléter avec succès une première saison dans la KHL au sein de la plus prestigieuse équipe là-bas. Il a brillé au Championnat mondial junior. Bergevin le dit même prêt à faire le saut dans la LNH sur le champ. Mais il est sous contrat avec le CSKA Moscou pour encore un an.

Jordan Harris, 18 ans, s'est établi au sein de la première paire de défenseurs à Northeastern, à sa première année dans la NCAA. Mais il lui faudra encore au moins une année collégiale, et sans doute une saison dans la Ligue américaine, avant qu'il ne soit prêt.

Noah Juulsen, présentement blessé, Josh Brook, déjà 72 points en 57 matchs dans les rangs juniors, et Cale Fleury, étonnant à sa première année à Laval, sont tous droitiers.

On le dit et on le répète, Marc Bergevin devra se mettre en mode chasse pour compléter son top 4 cet été. Deux ans après les départs d'Andrei Markov, Alexei Emelin et Nathan Beaulieu, à l'été 2017, on n'a toujours pas comblé les vides, après avoir accordé des essais à Joe Morrow, Mark Streit, Brandon Davidson, David Schlemko, Karl Alzner, Rinat Valiev, Jakub Jerabek, et maintenant Mike Reilly et Brett Kulak.

Un échange de l'envergure de celui de Max Domi ou de Jonathan Drouin pour l'acquisition cet été d'un défenseur gaucher de premier plan ne m'étonnerait guère. On le recommande même fortement.

À moins qu'on ne croit fermement dans le potentiel du coéquipier de Ryan Poehling à St. Cloud State, Jimmy Schuldt, un défenseur gaucher que des rumeurs envoient à Montréal une fois sa saison dans la NCAA terminée. Schuldt a amassé 31 points en 34 matchs cette saison et il est convoité par plusieurs équipes de la LNH. Mais Mike Reilly l'était lui aussi à la fin de sa carrière universitaire. Bémol important, il aura 24 ans en mai.

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