On a peut-être condamné Jeremy Colliton trop vite à Chicago. Le nouvel entraîneur des Blackhawks n'arrivait pas dans un contexte facile, lors de son embauche en novembre.

Sans aucune expérience à ce titre dans la LNH, il devait, à 33 ans seulement, remplacer une légende, Joel Quenneville, gagnant de trois Coupes Stanley lors des huit dernières années.

Ce jeune coach arrivait précédé d'une belle réputation, entre autres grâce aux exploits de ses équipes en Suède alors qu'il n'avait pas 30 ans, révélés par le collègue Jean-François Tremblay, mais le défi demeurait de taille avec cette équipe vieillissante.

Les Hawks ont perdu 13 de leurs 16 premiers matchs après son arrivée. Un rendement évidemment pire encore que celui de Quenneville avant son licenciement.

On n'a pas manqué de rappeler l'âge de Colliton, son inexpérience, le fait qu'il avait été repêché la même année que son gardien Corey Crawford et que son défenseur Brent Seabrook, qu'il était plus jeune que Duncan Keith, en bref, on regrettait déjà Quenneville.

Quelque part début décembre, le vent a tourné. Chicago a battu les Penguins 6-3, perdu en surtemps contre Winnipeg, puis rebondi après une humiliante défaite contre San Jose en remportant trois victoires successives contre Nashville, Dallas et Colorado.

À ses 15 derniers matchs, Chicago a perdu seulement quatre fois en temps règlementaire. Tout ça en l'absence du gardien numéro un, le Montréalais Corey Crawford, victime à nouveau des effets d'une commotion cérébrale.

Les Hawks peuvent même espérer revenir dans la lutte pour une place en séries. Ils se retrouvent désormais à six points des Ducks d'Anaheim et de la dernière place donnant accès aux éliminatoires, mais avec deux matchs de moins à jouer.

Le collègue Jimmy Greenfield, du quotidien Chicago Tribune, attribue une grande part des succès récents de l'équipe au sens de la communication du nouveau coach

Patrick Kane semble avoir épousé les concepts de son nouvel entraîneur. Il a 21 points à ses 12 derniers matchs. Même Jonathan Toews retrouve sa touche offensive. Il a 16 points à ses 14 derniers matchs.

Colliton a peut-être enfin trouvé les bonnes combinaisons de trios. Toews vit une renaissance entre Brandon Saad et Domink Kahun. Saad, qui avait coûté Artemi Panarin il y a deux ans, va un peu mieux lui aussi.

Acquis des Coyotes de l'Arizona le 25 novembre, Dylan Strome, troisième choix au total en 2015, est le centre attitré de Patrick Kane. Même s'il a été blanchi à ses deux derniers matchs, il a huit points à ses huit dernières rencontres.

Les Coyotes ont été moins chanceux puisque Nick Schmaltz, le jeune homme échangé pour Strome et Brendan Perlini, ratera le reste de la saison en raison d'une blessure au genou.

En défense, on assiste tranquillement à un changement de garde. Duncan Keith, 35 ans, qui jouait en moyenne 25:37 par match il y a deux ans et 23:50 l'an dernier, a vu son temps d'utilisation réduit à 22:37 cette saison.

Erik Gustafsson le remplace désormais au sein de la première unité en supériorité numérique. Ce défenseur de 26 ans vient au deuxième rang derrière Keith au chapitre de l'utilisation, 22:09, et pourrait le devancer à ce rythme d'ici la fin de la saison. Il a déjà 27 points en 43 matchs, en route vers une saison de 51 points.

Croyez-le ou non, ce défenseur suédois de 26 ans est un (autre) cadeau des Oilers. Repêché en quatrième ronde lors du repêchage de 2012 par Edmonton, le DG Peter Chiarelli ne lui a pas soumis d'offre de contrat malgré sa saison la plus prometteuse à Frolunda en 2014-2015. Chicago s'est empressé de lui faire une offre. À sa défense, Chiarelli venait d'entrer en poste quelques semaines plus tôt, mais on devine qu'il connaissait quand même les espoirs de son organisation. Un mois plus tard, Chiarelli cédait des choix de première et deuxième rondes aux Islanders pour le défenseur Griffin Reinhart...

Le jeune Henri Jokiharju, premier choix de l'équipe en 2017 (29e au total), fait aussi partie de cette transition en défense. Il a 19 ans à peine, vient de retrouver Duncan Keith au sein l'une des deux premières paires de l'équipe après avoir remporté la médaille d'or avec la Finlande au Championnat mondial junior.

Adam Boqvist, 18 ans, premier choix des Hawks en 2018 (8e au total), pourrait rejoindre l'équipe d'ici un an ou deux. Boqvist, que certains osent comparer à Erik Karlsson, a 26 points en 24 matchs à London dans la Ligue junior de l'Ontario.

Mais le DG Stan Bowman a un dilemme de taille ces prochaines années. En vertu de leur clause de non-mouvement, Duncan Keith et Brent Seabrook devront être inscrits sur la liste de protection de l'équipe en prévision du repêchage de l'élargissement des cadres en 2021.

Ça laisserait une seule place disponible pour Jokiharju et Gustafsson. Bowman devra donc tenter d'échanger Keith ou Seabrook ou encore racheter le contrat de l'un des deux. En raison de la structure de son contrat, un rachat n'apparaît pas compliqué dans le cas de Keith puisqu'il reste 9,7 millions à lui verser en salaire pour les quatre prochaines années.

Le cas Seabrook est un peu plus complexe en raison des bonis qui restent à lui verser. On libérerait une place pour le repêchage, mais on n'allégerait pas pour autant la masse salariale.

Devant le filet, Corey Crawford a été aperçu dans l'entourage des Blackhawks ces derniers jours. On ignore toujours la date de son retour. En attendant, Collin Delia, 24 ans, fait bien. Embauché à titre de joueur autonome à sa sortie des rangs collégiaux en juillet 2017, Delia a une fiche de 3-1-2, une moyenne de 2,49 et un taux d'arrêts de ,939.

La transition sera peut-être plus facile que prévue à Chicago, grâce à leur équipe de recruteurs professionnels et amateurs... Et à un jeune coach de 33 ans!

* * *

À LIRE


Claude Julien sera-t-il tenté de séparer Jonathan Drouin et Max Domi pour leur permettre de secouer leur léthargie? Un changement occasionnel n'est jamais mauvais. Richard Labbé nous en parle ici.