Le patron de l'entreprise de sécurité privée G4S, incapable de fournir son contingent de gardiens pour les JO, a été contraint de faire amende honorable devant les députés britanniques mardi à dix jours des Jeux, une affaire traitée comme un fiasco par la presse.

Convoqué par des députés pour s'expliquer, le directeur général de G4S, Nick Buckles, a reconnu que la défaillance de son entreprise était une «pagaille humiliante».

Chaque jour ou presque apporte son lot de révélations sur l'incapacité de G4S, une société britannique de 660 000 salariés dans le monde, à remplir son contrat consistant à fournir 10 400 gardiens pour les JO.

La semaine dernière, l'État avait dû venir à la rescousse en mobilisant en catastrophe 3.500 soldats supplémentaires. Au total, ce sont 17 000 militaires qui seront à pied d'oeuvre pour les JO, dans le cadre du plus grand dispositif de sécurité mis en place en temps de paix au Royaume-Uni avec 40 000 hommes mobilisés.

Lundi, l'information a filtré que plusieurs centaines de policiers supplémentaires avaient été appelés pour pallier là encore la défaillance de G4S.

Et mardi, Nick Buckles, devant des députés qui le bombardaient de questions, a concédé que seulement 4200 des 10 000 gardiens que G4S s'était engagé à fournir étaient d'ores et déjà à pied d'oeuvre.

Impression d'improvisation

Il espère fournir 7000 vigiles d'ici les Jeux, mais a reconnu ne pas être certain que les personnels formés par son entreprise pointeraient le jour venu. Le taux de présence est «normalement de 90%», a-t-il expliqué, ajoutant à l'impression d'improvisation.

Le gouvernement a lui multiplié les déclarations rassurantes sur le dispositif de sécurité, expliquant avoir des «plans de secours» pour toutes les situations. Le sujet est d'autant plus sensible que la capitale britannique avait été visée par des attentats qui avaient fait 56 morts le 7 juillet 2005, au lendemain de l'annonce de l'attribution des JO à Londres.

Autre sujet d'embarras pour le gouvernement: l'agence chargée du contrôle des frontières, déjà montrée du doigt ces derniers mois pour les files d'attente interminables à l'aéroport d'Heathrow, a supprimé trop de postes dans le cadre du projet gouvernemental d'austérité, selon un rapport rendu public mardi.

Elle a du coup été contrainte d'embaucher du personnel intérimaire pour faire face à la surcharge de travail au moment des JO.

Dans ce contexte, presque la moitié des Britanniques (45%) jugent leur pays mal préparé pour accueillir les JO, selon un sondage. Deux Britanniques sur cinq (39%) se disent en outre inquiets à propos de la sécurité des Jeux, contre 45% qui ne le sont pas.

Chute de 17% en bourse

Le fiasco de G4S - qui a valu à l'action de l'entreprise de chuter de 17,3% en une semaine à la Bourse de Londres - alimente les colonnes des journaux britanniques, qui dénoncent le flottement en matière de sécurité mais aussi dans les transports, autre point faible des JO.

«Le désordre dans le domaine de la sécurité est de pire en pire» sans parler du «chaos sur la route à l'arrivée des athlètes», titrait le Sun mardi, au lendemain de l'arrivée à Londres des premiers sportifs.

«La sécurité olympique est une "débâcle"», renchérissait le Telegraph, reprenant les propos d'un secrétaire d'État à la Défense, Andrew Robathan. Le journal raconte aussi l'errance d'athlètes dans un «bus perdu».

Le président du Comité d'organisation des jeux Olympiques de Londres (Locog), Sebastian Coe, a relativisé le tweet agacé envoyé par l'athlète américain Kerron Clement.

Son bus a accusé «un retard de deux heures et demi» et non pas quatre comme indiqué par l'intéressé, a rectifié Sebastian Coe. «Un chauffeur a raté une sortie. Sur 100 bus, c'est une chose qui peut arriver!»

Sur le même ton, le maire de Londres, Boris Johnson, a prévenu qu'il y aurait des «imperfections et des choses qui ne se passeront pas comme prévu» compte tenu de la tâche «gigantesque» que représente l'organisation des JO.

Interrogé, le département d'Etat américain a indiqué que les États-Unis enverraient à Londres une «poignée d'agents de liaison et d'agents de sûreté diplomatique» et que Washington faisait «totalement confiance aux autorités du Royaume-Uni pour assurer la sécurité pendant les jeux Olympiques».