À l'automne 2008, Émilie Heymans savait qu'elle faisait un pari en délaissant la tour, qui lui avait valu un titre mondial et une médaille d'argent olympique, pour embrasser le tremplin de 3 mètres. Peut-être pas au point où sa qualification pour les Jeux de Londres serait menacée par une recrue de 19 ans.

Pamela Ware a grandi en admirant les exploits d'Heymans, à laquelle elle voue le plus grand respect. Samedi, à la piscine du Centre sportif du Parc olympique, la plongeuse de Beloeil tentera néanmoins de devancer la triple médaillée olympique pour le dernier poste disponible au 3 m. Déjà qualifiée en synchro avec Jennifer Abel, Heymans fera tout pour gagner sa place pour ce qui sera sa dernière occasion de concourir individuellement aux JO.

Avant la dernière étape d'un processus de qualification amorcé en juillet, aux Mondiaux de Shanghai, Heymans et Ware sont nez à nez. Comme Abel, médaillée de bronze en Chine, est déjà qualifiée, seule la gagnante des essais sera choisie par Plongeon Canada.

Heymans, 30 ans, n'a jamais été en mesure d'améliorer son sort après sa quatrième place en demi-finale aux Championnats du monde (elle avait abouti au 12e rang en finale). À peine sortie des rangs juniors, Ware a pour sa part causé une surprise de taille en atteignant le quatrième rang à la Coupe du monde FINA de Londres, en février. Son pointage lui a permis de rattraper Heymans.

«Pamela a rendu la lutte pour la deuxième place beaucoup plus serrée que ce à quoi on s'attendait», a reconnu Mitch Geller, le directeur technique de Plongeon Canada, en marge d'un entraînement jeudi. «On pensait que c'était possible, mais elle s'est établie de façon si marquante à la Coupe du monde et on a ensuite vu à quel point elle était forte à la Coupe Canada (ndlr: médaille d'argent). Ça a donc été une surprise agréable.»

Championne panaméricaine junior l'an dernier, Ware a pris les grands moyens pour franchir l'étape suivante en modifiant deux plongeons en début de saison. Ses plongeons avants et retournés sont dorénavant carpés plutôt que groupés, ce qui lui procure de plus grands coefficients de difficulté... et la distingue d'Heymans.

«Ce n'est pas le plus grand facteur qui les différencie, croit cependant Geller. La grande différence est que Pamela démontre plus de puissance et est moins précise dans ses entrées à l'eau. Alors qu'Émilie, à son meilleur, est une plongeuse extrêmement élégante, avec une finition spectaculaire. Pour l'heure, on a vu une plus grande constance de la part de Pamela. Mais le potentiel de pointage pour chaque plongeon, pris individuellement, est plus grand pour Émilie.»

Le format de la compétition, où le pointage des préliminaires est conservé jusqu'en finale, pourrait avantager Ware, croit Geller.

En revanche, Heymans possède une expérience de trois Jeux olympiques, où elle est chaque fois montée sur le podium, six championnats du monde et plus d'une centaine de compétitions internationales.

La lutte promet d'être serrée et Geller est heureux de laisser aux sept juges le soin d'en décider l'issue. «On ne serait pas en mesure de prendre une décision à leur sujet. Elles sont trop près l'une de l'autre et ont des attributs très, très différents. Vraiment, c'est la qualité versus la constance.»

En cette période de haute tension, Heymans et Ware n'étaient pas disponibles pour des entrevues jeudi, comme le reste de leurs collègues participant aux essais olympiques. Les autres batailles pour les rares places disponibles s'annoncent aussi féroces.

Benfeito devra se méfier

À la tour féminine de 10 mètres, où deux postes sont ouverts, Meaghan Benfeito détient quelques points d'avance (cinq). Mais la quatrième des derniers Mondiaux devra néanmoins se méfier de son amie Roseline Filion (deux points), Carol-Ann Ware, la soeur aînée de Pamela, et Rachel Kemp, qui l'ont toutes devancée à la Coupe Canada au début mai à Montréal.

Au 3 m masculin, un duel se dessine entre l'olympien Reuben Ross et le jeune François Imbeau-Dulac, qui se sont livré une chaude lutte toute l'année et qui sont tous les deux entraînés par Aaron Dziver. Ce dernier a d'ailleurs commencé à préparer son discours postcompétition, où les émotions seront forcément partagées...

Enfin, au 10 m masculin, Riley McCormick part favori face à trois rivaux annoncés, Eric Sehn, Kevin Geyson et le Québécois Maxim Bouchard.

Les places pour les trois équipes de synchro ont déjà été attribuées.

Déjà qualifié au 3 m individuel et synchro, Alexandre Despatie est venu faire son tour à la piscine, l'air aussi détendu qu'Abel.

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L'HORAIRE

SAMEDI

> Ronde préliminaire 3 m fém., 10h

> Ronde prél. 10 m masc., 12h20

> Finale 3 m féminin , 14h20

> Finale 10 m masculin, 15h40

DIMANCHE

> Ronde préliminaire 3 m masc., 10h

> Ronde prél. 10 m fém., 12h25

> Finale 3 m masculin, 14h15

> Finale 10 m féminin, 15h35