Plusieurs ont la mémoire courte.

En juin, Nick Boynton, un ancien robuste défenseur des Bruins, des Panthers et des Coyotes, a avoué songer souvent à la mort depuis sa retraite.

Boynton a la trouille de mourir en songeant à ses anciens camarades durs à cuire, Rick Rypien, Wade Belak, Derek Boogaard et Steve Montador décédés avant l'âge de 36 ans.

Ils souffraient tous comme lui d'anxiété, de dépression et de dépendance aux drogues de loisir ou thérapeutique.

Un autre ancien bagarreur, Daniel Carcillo, a déclaré dans la même semaine qu'il remettrait tout l'argent amassé au cours de sa carrière ainsi que son nom sur la Coupe Stanley en retour d'une vie normale. Carcillo s'est battu 103 fois dans la LNH au cours de sa carrière de neuf saisons.

Nicolas Deslauriers s'est fracturé deux os de la joue lundi soir dans un combat contre Brandon Baddock. Deslauriers a été contraint d'accepter de se battre parce que Baddock, un joueur marginal des ligues mineures de 6 pieds 4 pouces et 225 livres, l'a attaqué sans prévenir après une mise en échec pourtant légale.

L'attaquant du Canadien sera absent pour une période indéterminée, après avoir subi une intervention chirurgicale hier. On n'a pas évoqué de commotion cérébrale dans son cas, mais on devine que la puissance droite de Baddock en début de bagarre n'a pas été bénéfique au cerveau.

Cette blessure a relancé le débat sur la pertinence des bagarres dans la LNH. Même s'il y en a de moins en moins dans le hockey, une bande de résistants continuent à en faire l'apologie.

On pouvait entendre, ce matin, certains apôtres de la violence relancer le vieil argument de l'importance de maintenir les bagarres pour pacifier les joueurs les plus vicieux.

Pourtant, le combat entre Deslauriers et Baddock ressemble étrangement à la majorité des bagarres dans la LNH: deux durs à cuire qui se frottent ensemble sans avoir à défendre un coéquipier.

Alors à quoi servent les bagarres sinon fournir un exutoire à des spectateurs avides de violence gratuite?

Deslauriers, à sa décharge, peut jouer un rôle au sein d'une équipe de la LNH sans avoir à jeter les gants, à preuve, ses 10 buts en 58 matchs l'an dernier.

Il n'aurait pas eu à se battre. Sa combativité, ses mises en échec et ses buts, à l'occasion, suffiraient. Baddock, lui, n'a pas sa place dans le hockey moderne.

Heureusement, la culture du hockey évolue. Il y a eu seulement huit combats en séries l'an dernier, et aucun en finale. On est de plus en plus sensibilités aux dangers des commotions cérébrales. On n'entend plus personne claironner «qu'un coup de poing ne fait pas de dommages».

Il pourrait d'ailleurs y avoir un lien de cause à effet entre la montée en popularité de la LNH aux États-Unis et la diminution du nombre de bagarres au fil des ans puisque le hockey a mis beaucoup de temps à augmenter son noyau de fans au sud de la frontière.

Au tournoi des recrues, il y a dix jours, un règlement intéressant à été implanté: expulsion du match après deux bagarres. On n'a pas assisté aux foires propres aux tournois d'antan. Il y a eu un coup vicieux à l'endroit d'un défenseur du Canadien dans la deuxième rencontre. L'agresseur a été chassé du match sur le champ.

De nombreux anciens durs à cuire sont morts prématurément. D'autres, encore vivants, affirment qu'ils avaient la trouille de se battre et qu'ils s'y sentaient obligés.

Les études démontrent que les bagarres à poings nus sur la glace provoquent des dommages irréparables au cerveau.

La présence de pacificateurs ne contribue pas à protéger les vedettes puisque la plupart se battent entre eux.

Les bagarres ne font pas gagner la Coupe Stanley puisqu'il n'y en a presque pas en séries.

On n'éliminera jamais complètement les bagarres. Mais les protagonistes devraient être automatiquement expulsés de la rencontre après un combat.

Que faut-il de plus pour faire comprendre aux derniers irréductibles le gros bon sens?