(Val d’Isère) Val d’Isère organise ce week-end son Critérium de la première neige, traditionnelle étape française de Coupe du monde de ski alpin, mais digère mal que ses pistes mythiques soient écartées du projet des Alpes françaises pour les Jeux olympiques d’hiver 2030.

Il y a deux pistes de ski qui comptent à Val d’Isère. L’abrupte face de Bellevarde, redoutée des meilleurs skieurs du monde qui l’affrontent chaque année en Coupe du monde, et la piste Oreiller-Killy, théâtre de compétitions internationales depuis 1968 et qui porte le nom de deux enfants du pays devenus champions olympiques et légendes de leur sport.

Alors forcément, quand le maire de la station savoyarde Patrick Martin a appris la semaine dernière que Val d’Isère avait été écartée du projet olympique des Alpes françaises, il n’a pas compris, car pour lui : « le ski de compétition, c’est ici ».

Le 29 novembre, comme tous les habitants de la station, il avait accueilli avec joie la décision du Comité international olympique (CIO) de retenir uniquement le dossier français pour la phase de « dialogue ciblé », étape clé avant l’attribution officielle des premiers Jeux d’hiver en France depuis Albertville en 1992.

« On était heureux », affirme l’édile qui pensait encore que Val d’Isère accueillerait les épreuves de slalom. Il déchantera 48 heures plus tard avec un « coup de fil de Laurent Wauquiez », le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes lui expliquant alors que « le CIO demande un regroupement des sites et que donc Val d’Isère et Isola 2000 » avaient été retirés du projet.

« Chargée d’histoire »

Même si rien n’est encore figé, la désillusion gâche un peu la fête alors que Val d’Isère accueille samedi et dimanche la Coupe du monde masculine de ski alpin, avant de recevoir les femmes le week-end suivant.

« Ça a été une super nouvelle de savoir qu’il y avait les Jeux en France », a assuré jeudi le champion olympique de slalom, Clément Noël. Mais pour ce Vosgien d’origine, très attaché à Val d’Isère depuis qu’il y a passé plusieurs années à l’adolescence, « ça me rend un peu triste que tout ait été déplacé à Courchevel ».

Selon la dernière « étude de faisabilité » du CIO, les stations de Courchevel et de Méribel, hôtes en février des championnats du monde, concentreraient toutes les épreuves de ski alpin.

« Pour moi, la station qui a le plus d’histoire, c’est Val d’Isère », estime Clément Noël. « (Jean-Claude) Killy, (Henri) Oreiller, les sœurs (Christine et Marielle) Goitschel… On ne peut même pas tout citer tellement Val d’Isère est chargée d’histoire pour le ski. »

Jean-Claude Killy, triple champion olympique à Grenoble en 1968, s’était d’ailleurs insurgé samedi du retrait de sa station du dispositif olympique, estimant qu’on jetait ainsi « un pan entier de l’histoire du ski de compétition. »

Pas définitif

« Pour l’histoire, oui c’est triste », reconnaît aussi Alexis Pinturault. Mais pour le skieur de Courchevel, « ça a un peu plus de sens de faire comme ça a été fait » puisque Courchevel et Méribel sont deux stations voisines, ce qui réduit considérablement les problèmes de transports notamment.

Pour le CIO, les enjeux sont d’abord logistiques. « Chaque fois qu’on arrive à regrouper les activités en pôles, on peut mutualiser les moyens avec trois objectifs : la simplicité opérationnelle, la baisse des coûts, l’expérience des athlètes », avait justifié lundi à l’AFP Christophe Dubi, directeur exécutif des JO au CIO.

« Ce n’est certainement pas à nous de faire le choix des sites et si les futurs organisateurs nous disent “C’est ce dispositif-là et pas un autre”, on ne va pas s’y opposer », avait-il toutefois ajouté.

Pour le maire Patrick Martin, tout n’est donc pas encore totalement perdu. « Laurent Wauquiez m’a dit qu’il y avait 90 % de chance (que Val d’Isère soit écartée, NDLR). Je vais continuer à me battre », assure-t-il alors que M. Wauquiez est attendu dans la station samedi.

« Je veux juste faire partie du tour de table qui discute du projet », affirme-t-il encore. « Là, on a l’impression que la conversation est déjà terminée ».

Val d’Isère n’a donc pas dit son dernier mot. Au pied de la face de Bellevarde jeudi soir, les cinq anneaux olympiques étaient projetés sur le sol enneigé… comme un message à faire passer ?