Le dossier le plus complexe de la Ligue nationale de hockey à l'heure actuelle appartient au DG des Blue Jackets de Colombus, Jarmo Kekalainen.

Les Blue Jackets sont dans la course pour une place en séries cette année encore, et leurs succès des dernières saisons reposent en grande partie sur les épaules de Sergei Bobrovsky, gagnant du trophée Vézina remis au meilleur gardien en 2013 et 2017.

On savait le lien fragile entre Bobrovsky et l'organisation. Le gardien russe a refusé cet été une prolongation de contrat à long terme et maintenu le flou quant à ses intentions le 1er juillet 2019, date à laquelle il deviendra joueur autonome sans compensation.

En coulisses, on citait les relations difficiles entre Bobrovsky et son entraîneur John Tortorella, un homme peu reconnu pour sa sensibilité envers les gardiens.

Bobrovsky n'aurait pas apprécié non plus une suggestion de Kekalainen après l'élimination de l'équipe en séries il y a deux ans: le DG aurait recommandé à son gardien d'être suivi par un psychologue sportif pour se débarrasser de sa guigne en éliminatoires.

Kekalainen a pris le pari d'entamer la saison avec Bobrovsky malgré tout. Avait-il le choix? Il n'y avait pas de solution de rechange à court terme et il se donnait l'hiver pour améliorer la relation ou encore trouver un marché pour son gardien.

L'affaire a pris une nouvelle tournure cette semaine. Bobrovsky a été retiré du match de mardi à Tampa Bay après avoir accordé un quatrième but au Lightning à mi-chemin en troisième période. Furieux, Bobrovsky aurait retraité directement au vestiaire et ne serait pas revenu sur le banc pour le reste du match.

Même Patrick Roy, lors de son algarade avec Mario Tremblay en plein match au Forum en 1995 était demeuré sur le banc, après s'être adressé au président de l'équipe Ronald Corey.

Mais revenons à Columbus. Les leaders de l'équipe l'auraient convoqué à un meeting improvisé sur le tarmac de l'aéroport pour lui signifier leur désapprobation, raconte le collègue Aaron Portzline, du site The Athletic.

Le lendemain, l'organisation a avisé Bobrovsky de ne pas se présenter pour le match contre les Predators de Nashville, présenté hier soir. On a rappelé le Québécois Jean-François Bérubé pour le remplacer.

Bobrovsky, 30 ans, connaît une saison inférieure à ses propres standards avec une fiche de 18-13-1, une moyenne de 2,87 et un taux d'arrêts de ,906. Mais il demeure un gardien de premier plan et s'était replacé récemment avec un taux d'arrêts de ,942 à ses huit matchs précédents.

On peut néanmoins comprendre ses coéquipiers et la direction de se sentir trahis. Et dans ce cas précis, on ne peut reprocher à Tortorella d'avoir été cruel à son endroit. L'entraîneur a expliqué avoir voulu lui donner un peu de repos puisque le match était désormais hors de portée des Jackets et que des affrontements contre Nashville et Washington les attendaient.

L'auxiliaire Joonas Korpisalo, 24 ans, a remporté la victoire hier contre Nashville. Il ne représente toutefois pas la solution. Sa moyenne en carrière frise les trois buts par rencontre et il n'a jamais disputé plus de 31 matchs en une saison.

Kekalainen doit rencontrer son gardien ce matin pour décider de son sort. Si le meeting se déroule bien, Bobrovsky pourrait s'entraîner avec l'équipe par la suite et même affronter les Capitals de Washington demain. Le problème demeurerait entier cependant. Même s'il reste, Columbus risque de le perdre sans rien obtenir en retour dès le 1er juillet.

Certaines équipes accueilleraient sans doute Bobrovsky à bras ouverts. Les Panthers de la Floride doivent préparer une relève à Roberto Luongo, 39 ans. À Chicago, l'avenir de Corey Crawford, ennuyé par les commotions cérébrales, est incertain.

Les Devils du New Jersey, les Sénateurs d'Ottawa, les Oilers d'Edmonton et les Hurricanes de la Caroline n'ont pas résolu leurs problèmes devant le filet. Les Flames de Calgary, malgré leur domination au classement, sont-ils convaincus du potentiel à long terme de David Rittich?

Au Colorado, rien ne va plus pour Semyon Varlamov, qui en outre deviendra lui aussi joueur autonome sans compensation à compter du 1er juillet.

Par ailleurs, Bobrovsky détient une clause de non-échange et peut refuser toute transaction. Accepterait-il un transfert à Ottawa ou au New Jersey. Et s'il le faisait, voudrait-il ensuite s'entendre avec eux avant l'ouverture du marché des joueurs autonomes?

Non seulement Kekalainen doit-il tenter d'obtenir des atouts intéressants en retour de son gardien, mais si Bobrovsky part, il doit aussi trouver un gardien de qualité en retour. D'où la complexité du dossier.

La solution passe peut-être par une autre vedette de l'équipe, Artemi Panarin, 27 ans, 47 points en 41 matchs. Panarin aussi aura droit à l'autonomie complète le 1er juillet et il a refusé jusqu'ici de s'engager à long terme avec l'équipe.

Kekalainen sera-t-il tenté d'offrir les deux afin de trouver une solution à ses problèmes?

En achetant la paix ce matin, le DG des Blue Jackets se donnera au moins quelques semaines, jusqu'à la date limite des échanges, le 25 février, pour trouver une solution.

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À LIRE

Triste défaite de 4-1, hier soir à St. Louis, qui écarte, du moins momentanément, le Canadien d'une place parmi les qualifiés en séries éliminatoires. Vrai que Karl Alzner n'a pas été si vilain à son retour au jeu hier soir, comme l'écrit Richard Labbé. Nicolas Deslauriers a probablement disputé son meilleur match de la saison. Mais le CH a besoin de ses vedettes offensives pour remporter des matchs. L'équipe a marqué sept maigres buts à ses cinq derniers matchs. Il serait temps de «brasser la soupe» comme on dit par chez-nous, et on se demande d'ailleurs pourquoi ça n'est pas déjà fait.